Magistral spectacle de Assam Mouloud à Montréal
35 ans après s’être éclipsé du paysage artistique, le chanteur kabyle Assam Mouloud est revenu sur scène à la faveur d’un spectacle qu’il a animé le samedi 31 octobre à la salle Le château de Montréal et ceci au grand bonheur de ses fans qui se sont déplacés pour non seulement écouter ses mélodieuses compositions mais aussi, pour bon nombre d’entre eux, voir se produire devant eux pour la première fois l’auteur de la chanson Ay Aqlalas.
En guise d’hommage à l’artiste, un programme riche et varié a été présenté en cette occasion. À commencer par le petit Yani Boukari, âgé de 11 ans, né à Ottawa, qui a donné le coup d’envoi à la soirée en jouant au piano la partition "Ay Aqlalas", ce qui n’a pas manqué d’émerveiller l’assistance.
La troupe féminine Tilelli d’Ottawa a suivi immédiatement en interprétant trois chansons que sont Anzar de Meksa, Tilemzit d’Ideflawen et 50 sna dhi lâamris de Ferhat avant de terminer sur la chanson Afalku de Assam, une manière de rendre hommage à ces ténors de la chanson moderne Kabyle. Sur un écran géant est projetée l’image de Meksa pour rappeler le 27ème anniversaire de sa mort survenue le 30 octobre 1988 alors qu’il n’avait que trente quatre ans. À noter que l’excellente troupe Tilleli est à sa troisième prestation puisqu’elle a déjà assuré auparavant les préludes d’autres artistes kabyles qui sont passés à Montréal tels que Si Moh et Zedek.
La troupe Tamazgha de Montréal (ex Tisekrin n Muriyal)a succédé à Tilleli en reprenant merveilleusement bien la chanson L’Afrique de Assam Mouloud, composée en 1978 et dont le texte est plus que jamais d’actualité. Le titre de la chanson a d’ailleurs inspiré le nouveau nom donné à la troupe au moment des répétitions quelques semaines auparavant. Le poème évoque Tamazgha, cet immense territoire qui occupe près d’un tiers de la superficie de l’Afrique du nord qui, d’après le thème de la chanson, a été de tout temps l’objet de convoitises de la part des différents colonialismes qui n’ont cessé de l’agresser à travers les siècles mais qui à chaque fois se sont heurté à la résistance des autochtones.
Après quoi, le poète Djaffar Moussa, membre de l’association INAS, a lu un poème qu’il a préparé en hommage à Assam Mouloud et à toutes ces belles voix qui ont bercé notre enfance mais qui aujourd’hui ont quitté la scène artistique, comme Menad, Sofiane, Noureddine Chenoud, Atmani, Hacene Abassi, en les suppliant de revenir, tant leurs voix nous manquent .
C’est enfin sous les applaudissements et les youyous qui fusaient de l’assistance qu’Assam Mouloud est monté sur scène pour offrir à un public totalement acquis tout le répertoire contenu dans l’album, le seul qu’il ait produit dans sa carrière. Il a été accompagné d’un orchestre composé de Sylvain, un talentueux batteur Québécois qui a rapidement apprivoisé la musique de Assam, de Azeddine Polyphene (membre du fameux groupe des années 80) aux percussions, de Mourad Benfodil à la basse et de Ghilas, fils du chanteur, aux claviers. Le tout sous la direction de Rafik Abdeladim.
La voix toujours envoûtante, Assam a enchaîné "Afalku", "Aqlalas", "Tafsut", "Lehna", "Taqbaylit", "Tamazight", "Am duru", Ccama" et autres "Ifriqia" dans une ambiance très colorée grâce notamment à la troupe de danse Tafsut dirigée par Tassadit Ould Hamouda.
Visiblement très ému de l’accueil que lui a réservé la communauté kabyle au Canada, Assam nous a confiés à la fin de cette soirée qu’il se remettra au travail en vue d’un prochain album. Il y’a lieu de mentionner que ce gala a été organisé par la fondation Tiregwa d’Ottawa, qui n’a pas lésiné sur les moyens pour garantir sa réussite, et qui a remis à l’occasion quelques distinctions sur scène comme souvenir du passage de Assam Mouloud au Canada. Racid At Ali Uqasi et ses amis de la fondation peuvent se targuer d’avoir réussi de le faire revenir au monde de la musique.
Mourad Kabir
Montréal, le 03 novembre 2015.
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merci pour l'information et le partage
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