Le poète et écrivain Messaour Boulanouar décédé à Sour El Ghozlane
Messaour Boulanouar, poète algérien de langue française, compagnon d'écriture de Kateb Yacine et Jean Sénac est décédé aujourd’hui dimanche à Sour El Ghozlane. Il avait 82 ans.
Dans la galaxie de la littérature algérienne, le discret Messaour appartient à cette génération qui a donné ses lettres de noblesse à l'écrit. Celle des Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, etc. Messaour est né le 11 février 1933 à Sour El Ghozlane. Il sera enterré lundi 16 novembre à 13h dans sa ville de naissance.
Messaour Boulanouar définit ainsi le «fait poétique» dans un entretien avec le regretté Tahar Djaout : «Le fait poétique ne dépend pas du lieu où nous vivons, mais de la charge poétique accumulée par le poète dans le passé et parfois dans le présent (…) On ne naît pas poète, on le devient par le contact avec le monde, par le refus de tout ce qui heurte notre conscience». À partir de quel moment historique Messaour Boulanouar a-t-il pris la parole, est-il devenu poète ? Leitmotiv chez lui : «Je n’écris pas pour me distraire ou distraire». Il s’est voulu sans détour «semeur de conscience». La poésie, selon, lui serait-elle en permanence un exercice de combat ? Ne peut-elle au détour de ses devoirs en société, buissonner et gambader dans l’imaginaire, voir habiter des paysages oniriques s’adonner à des jeux sémiologiques ?
Nous n’avons pas une connaissance complète de l’œuvre de Messaour Boulanouar pour être catégorique. Certains critiques littéraires n’hésitent pas à lancer l’anathème ou à déclarer «finie» la poésie des grands engagements. Qui lit, selon, toi aujourd’hui Éluard ?, répète-t-on avec malice. Messaour est né quelques années au lendemain du centenaire de la Conquête. Il a donc grandi, vécu sa jeunesse sous la colonisation. Et très tôt pris conscience de l’injustice qui était faite aux Algériens. Quelques personnes et les lectures surtout ont ponctué son cheminement dans la vie et la création, telle la sœur de Maurice Audin qu’il a rencontrée à Sour el-Ghozlane, (ex. Aumale). Malgré le temps, l’âge, les épreuves, Messaour Boulanouar peut encore réciter de mémoire jusqu’à ce jour les «récitations» apprises à l’école.
Il connaît Victor Hugo mieux que certains chercheurs. En tout cas, dans son rapport d’Algérien à lui, de colonisé surtout. (1)
Yacine K.
(1) Nous vous renvoyons à cet article complet : Messaour Boulanouar: le poète réfractaire de la meilleure force…
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