Ali Benflis : le système politique algérien est archaïque et dépassé
Il n’y a pas meilleure manière pour moi d’entamer cette allocution devant vous que celle de saluer chaleureusement la grande ville de Sétif et l’ensemble de nos concitoyennes et de nos concitoyens qui y résident pour leur hospitalité et la qualité remarquable de leur accueil. Sétif qui sait recevoir ; Sétif qui sait entourer ses hôtes de son attention et de sa sollicitude ; Sétif qui sait vous faire sentir que vous êtes un membre de sa grande famille. Nous avons été particulièrement sensibles à tous les signes de considération fraternelle que les sétifiennes et les Sétifiens nous ont adressés ; nous leur en sommes reconnaissants et les en remercions bien sincèrement.
Il y a ce visage de Sétif, celui de l’accueil, de l’hospitalité et de l’ouverture ; mais Sétif a aussi un autre visage, celui d’une ville laborieuse, industrieuse et dynamique ; elle le doit à ses enfants qui savent construire, innover et créer à chaque fois qu’ils ont été libres de le faire. Et c’est ainsi que Sétif peut s’enorgueillir légitimement de compter parmi les villes les plus élégantes de notre pays et parmi elles qui réunissent toutes les conditions et du progrès dont elle est prête à tirer avantage dès lors que se mettra en place une saine gouvernance des affaires de notre pays.
Et à une semaine de la célébration du 61e anniversaire de la Glorieuse Révolution de Novembre, comment ne pas évoquer un autre visage de Sétif, celui de Sétif la résistante et Sétif la combattante. Sétif qui a été à l’avant-garde du rejet de l’oppression et de la spoliation coloniale ; Sétif dont le nom résonne dans la grande épopée de la libération nationale ; Sétif dont les enfants ont su verser généreusement la dime du sang pour que l’Algérie vive libre, indépendante, souveraine et maitresse de son destin.
C’est dans cette ville aux visages l’un plus éclatant que les autres que nous nous honorons de tenir la première rencontre régionale de notre parti. Notre choix pour tenir cette rencontre ne s’est pas porté fortuitement sur Sétif. Arrivé tout récemment dans le paysage politique national, notre parti occupe déjà une place remarquable dans cette région et en particulier à Sétif ; son projet politique y a reçu un large écho ; et les perspectives de son ancrage dans cette région et notamment à Sétif sont particulièrement encourageantes et prometteuses.
C’est à l’initiative de mon compagnon et frère Si Aissa Fellahi que nous devons notre rencontre aujourd’hui. Je sais que ce genre de rencontres n’est jamais aisé à organiser ; je sais aussi que pour un parti qui fait ses premiers pas sur la scène politique nationale, comme c’est le cas de Talaie El Hourriyet, l’organisation de telles rencontres –et surtout de la première de ce genre- est encore plus difficile car il n’y a ni précédent pour repère ni modèle à suivre. Je sais, enfin, tout ce que coûte l’organisation de telles rencontres comme efforts et comme sacrifices. Je tiens à en remercier et en féliciter devant vous Si Aissa ainsi que tous ceux qui l’ont entouré dans le bon accomplissement de cette mission qui n’était pas du tout évident.
Je tiens à associer à cet hommage et à adresser mes remerciements et mes félicitations à mes autres compagnons et frères :
-
Si Smail Ben Yahia( Wilaya de M’Sila)
-
Si Mohamed Tahar Boudouda (Wilaya de Constantine)
-
Si Ali Bouhbel (Wilaya de Jijel)
-
Si Mohamed Zentout (Wilaya de Mila)
-
Si Madjid Idjahnine (Wilaya de Bejaia)
Chacun d’entre vous assume un rôle- pivot dans le déploiement de notre parti dans cette région. Chacun d’entre vous a su fédérer les énergies de nos militantes et de nos militants pour entretenir l’engouement réel que rencontre notre parti dans cette région. Chacun d’entre vous a su faire parvenir notre message politique à ses véritables destinataires, c'est-à-dire nos concitoyennes et nos concitoyens que le présent du pays tourmente, que son avenir préoccupe et qui s’interrogent à bon droit sur l’existence ou non d’une alternative politique qui viendrait apaiser leurs tourments, dissiper leurs inquiétudes et répondre honnêtement et effectivement à leurs aspirations et à leurs attentes.
