Après les marches racistes, Ajaccio reste toujours sous tension

Le racisme primaire de centaines d'extrémistes en Corse s'est fait entendre ce week-end.
Le racisme primaire de centaines d'extrémistes en Corse s'est fait entendre ce week-end.

Les forces de l'ordre restaient mobilisées dimanche à Ajaccio où les manifestations sont désormais interdites dans un quartier populaire de la ville à la suite de deux journées de tensions consécutives à l'agression de deux pompiers et d'un policier.

Le préfet de Corse a annoncé samedi soir avoir pris un arrêté pour interdire les rassemblements dans le périmètre des Jardins de l'Empereur, une cité des hauteurs d'Ajaccio où les violences sont survenues. A la suite du "guet-apens", selon la préfecture, dont ont été victimes des pompiers et policiers intervenus durant le réveillon de Noël pour un incendie allumé à dessein dans ce quartier, des manifestants ont saccagé dans la nuit de vendredi à samedi une salle de prière musulmane.

Lors de rassemblements sous tension vendredi et samedi, les manifestants ont scandé pour certains "Arabi fora!" ("Les Arabes dehors!") ou "On est chez nous!", encadrés par des gendarmes mobiles et des CRS. Des manifestants expliquaient vouloir identifier et retrouver les auteurs de l'agression.

Une délégation a été reçue samedi soir par le préfet de Corse, Christophe Mirmand.

"Nous, on a fait ce que l'on avait à faire dans les quartiers. Maintenant, on a donné le bébé au préfet. On attend les résultats. S'il n'y en a pas, on sera toujours là", a déclaré sur France 3 Corse l'un des membres de la délégation, Antoine Carlotti.

La Ligue des droits de l'homme inquiète

Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet d'Ajaccio, l'une pour identifier les agresseurs présumés des pompiers, l'autre pour identifier les auteurs des dégradations dans le quartier des Jardins de l'Empereur. Christophe Mirmand a souhaité dimanche que l'arrêté préfectoral d'interdiction de manifester, pris dans le cadre du régime national de l'état d'urgence, soit "suivi d'effets".

"Je souhaite (...) qu'il n'y ait pas d'autres manifestations comme elles se sont déroulées dans les deux derniers jours parce que les propos qu'on y a entendus, (...) les menaces qui ont été proférées à l'encontre d'une partie de la population ne sont pas acceptables", a-t-il dit sur BFM TV.

"Il faut que la police nationale soit mobilisée sur ses missions. Celle d'assurer la tranquillité publique, dans ce quartier comme dans les autres quartiers d'Ajaccio, parce qu'il est important qu'elle puisse travailler normalement", a-t-il ajouté.

La Ligue des droits de l'Homme a exprimé samedi "sa solidarité envers les victimes de ces différentes agressions." "Dans un cas comme dans l’autre, il revient à la justice d’établir la responsabilité de ceux qui ont commis ces actes", souligne-t-elle dans un communiqué. "La LDH veut également dire son inquiétude devant la répétition d’agitations à caractère raciste et xénophobe. Elle en appelle à la vigilance des forces démocratiques."

Le nouveau président de l'Assemblée de Corse, le nationaliste Jean-Guy Talamoni, s'est alarmé dimanche sur BFM TV de la situation de quartiers "en déshérence" sur l'île, comme en métropole. "C'est une évolution qui nous inquiète considérablement", a-t-il commenté.

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a assuré samedi sur Twitter que "la lumière sera[it] faite" sur l'ensemble des faits. "Les auteurs en répondront, ainsi sont nos règles de droit et de vie commune, partout", écrit-elle.

Le Premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avaient dénoncé vendredi des faits "intolérables". "Quand les citoyens ont le sentiment légitime que l'Etat ne fait plus régner l'ordre républicain, quand ils voient des pompiers et des policiers pris en embuscade dans un des innombrables ghettos que compte la France, il y a le risque évident qu'ils veuillent se faire justice eux-mêmes", a jugé pour sa part le Front national dans un communiqué.

Le chef de file des députés Les Républicains, Christian Jacob, a demandé dimanche au ministre de l'Intérieur de "faire la transparence sur la hiérarchie des ordres qui ont été donnés" lors des incidents.

"Qui a donné des instructions au préfet? A quel moment ? De quelle façon se sont passées les choses?" s'est-il interrogé dans le cadre du "Grand Rendez-Vous" Europe 1-Le Monde-iTELE.

"En Corse, on est en République française, et à partir de là, les quartiers de non-droit ne doivent pas exister, et c'est l'autorité de l'Etat qui doit être réaffirmée le plus rapidement possible", a-t-il dit, regrettant que les forces de l'ordre ne soient pas intervenues "plus tôt".

Reuters

Lire aussi : "Les Arabes dehors !" crient des manifestants racistes en Corse

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Bachir Ariouat

C'est vrai, Allah est grand pour les ignares qui vivent au pays, c'est pas votre faute, le pouvoir en place fait pour que votre lecture soit orienter uniquement vers le paradis et les paroles d'Ibn HANBAL.