Le cours du pétrole glisse de nouveau sous la barre des 40 dollars
Les cours du pétrole ont zigzagué toute la séance mercredi, le marché hésitant à se réjouir d'une nette baisse des réserves américaines, avant de retomber une nouvelle fois à leur plus bas niveau depuis février 2009.
Rien n'enraye pour le moment la chute des prix du pétrole. Et la dernière décision de l'Opep de maintenir le même niveau de production ne fait qu'empirer la situation. En effet, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier a cédé 35 cents à 37,16 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), terminant pour la troisième séance de suite à un plus bas.
A Londres, le prix du baril de Brent, référence européenne du brut, est lui aussi tombé à ses plus bas niveaux de clôture depuis presque sept ans, celui du contrat pour janvier perdant 15 cents à 40,11 dollars.
Les cours ont ouvert dans le vert, puis ont accéléré après l'annonce par le département américain de l'Energie (DoE) d'une baisse inattendue des réserves hebdomadaires de brut, avant de se replier peu à peu pour finir une nouvelle fois dans le rouge.
"Le chiffre sur les réserves de brut était plutôt favorable", a estimé Matt Smith, de ClipperData. "Mais j'ai encore l'impression que le marché ne veut pas se relancer trop vite, vu le contexte de surabondance." Non seulement le DoE a fait état d'une baisse de plus de trois millions de barils des stocks de brut, mais il a aussi annoncé un recul de la production hebdomadaire ainsi qu'une hausse nettement moins importante que prévu des réserves d'essence.
Toutefois, pris dans le détail, les chiffres du DoE "n'expliquent pas le déclin des stocks (de brut), puisque les importations ont augmenté (...) la semaine dernière, alors que les raffineries ont ralenti", s'est étonné Tim Evans, de Citi.
"Ce manque de cohérence risque d'accroître la confusion à court terme, en accentuant encore les incertitudes sur ce qui se passe dans les faits", a-t-il prévenu.
Les cours, déjà déprimés depuis plus d'un an, ont plongé encore plus bas depuis lundi, après la décision en fin de semaine précédente par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de ne plus se fixer d'objectifs chiffrés de production malgré l'excès d'offre à travers le monde.
Marché imprévisible
A court terme, l'état d'esprit général risque de rester "maussade dans le sillage de la pagaille entraînée par la réunion de l'Opep la semaine dernière, les plus bas de 2008 autour de 35 dollars le baril étant susceptibles de continuer à agir comme un aimant pour les vendeurs", a mis en garde Michael Hewson de CMC Markets.
Plusieurs analystes remarquaient que le marché avait chuté si vite et si bas que les mouvements des investisseurs risquaient d'être amplifiés dans un sens ou l'autre et de devenir particulièrement imprévisibles.
"Il faut faire attention, parce qu'il y a énormément de paris à la baisse, et l'instabilité va régner pendant un moment", a prévenu M. Smith. "C'est pourquoi les échanges ont été si erratiques aujourd'hui, et c'est parti pour durer." Dans ce contexte, les investisseurs ont semblé prêté peu d'attention à un rapport mensuel publié mardi par le DoE sur l'état du marché, différent de ses chiffres hebdomadaires, dans lequel il a dressé un portrait mitigé des perspectives d'offre.
Certes, le DoE "a de nouveau légèrement relevé ses estimations pour l'année en cours", ce qui est plutôt défavorable, ont noté les experts de Commerzbank. "Néanmoins, il s'attend à ce que la production américaine baisse nettement l'année prochaine, c'est-à-dire de 500.000 barils par jour."
Le marché attend désormais pour jeudi un rapport semblable de l'Opep puis, lundi, une publication de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), liée à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). "Même si on peut envisager un rééquilibrage technique à la hausse, à moyen terme, la tendance devrait rester à la baisse" pour les cours, a conclu M. Evans.
Avec AFP
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