Grâce à vous tous, Talaie El Hourriyet peuvent soutenir sans crainte d’être contredites qu’elles ne sont pas une formation politique dont l’écho ne dépasse pas les limites de la capitale du pays mais qu’elles sont bel et bien un grand parti de dimension nationale.
C’est le lieu, ici, de vous rendre à vous-mêmes Messieurs les Coordonateurs territoriaux et communaux, aux membres de nos bureaux à l’échelle des Wilayates et des Communes ainsi qu’à l’ensemble de nos militantes et de nos militants l’hommage qui leur est dû pour la part importante qu’ils ont assumée dans le succès du Congrès Constitutif de Talaie El Hourriyet. Tout le monde a pu constater et tout le monde a témoigné que le Congrès Constitutif de notre parti a été en tout point un succès remarquable. Malgré toutes les embûches et toutes les contrariétés Talaie El Hourriyet ont été au rendez-vous qu’elles ont donné à leurs militantes et à leurs militants ainsi qu’à l’ensemble de nos concitoyennes et de nos concitoyens ; elles ont honoré la promesse qu’elles leur ont faite en devenant ce parti politique qui propose des solutions, qui fixe des ambitions et ouvre des perspectives à notre pays.
Tous ensembles, nous étions confiants en la rectitude de nos choix politiques ; nous étions sûrs de la solidité de nos principes, de nos valeurs et de nos convictions ; nous étions animés d’un attachement sans faille à un projet politique qui n’est destiné à rien d’autre qu’à servir notre pays et à répondre aux préoccupations de notre peuple avec honnêteté, avec intégrité et avec réalisme. Avec tous ces atouts en mains rien ne pouvait nous arrêter et rien ne pouvait nous dévier du chemin que nous avons choisi. A chaque fois que nous étions confrontés à un obstacle –et les obstacles furent divers et nombreux- nous avons su comment puiser la volonté, l’énergie et la détermination pour les surmonter de l’état honteux et affligeant dans lequel se trouve un grand pays et un grand peuple comme les nôtres et de notre engagement inébranlable à participer au redressement de tous les torts qu’ils ont eu à subir et qu’ils n’ont pas mérité.
L’appareil politico-administratif a parié sur le fait que nous aurions le souffle court mais nous avons eu le souffle long ; il a pensé que notre volonté était faible et chancelante mais elle s’est révélée être une volonté de fer ; il a voulu nous forcer à la résignation et à l’abandon mais nous avons tenu les chocs et rien ne nous a fait vaciller ; avec tous les moyens à sa disposition, il pensait pouvoir faire de notre cause une cause désespérée mais, au finale, notre cause s’est révélée plus forte et sa justesse plus grande que tous les moyens mis pour la subjuguer et la réduire au silence.
Nous sommes donc toujours là ; nous n’avons pas déserté le champ de bataille politique ; et nous n’avons pas rendu les seules armes politiques dont nous disposons : une vision d’avenir pour notre pays, un projet politique de rechange et des idées réalistes, praticables et crédibles pour l’aider à sortir de la crise globale, une crise politique, économique et sociale, qui lui est imposée.
Mesdames et Messieurs ;
Quelle occasion plus opportune que cette première rencontre régionale de notre parti depuis la tenue de son Congrès Constitutif pour établir un bilan d’étape et faire des projections d’initiatives et d’actions pour le court et le moyen terme tant du point de vue organique que politique.
Dans le domaine organique et depuis la tenue des assises constitutives de Talaie El Hourriyet tous les organes dirigeants du parti sont en place et leurs membres à leurs postes.
