Le capitaine Ali Nmer et les valeureux maquisards des Aurès
Ils se sont révoltés en 1916 contre le colonialisme et ils ont proclamé pour la première fois l'indépendance de la République algérienne contre l'occupation française. Cette première révolution du XXe siècle n'a pas réussi mais elle a ouvert la voie à une autre génération de révolutionnaires.
Le douar Hidoussa (Titaouine) n'a pas été en reste. Il a fait partie des tribus dont les enfants ont rejoint la révolte armée contre le colonialisme. Ce sont les ancêtres du martyr Ali Nmer.
Son père, Mokhtar, est né en 1888 au douar Hidoussa. Il a été ouvrier dans une mine exploitée par une société française de la région. Son grand-père Ali Ben Mellah était connu pour ses compétences dans la guérison par les plantes. Sa mère s’appelait Taous Hadjam. Elle est née en 1892 à Iferhounène en Kabylie. Le couple a eu de nombreux enfants dont deux seulement survécurent : Ali et Dahbia. Les autres moururent en bas âge au vu des conditions de vie très difficiles.
Le martyr Ali Nmer est né le 16 mars 1925 à la mechta Oum Rkha, douar Hidoussa, commune de Merouana, qui s'appelait à l'époque commune mixte de Corneille. L'enfant apprit très tôt la langue arabe à l'école coranique et il eut la chance d'être inscrit par son père à l'école indigène de Batna. Il a ainsi pu maîtriser les deux langues. Les difficultés matérielles de sa famille et les entraves posées par le système colonial obligèrent le jeune Ali à quitter l'école à la recherche des moyens d'aider matériellement sa famille. A l'âge de quinze ans il trouva un emploi dans la société la Révolution industrielle de la Petite Kabylie qui exploitait des forêts. Il y exerça six années comme menuisier.
Ali Nmer épousa en 1943 Aldja Louchan bent Ferhat de la commune mixte de Mac Mahon, aujourd'hui Aïn Touta avec laquelle il eut un fils. Plus tard, quand il dirigeait la zone II, il fut marié par le chef de la tribu Chorfa, le chahid Khaled Bachir Ouartan dit Sidi Hani, à une veuve de chahid dénommée Fatma Haqyan avec laquelle il n'eut pas d'enfants.
De taille moyenne, Ali Nmer de son vrai nom Ali Mellah, devait avoir la trentaine, un véritable pionnier du combat pour la libération, il activa sous les ordres de Mustafa Ben Boulaid et faisait partie du groupe de Batna. Il participa au soulèvement le 1er Novembre 1954 aux côtés de Hadj Lakhdar (son vrai nom Abid Mohamed Tahar), Mohammedi Said, Harssous Mohamed, Omar Laib, Bouchemal Rachid, Abdessemed Abdelhafidh….
En octobre 1957, Ali Nmer avait été désigné à la tête de la zone 2, consécutivement à la mort au champ d’honneur du chef de cette structure Mohammed Arrar, lors d’une bataille au Djebel Bouarif, région de Ain El-Ksar, en août 1957. Celui-ci avait lui-même succédé à Tahar Amras (Nouichi), qui faisait partie de la délégation des Aurésiens, qui s’est rendu, en décembre 1956, en Kabylie ensuite en Tunisie. Ainsi le capitaine Ali Nmer devenait autorité de la station Radio, la seule personne ayant l’habilitée de recourir au service des transmissions pour envoyer, soit pour recevoir des messages. Ce capitaine dégageait une bonne impression auprès des moudjahidine, pour sa courtoisie et son affabilité. Très sociable et ouvert, il entretenait d’excellentes relations avec ses adjoints et ses subordonnés. Ses collaborateurs directs au conseil zonal étaient les lieutenants Amar Mâach ainsi que Sidi Hani, tous des insurgés de la première heure.
Le lieutenant Amar Maach
Le lieutenant Amar Maach, responsable militaire, qui avait escorté la station Radio dès son arrivée en zone 2, était reconnaissable à distance. Agé d’une trentaine d’années, il était d’une haute stature, sanglé dans un treillis militaire ; il portait souvent un chapeau de brousse, rivé sur la tête, la kachabia sur l’épaule en plus d’un impressionnant fusil ans et sa cartouchière bourrée de munitions dont il ne se séparait. Sa description apparaitrait incomplète, si on ne parlerait pas de son éternelle cigarette roulée de aarrar (genévrier) plantée au coin de sa bouche.
En outre, le lieutenant Amar Mâach, responsable politique, était lui aussi un vétéran, ayant une solide instruction. De taille moyenne, âgé de 35 ans, doté d’un regard brillant, Amar Maach était affligé d’un mal tenace, pulmonaire semblait-il, ce qui le faisait souvent réveiller en pleine nuit.
Le lieutenant Ourtane
Le lieutenant Bachir Ourtane, responsable des renseignements et liaisons. Il était plus connu sous le nom de Sidi Hani, âgé de 40 ans, selon le même témoignage, Sidi Hani était aussi connu pour son total dévouement et comme l’un des pionniers de la guerre de libération aux côtés de Mustafa Ben Boulaid. Il était devenu célèbre pour sa maîtrise et son efficacité des situations difficiles dans des conjonctures non moins difficiles au sein de la zone 6, dans les N’memchas. Aussitôt, il a été installé comme chef de la région de Tébessa par Chihani Bachir (l’un des six premiers chefs compagnons de Mustafa Ben Boulaid, réunis dans la maison de Benchaiba à dechret Ouled Moussa), en remplacement de Cheriet Lazhar.
Après bien des coïncidences et aventures, le destin l’avait conduit au côté du chef de la zone 2. Il a été aussi un personnage brave et bienveillant, dépourvu de toute ambition, remarquable par son humanisme, sa générosité qui se manifestait d’ailleurs par le son de sa voix. De sa personne gentille et facile, il était très accessible aux doléances, ceci dit les cadres et les djounouds recherchaient son contact et sa conversation en permanence, soit pour leur information, soit pour obtenir un soutien ou aide auprès des autres responsables. Ce qui lui permettait à cette époque d’être aussi appelé Baba Hani, mais son affabilité avait toutefois ses limites. Car il savait habilement refuser avec une grande courtoisie et utiliser beaucoup de tact, apprend-on.
Abdelmadjid Benyahia
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MERCI
Great info, good thanks.