Le mépris souverain du régent
L’année 2015 se termine donc dans l’anxiété, l’amnésie et une espèce d’hypocrisie dans laquelle se réfugie un peu tout le monde. On a la désagréable impression que personne ne veut regarder les choses en face, à lire la lettre de ces braves députés au président Bouteflika, lui demandant de ne pas signer la loi de finances "antisociale, antidémocratique et antinationale", disent-ils, précisant, à l’endroit du chef de l’État que ce texte est l’œuvre des lobbies qui se sont infiltrés dans les institutions de l’État et qui auraient utilisé des méthodes antidémocratiques et anticonstitutionnelles utilisées pour imposer ce projet de Loi de finances à la nation.
Par Mohamed Benchicou
"Nous avons dans le détail expliqué comment les responsables de l’APN ont enfreint le règlement intérieur, notamment la loi organique 02-99 dont est inspiré le règlement intérieur, pour faire passer la Loi de finances 2016", note l’un des signataires.
Ainsi donc, nos parlementaires ont entrepris de demander à un homme qui a, durant toute sa carrière, fait usage de "méthodes antidémocratiques et anticonstitutionnelles" pour arriver au pouvoir et, surtout, s’y maintenir, de s’opposer à un texte législatif sous le prétexte qu’il résultait de procédés que lui-même a toujours mis en œuvre. Et avec panache, si on se réfère au guignolesque épisode de "la justice de la nuit" pour disqualifier Ali Benflis de la présidentielle de 2004 ou, plus récemment, pour imposer Amar Saadani à la tête du FLN, en faisant désavouer publiquement le Conseil d’État, autorité judiciaire suprême, par une simple chambre administrative.
Aussi, prétendre "sensibiliser" ce président sur le sort fait à la Constitution, revient-il à oublier que Bouteflika n’attache aucun respect au texte fondamental du pays comme d’ailleurs à toute la batterie de lois et décisions votées durant sa "traversée du désert". Avons-nous oublié que c’est cet homme-là qui a remanié la Constitution de 1996 pour rétablir le pouvoir à vie ?
Mme Bitat a raison de rappeler que cette Constitution-là, née au cœur d’une époque terrible qui a coûté au pays des milliers de morts, est le fruit d’un "effort colossal de reconstruction nationale et patriotique". En ces années 1995-1998, l’Algérie se remettait debout, la société retrouvait confiance en elle-même après avoir bravé le GIA et élu massivement le général Liamine Zeroual malgré les mises en garde de l’organisation terroriste qui menaçait de s’en prendre aux citoyens qui se rendraient aux urnes. C’était le temps où Zeroual refusait de serrer la main de Jacques Chirac, au siège de l’ONU, après des propos du président français jugés inconvenants par l’Algérie. L’État, en dépit de tout, n’avait pas capitulé devant l’islamisme comme le recommandait la plateforme de Sant Egidio.
C’est cette Algérie renaissante, qui se remettait en mouvement, qu’il a fallu briser. La démission de Zeroual et "l’élection" de Bouteflika apparaissent aujourd’hui de plus en plus nettement comme le résultat d’une conspiration mijotée à l’intérieur et à l’extérieur par des groupes de pression qui voulaient avoir LEUR président. Abdelaziz Bouteflika ne gouverne pas. Il exerce le pouvoir. Ça lui suffit. Il a démantelé l’État zéroualien qu’il avait trouvé sans réussir à le remplacer par un autre. Toute la politique de Bouteflika consiste à se mettre au service des forces qui l’ont aidé à revenir au pouvoir, parmi lesquelles les barons de l’informel, la pègre pétrolière internationale, des monarchies arabes et des capitales occidentales.
Cet homme est conscient de tout ce qui se déroule aujourd’hui sur la scène nationale. Il n’est nul besoin, messieurs les députés, de lui rappeler dans une lettre, que des lobbies siphonnent les recettes de l’État et noyautent les institutions nationales. Il a été élu pour ça. Bouteflika va signer la Loi de finances dont il n’ignore rien. Il faut cesser de solliciter son arbitrage pour des catastrophes dont il est comptable (1). Réfléchissons plutôt à reconstituer une terre qui part en lambeaux.
M. B.
(1) La prochaine chronique portera sur la responsabilité de Bouteflika dans la crise économique qui étrangle l’Algérie aujourd’hui.
Commentaires (7) | Réagir ?
Qu'avons nous fait au bon Dieu, pour mériter un régime pareil. La nature est contre nous, pas de pluie, pas de neige, le prix du baril de pétrole, en chute libre, une scène politique délétère, les insultes fusent de partout, les corrompus montent au créneau, rassurés de leurs impunité, aprés le démantélement des services de renséignements
Bouteflika est au courant de tout ce qui se fait et dont plus de 90% (en étant pessimiste) se concoit, se fait et s'éxecute de ses propres décisions adressées en ordres manu militari à ses seviles personnages actuels de l'état.
Croire en une incapacité de Bouteflika, son encerclement par d'autres devient un mensonge grossier et éhonté de tous ceux qui s'improvisent actuellement dans la politique politicienne abartadie à des seuils jamais atteints de par le monde.
Osez impudemment adresser des lettres à un pseudo arbitre qualifié de moudjahid et autre flagornerie de mauvais gout, revient tout simplement à disqualifier définitivement les auteurs de ces missives loufoques, car ayant mangés et bouffés depuis quinze années à la marmite Bouteflikienne.
Tant mieux et cela permettra la disqualification définitive de ces coqus et poules de circonstances, dont les déclarations ne demeurent que des "piaillements" aux oreilles de l'algérien lambda, et pire, un amusement des chancelleries étrangères, arabes ou arabes, certains services occidentaux ont un listing détaillé de tous ceux et celles qui gravitent dans la double imposture du pouvoir et de l'opposition circonstancielle.
Tard pour remembree les "lambeaux " de ce pays, impossible d'éviter la fracturation violente qui arrive à trés grandes enjambées, car perdant tout sens des valeurs ce pays est destiné à des électrochocs salvateurs mais destructeurs.
Cela est une équation dialectique qu'aucune artifice du pouvoir actuel (réformes et constitution....) ou protection étrangère interessée, ne pourront stopper la descente aux enfers.
Un jeu d'horloge à comptabiliser les heures, les jours et les semaines qui s'écoulent avec un éloignement de remembrement des "lambeaux" de ce peuple et terre d'algérie.
La fracturation régionaliste est mortelle au sein des populations, l'auto-euthanasie institutionnelle et le déliquescence de la justice et des policede fakhamatouhou sont autant de métastases du stade terminal d'un cancer mortel.
Ceux qui croient ou font semblant de croire en un virtuel rémembrement de la communauté nationale, ont peur et trés angoissé (e) s par le choc frontal des tornades, apocalypse national tel sera la finale du pouvoir de Bouteflika.
Tout le reste est mensonges et simulacres, l'algérie fera un dérapage incontrolé spectaculaire et qui durera bien des années avec son lot des tragédies, quelle malédiction cette paysannerie au pouvoir au sens sociologique du terme, une classe aliénée à la terre, et aux croyances tribales et charlatanesques ne peut constituer un Etat.
Diagnostic trés grave et pronostic sombre, alors qu'ils continuent à jouer entre eux jusqu'au jour J et l'heure H ou les jeux deviendront trés vilains de manière multilatérale.
Bouteflika, sa famille, sa police, son parlement, sa diplomatie, ses finances et son armée sont responsables du désastre national.
Bien sur Bouteflika en premier, alors en quoi les frétillements des 19 - 4 ou les 90 opportunistes députés de l'opposition des conforts vont changer la donne finale.