Hocine Aït Ahmed, l'engagement d'un révolutionnaire
C’est avec tristesse que nous venons d’apprendre le décès cet après midi de Hocine Ait Ahmed en Suisse après avoir consacré sa vie à la construction du mouvement nationaliste algérien, à l'indépendance de son pays et à l'édification d'une Algérie libre et démocratique.
Un homme aux convictions imperturbables et au parcours politique extraordinairement complexe. L'engagement politique pour son pays est sans faille depuis son très jeune âge. Son engagement et son intelligence politique lui ont valu un harcèlement policier sans relâche; il est resté traumatisé par la répression policière aussi bien pendant le mouvement national et la guerre d'Algérie que durant la période postindépendance.
La nouvelle de son décès nous a atterrés. Nos premières pensées vont à sa famille, à ses proches et à ses amis dans la peine pour leur exprimer notre plus vive sympathie. Aux amis et camarades du FFS qu’il a fondé et animé avec tant d’ardeur, nous exprimons notre solidarité attristée. Désormais, les luttes pour la démocratie, l'élection d'une assemblée constituante, et le respect de la dignité humaine seront pour nous inséparables de sa mémoire. Continuer ce combat politique qu'il a entrepris dès le début des années 1940 dans le cadre du mouvement nationaliste et prendre exemple sur son engagement pour notre action, me paraissent les meilleurs moyens de lui rendre l’hommage que nous lui devons.
Nationaliste de la première heure, engagé au sein du PPA-MTLD dès le début des années 1940, il est l’un des 9 chefs «historiques» qui organisèrent le déclenchement de l’insurrection le 1er novembre 1954. Ancien responsable national de l’organisation spéciale (OS) du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques qui devait donner naissance au FLN. Membre du Conseil National de la Révolution (CNRA) et Ministre d’État du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), il représente l’Algérie en guerre à la conférence de Bandung (en 1955) puis aux Nations Unis à New Work. Arrêté en 1956 par l’armée française en même temps que d’autres chefs historiques (Khider, Boudiaf, Lacheraf, Ben Bella) lors de l’interception de l’avion qui devait les conduire à Tunis.
Libéré en 1962, après le cessez le feu, il tente une expérience d’opposition légaliste au sein de la première Assemblée. Après l’échec de cette tentative, il fonde le Front des Forces Socialistes le 29 septembre 1963. Arrêté le 17 octobre 1964, il sera condamné à mort puis gracié et s’évade de la prison d’El Harrach à Alger le 1er mai 1966. Il poursuit depuis l’exil son combat pour l’instauration d’un régime démocratique en Algérie.
Après l’ouverture du champ politique en 1989, il rentre en Algérie en décembre de la même année. Il organise avec le FFS de nombreuses activités politiques et notamment la marche historique du 2 janvier 1991 à Alger pour empêcher l’annulation du 2e tour des premières élections législatives pluralistes auxquelles le FFS a pris part et s ‘est classé deuxième derrière le FIS. L’armée a finalement annulé cette élection et a organisé la vacance de toutes institutions en mettant en place un Haut Comité d’État à sa tête Boudiaf qui sera assassiné le 29 juin 1992 par sa garde rapprochée.
Le champ politique est de nouveau fermé, les assassinats d’intellectuels, hommes politiques, journalistes, artistes mais aussi de simples citoyens ont atteint un rythme effrayant. Hocine Ait Ahmed est contraint de nouveau à l’exil. Âgé et malade, il s'est retiré de la vie politique depuis le dernier congrès du FFS.
Tahar Khalfoune
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