Messieurs les Ministres : pourquoi tenir des discours contraires à la réalité locale et mondiale ?
Des déclarations contradictoires chahutent le débat sur la relance économique et l’investissement. Ce sont des déclarations contraires à la réalité. La situation exige la création d’un grand ministère de l’économie nationale couplé avec un grand ministère de l’éducation nationale si l’on veut atteindre l’objectif souhaité par le gouvernement d’un taux de croissance de 7% horizon 2020 et préparer l’ère hors hydrocarbures à la portée de l’Algérie. (*)
1.- Ainsi le ministre des Finances déclare que tout marche bien quant à l’insertion du capital argent de la sphère informelle vers la sphère réelle contredit récemment par le PDG de la BDL qui avance le montant dérisoire de 3 à 3,5 milliards de dinars soit à peine 0,1% du montant de la sphère informelle dont le montant déclaré par le premier ministre est d’environ 37 milliards de dollars. Comment peut-il en être autrement avec le dérapage du dinar, presque 120 dinars un euro et dépassant dans certaines places 170 dinars un euro au niveau de la sphère informelle. Pour des raisons de sécurité les citoyens s’orientent vers l’achat de devises, d’immobilier et à un moindre degré de l’or afin de les prémunir contre le processus inflationniste. Contrairement aux argumentations du Ministre des finances qui verse dans le populisme, dans la pratique des affaires n’existent pas de sentiments. Tout opérateur qu’il soit chinois, américains, européens, algériens est mu par la seule logique du profit et cela est normal. Mais en créant de la richesse et des emplois productifs et en payant ses impôts, les entrepreneurs sont «nationalistes». Le nationalisme peut se définir comme la contribution des Algériennes et Algériens à la création de la valeur ajoutée locale. Il appartient à l’Etat régulateur, grâce à une planification stratégique à moyen et long terme tenant compte des importants bouleversements géostratégiques qui s’annoncent entre 2016/2030, tant dans le domaine politiques, économiques, militaires, sociales, la société algérienne n’étant pas figée avec de nouveaux acteurs, les gagnants de demain n’étant pas forcément les gagnants d’aujourd’hui d’où d’importantes résistances des tenants de la rente, de concilier les coûts sociaux et les coûts privés , afin de permettre une symbiose entre l’efficacité économique globale et une profonde justice sociale qui ne sont pas antinomiques.
2.- Le ministre de l’Industrie s’attaque devant des étrangers à des opérateurs privés algériens et paradoxalement voudrait attirer l’investissement étranger qui sont avant tout attentifs aux locaux avant de venir. Qu’il saisisse la justice s’il y a malversations. Il avance devant les partenaires étrangers que le climat des affaires s’améliore au même moment où l’Algérie est déclassée par les organismes internationaux, seule référence pour tout investisseur étranger. Pas seulement ces institutions, mais bon nombre d’opérateurs algériens notent une bureaucratisation croissante, un système financier, socio-éducatif sclérosant (85% du crédit étant octroyé par les banques publiques) sans compter l’épineux problème du foncier comme frein au climat des affaires. La majorité des institutions internationales affirment que la règle des 49/51% qu’il faille différencier du droit de préemption, pose problèmes notamment pour les PMI/PME. Pour répondre à certaines allégations, concernant le droit de préemption, existant dans tous les pays du monde, selon nos informations, il n’est pas question de le remettre en cause pour les secteurs stratégiques qui relèvent de la souveraineté nationale, étant utopique par exemple de l’appliquer aux cinémas. Pourquoi donc cette polémique inutile ? Or bon nombre de ministres français dont en dernière date le président du Sénat, des opérateurs, l’ambassadeur d’Allemagne, récemment l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique, l’ambassadeur de Grande Bretagne et le 11 novembre 2015 en présence du Ministre de l’industrie, l’ambassadrice de Suisse ont noté qu’excepté les grandes entreprises où l’Algérie supporte souvent tous les surcoûts, que les PMI/PME, qui dans tous les pays du monde sont créateur de richesses et d’emplois, ne viendront pas avec cette règle. Paradoxe, malgré l’avis des experts lors de la récente réunion organisée entre le gouvernement et le CNES qui ont demandé son assouplissement, l’actuel ministre de l’industrie, voudrait selon ses déclarations, une annale dans l’histoire économique, la généraliser au commerce alors que la facture d’importation a doublé depuis son instauration. Par ailleurs, le ministre propose une politique industrielle, vision mécanique des années 1970 comme si la création d’usines de voitures résoudrait les problèmes de développement, achat fonction du pouvoir d’achat corrélé à 70% à la rente des hydrocarbures qui risque de diminuer fortement avec la baisse des recettes de Sonatrach. L’on doit tenir compte que le marché de voitures étant oligopolistique contrôlé par quelques firmes et connaissant une mutation technologique. Nous sommes à l'ère de la mondialisation, devant être pragmatique et comme le montrent la Russie et la Chine, le communisme est mort devant aller vers une économie de marché maîtrisée qui ne saurait signifier anarchie. Le XXIe siècle connait des bouleversements scientifiques et technologiques axée sur l’économie de la connaissance et d’autres filières dynamiques nouvelles. Dans le cadre d’un espace équilibré et solidaire passant par des pôles régionaux d’excellence, l’Algérie devra s’insérer en termes de coût/qualité au sein de sous segments de filières internationalisées car l’actuelle politique qui repose sur une aisance financière peut conduire le pays à épuiser ses réserves de change et conduire à un endettement excessif.