Les membres de notre Comité Central sont à pied d’œuvre partout sur le territoire national et au sein de la communauté nationale établie à l’étranger. Je leur demande instamment partout et où ils se trouvent, de prêter main forte à leur compagnons dans les bureaux locaux du parti et à s’investir toujours davantage dans le travail politique de proximité. En effet, c’est à eux qui sont en contact direct et quotidien avec nos concitoyennes et nos concitoyens, qu’incombe une grande part de la responsabilité d’élargir toujours plus la base militante et la base politique et sociale de Talaie El Hourriyet. Et c’est à eux que revient aussi le devoir de faire parvenir et de faire connaître le message de notre parti, ce message qui en appelle au redressement et au renouveau ; ce message qui affirme que la crise globale étouffante que vit le pays n’est pas une fatalité et que tous les espoirs nous sont permis ; ce message qui déclare sans l’ombre d’un doute et sans l’ombre d’une hésitation que les plus grandes ambitions sont à portée de notre peuple dès lors qu’interviendra l’inéluctable refondation d’un système politique qui lui fait perdre du temps, qui lui fait manquer les occasions, qui dilapide ses atouts et qui hypothèque lourdement son destin.
Par ailleurs, et au plan organique également, le Bureau Politique du parti s’acquitte pleinement de ses missions. Il suit avec assiduité les grandes problématiques nationales politiques, économiques et sociales et se prononce régulièrement à leur sujet. Il a déjà pris de nombreuses décisions entrant dans le cadre de la structuration centrale ou locale du parti et de sa représentation au sein de la communauté nationale établie à l’étranger. Il étudie et prépare tous les plans nécessaires relatifs à la préparation de la structuration permanente des représentations locales du parti et à l’intensification de l’action politique de proximité dont dépend la traduction de l’engouement réel et remarquable dont bénéficie notre parti en adhésions réelles élargissant son audience et sa présence à travers l’ensemble du territoire national.
Toujours au plan organique, j’ai procédé le 12 octobre dernier à l’installation du Secrétariat National chargé de la prospective, des études et de la formation tel que prévu par les statuts de notre parti. J’ai également procédé à la répartition des tâches entre ses membres qui sont au nombre de 41 et dont chacun prendra en charge des dossiers entrant dans le cadre de sa spécialité et de son expertise. Avec le Secrétariat National, Talaie El Hourriyet disposent désormais d’un pôle de réflexion, d’une instance d’étude et d’analyse et d’une force de proposition de nature à enrichir l’action politique du parti. Le Secrétariat National n’est pas une tour d’ivoire ; il n’est pas une structure renfermée sur elle-même ; il n’est pas un club exclusif. Bien au contraire, je l’ai personnellement engagé à s’ouvrir à toutes les compétences et à toutes les expertises –et elles foisonnent au sein de notre parti- que Talaie El Hourriyet s’honorent d’avoir pu rassembler autour de leur projet politique. En conséquence, j’engage fortement toutes les compétences et toutes les expertises présentes à l’échelon local du parti à apporter toutes les contributions de qualité dont elles sont capables au Secrétariat National à l’effet d’élargir ses horizons et d’enrichir ses apports à l’action politique du parti.
Dans ce même domaine de la réflexion, de l’analyse et des études, il est également prévu la création d’un Centre d’études politiques, économiques et sociales. Il s’agira là d’une sorte de think tank qui effectuera quant à lui un travail de fond loin de la pression et des exigences de l’actualité politique, économique ou sociale.
Mesdames et Messieurs,
Je vous ai présenté ce bilan pour en retenir que la structuration centrale de notre parti est désormais achevée. Toutes les structures centrales du parti –délibérantes, exécutives et celles chargées de la réflexion et des études sont en place. La Direction centrale du parti est donc en ordre de marche.
Cet acquis enregistré, quelles sont nos priorités pour le court et le moyen terme ?
Ces priorités vont dans trois directions essentielles.
La première direction est celle de la structuration permanente des représentations locales de Talaie El Hourriyet.
Cette opération a commencé et elle est conduite en étroite concertation entre la Direction centrale du parti et les coordonateurs territoriaux. Je reçois moi-même quotidiennement nos coordonateurs au niveau des Wilayates et des circonscriptions d’Alger pour les consulter sur les meilleures conditions à réunir pour assurer le bon déroulement et la bonne fin de la structuration permanente des représentations locales de Talaie El Hourriyet.
A la lumière de ces consultations, j’ai fixé les trois principes fondamentaux sur lesquels doit reposer cette opération :
-
Le premier principe a trait à l’échéancier : cette opération devra être achevée d’ici l’été 2016.
-
Le second principe et conformément aux statuts de notre parti est que l’exercice des responsabilités aux niveaux locaux sera décidé exclusivement et sans exception d’aucune sorte par l’élection. La légitimité des dirigeants locaux de notre parti devra émaner des urnes et d’elles seules. Le respect de ce principe fera l’objet d’un suivi et d’une veille intransigeants.
