Condoleezza Rice commence une visite historique en Libye avant de venir à Alger
Condoleezza Rice a entamé, vendredi 5 septembre, sa tournée maghrébine par une visite historique en Libye où elle arrivée il y a quelques heures. Elle a commencé vendredi soir ses entretiens avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, lors de la première visite d'un secrétaire d'Etat américain en Libye depuis 55 ans, a constaté une journaliste de l'AFP
La rencontre a eu lieu avec une heure de retard à la résidence du colonel Kadhafi à Tripoli, Bal al Azizia, un complexe où sa fille adoptive avait été tuée dans un bombardement américain en 1986 sous l'administration du président Ronald Reagan.
Le dirigeant libyen portait une tenue blanche et une écharpe au motif africain. Il a serré la main des autres membres de la délégation américaine mais pas celle de Mme Rice, qu'il a saluée la main sur le coeur.
"C'est un moment historique", avait déclaré Mme Rice de sa rencontre prévue avec le dirigeant libyen, jadis bête noire de Washington, avant de se rendre à Tripoli.
Ce sera la première visite d'un secrétaire d'État américain en Libye depuis celle qu'avait effectuée John Foster Dulles en 1953.
Durant cette tournée qui durera du 4 au 7 septembre, Mme Rice se rendra également, après la Libye, en Algérie, en Tunisie et au Maroc.
A Alger, la secrétaire d’État américaine s’entretiendra demain avec le président Abdelaziz Bouteflika notamment de la lutte contre le terrorisme, survient après une série d’attentats qui a fait une centaine de morts.
Cette visite en Libye, la première d'un chef de diplomatie américaine depuis cinquante-cinq ans, confirme le réchauffement des relations entre Washington et Tripoli. "C'est un moment historique", a ainsi déclaré Mme Rice avant son arrivée, confiant même aux journalistes l'accompagnant : "Très franchement, je n'avais jamais pensé que je me rendrais en visite en Libye, c'est vraiment quelque chose." Et d'ajouter : "C'est un début, une ouverture, ce n'est pas la fin de l'histoire."
La visite de Mme Rice scelle le retour de la Libye sur la scène internationale, et signe le succès de la nouvelle diplomatie conciliante de Tripoli. Mais après des dizaines d'années de rapports conflictuels, le Guide de la révolution reste sur ses gardes. "Nous n'avons pas d'intérêt à être en conflit avec les Etats-Unis. Mais nous n'acceptons pas non plus de nous soumettre à eux", a-t-il ainsi déclaré lundi. Et d'ajouter : "Tout ce que nous voulons, c'est qu'ils nous laissent tranquilles."
PAS D'"ENNEMIS PERMANENTS"
La secrétaire d'Etat s'est pour sa part dite impatiente de rencontrer le colonel Kadhafi, pour évoquer notamment le conflit du Darfour et le rôle "important" que la Libye peut y jouer. Autre objectif de sa visite : parvenir à des accords d'échange dans les domaines de l'éducation et de la culture, et discuter de la coopération militaire entre les deux pays. La secrétaire d'Etat américaine, dont le déplacement suscite la polémique aux Etats-Unis, devrait par ailleurs soulever la question des droits de l'homme et inviter son hôte à mettre en œuvre l'accord signé le 14 août. Celui-ci prévoit l'indemnisation des victimes américaines et libyennes du conflit entre les deux pays dans les années 1980.
Surtout, Condoleezza Rice entend, avec cette visite, envoyer un signal à l'Iran et à la Corée du Nord, en leur montrant les bénéfices diplomatiques récoltés par un Etat qui a renoncé à ses armes de destruction massive. Rompues en 1981 en raison du soutien présumé de la Libye au terrorisme, les relations entre Washington et Tripoli n'ont en effet été rétablies qu'en 2004, après l'annonce par M. Kadhafi que son pays renonçait à acquérir des armes de destruction massive. A son arrivée à Tripoli, la secrétaire d'Etat américaine a ainsi déclaré : "Lorsque des pays sont prêts à opérer des changements de direction stratégiques, les Etats-Unis sont prêts à y répondre." Et de souligner que Washington n'a pas d'"ennemis permanents".
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