Abdesselam Bouchouareb, ministre de l'Industrie.
3.- Au moment où l’Algérie vient à peine d’être retirée de la liste du GAFI où les Etats-Unis ont félicité l'Algérie pour ses progrès dans la lutte contre le blanchiment d'argent, des progrès désormais reconnus à l'échelle internationale, selon le communiqué de l'ambassade américaine à Alger du 26 octobre 2015, le ministre du Commerce, avance tout le contraire dans sa déclaration en date du 7 novembre 2015. Par sa déclaration qui a fait le tour de l’Algérie et des institutions internationales, il y a eu 20 milliards de dollars de surfacturation, soit au même taux entre 2000/2014, plus de 195 milliards de dollars, plus que les réserves de change actuelles. Et le ministre des Finances pensent naïvement que les surfacturations peuvent être réglées par voie électronique, supposant que la douane établissent au préalable un tableau de la valeur connecté aux réseaux internationaux une information en temps réel, comme je l’ai suggéré en 1982 lorsque j’étais directeur général des études économiques à la Cour des comptes et magistrat premier conseiller chargé du dossier des surestaries, tableau qui n’a jamais vu le jour, touchant à de puissants intérêts. Qu’il saisisse la justice s’il ya malversation. Il a décrédibilisé toutes les institutions de l’Etat, les managers des entreprises privées et publiques qui sont les plus gros importateurs via la dépense publique et par la même cautionné indirectement la pétition des 19 , qui en tant que citoyens ont le droit d’exprimer leurs opinions et les accusations du Parti des travailleurs qui est le porte - parabole des 19, aujourd’hui des 16 après le désistement des trois, qui note la déliquescence des appareils de l’Etat. Je précise que la surfacturation est due essentiellement en la distorsion entre la valeur du dinar sur le marché parallèle et le marché officiel et avec des anticipations futures sur la dépréciation du dinar, sans compter la problématique des subventions.
4.- En résumé, certains responsables, pour des intérêts de rente, se réfugient derrière le président de la république. Or les orientations sont claires : il faut dire la vérité même amère à la population algérienne, pouvant surmonter cette situation sous réserve d'une autre gouvernance. Les ajustements sociaux et économiques nécessaires seront douloureux, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la Cité si l'on veut mobiliser la population et une visibilité dans la politique socio-économique si l'on veut attirer les investisseurs. Les discours démagogiques ne portent plus, étant à l'ère d'internet. La directive du FMI vient de faire savoir récemment en ce mois de novembre 2015 que le cours du pétrole (le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole) sera bas encore longtemps, ne devant pas se faire d'illusions. Il y a urgence de mettre de l’ordre au niveau des centres décisionnels, non selon une vision autoritaire mais démocratique, tenant compte de notre anthropologie culturelle, afin d’éviter cette cacophonie qui nuit aux intérêts supérieurs du pays. S’il y a malversations il faut saisir la justice sans publicité. Il y a va de la sécurité nationale.
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, expert international
(*) Pour éviter des interprétations byzantines, étant membre de conseils scientifiques de plusieurs institutions internationales, comme j’ai eu à le dire aux plus hautes autorités du pays, je ne suis intéressé par aucune fonction ministérielle, privilégiant uniquement les intérêts supérieurs du pays.
Commentaires (4) | Réagir ?
@Sarah Sadim:
J'aurais bien aimé connaître les futurs acteurs de cette révolution que vous ne cessez d'annoncer. Peut-être les supporters de l'USMA, ceux du NAHD ou du CRB ?
Bouteflika and co savent à qui ils ont affaire; El Ghachi. Qui croyez-vous capable de sortir demain dans les rues d'Alger pour réclamer le changement au péril de sa vie? Il existe un proverbe kabyle qui dit "... Wine iyikélkhéne yiwéth n'tikélt, thévra yemmass, madhwine iyikélkhéne vardhayéne, thévra yemma nék !", traduction "a-peu-presque "Celui qui me trompe ou me dupe une fois, maudite soit sa mère, quant à celui qui réussit à me tromper ou à me duper deux fois, maudite soit MA propre mère ".
Entre faire un choix entre un voleur qui investi dans le pays, et crée des emplois, il nourrit des familles, et le voleur corrupteur genre SAÏDANI, entre les deux voleurs, il faut choisir celui qui crée des richesses dans le pays.
Malheureusement ceux du pouvoir actuel, ils choisissent comme le Ministre de l'industrie ceux qui qui investissent où dépensent des fortunes immenses à l'étranger, ils ruinent le pays.
Pour le reste, personne ne née riche, être riches cela signifie avoir volé son voisin.