-
La troisième principe est que chaque commune et chaque territoire ou circonscription en mesure d’organiser les assemblées générales électives pourront le faire en concertation avec la Direction centrale du parti. Nous n’attendrons pas que toutes les représentations locales soient prêtes pour lancer leur structuration permanente en une seule vague. Toute représentation locale prête à organiser son assemblée générale élective peut le faire sans avoir à attendre les autres.
La seconde direction de notre action à court et à moyen terme concerne les adhésions à Talaie El Hourriyet. L’arrivée de Talaie El Hourriyet dans le paysage politique national a indubitablement provoqué un engouement constaté par tous ; elle a crée des attentes chez nos concitoyennes et nos concitoyens ; elle est venue entretenir l’espoir en notre capacité à contribuer au changement, au redressement et au renouveau qu’exige la situation indigne de lui dans laquelle se trouve notre pays. Nous avons le devoir de répondre à cette confiance qui est placée en nous et nous avons la responsabilité de ne pas décevoir cet engouement en le laissant se dissiper alors que nous avons la chance unique de le transformer en une base militante et en une base politique et sociale élargie au profit de notre parti et de la diffusion de son projet politique. Je suis –comme vous l’êtes vous aussi- optimiste et confiant quant aux grandes capacités de mobilisation de notre parti. Et c’est cet optimisme et cette confiance qui m’ont conduit à vous fixer comme objectif pour le court terme le doublement du nombre de nos militants et la présence de notre parti dans les 1541 communes que compte notre territoire national.
La troisième direction de notre action à court et à moyen terme concerne le travail politique de proximité. De ce point de vue également, nous avons un devoir et une obligation non seulement envers nos militantes et nos militants mais aussi envers l’ensemble de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Le Congrès Constitutif de notre parti vient d’adopter un projet politique ainsi que huit résolutions proposant des solutions crédibles, réalistes et praticables à une variété de problématiques majeures de nature politique, économique et sociale auxquelles notre pays est confronté. Nous avons donc, collectivement, un devoir et une responsabilité de diffuser ce projet et ces résolutions, de les expliquer et de persuader quant à leur validité. Je compte moi-même participer à une dizaine de rencontres comme celle-ci. Il est aussi attendu des membres de notre Bureau Politique, de tous les membres de son Comité Central et de son Secrétariat National et de tous nos dirigeants locaux de démultiplier les initiatives pour que notre message politique parvienne à tous ses destinataires où qu’ils se trouvent dans nos villes, dans nos villages, dans nos douars, dans nos dechras et dans nos mechtas.
Nous sommes les porteurs d’un grand projet politique. Mais le meilleur projet politique du monde restera de l’encre sur du papier s’il n’est pas porté et propagé par l’ensemble de nos militantes et de nos militants ; nous pouvons offrir les meilleurs choix du monde, mais ils resteront sans suite s’ils ne sont pas connus de nos concitoyennes et de nos concitoyens ; nous pouvons proposer les idées les plus brillantes du monde, mais elles n’auront aucun impact réel si elles restent confinées à l’intérieur des murs de notre parti.
Voilà notre feuille de route pour le court et moyen terme. Et c’est en relation avec sa mise en œuvre que je tiens à m’adresser directement aux coordonateurs des bureaux territoriaux et des bureaux communaux de notre parti ainsi qu’à l’ensemble de leurs membres. Je sais parfaitement qu’il vous est demandé et qu’il est attendu beaucoup de vous. La raison en est bien simple : c’est parce qu’il est demandé et qu’il est attendu beaucoup de Talaie El Hourriyet.
Il vous a été demandé de procéder à l’ouverture de bureaux locaux provisoires du parti à l’échelle des Wilayas et des Communes et quatre mois après que l’autorisation nous ait été donnée pour réunir le Congrès Constitutif de notre parti, ces bureaux provisoires étaient effectivement ouverts au niveau de 47 Wilayas, des 13 circonscriptions d’Alger et de 1251 Communes. Il vous a été demandé de réunir les assemblées électives des délégués au Congrès Constitutif dans un délai d’un mois et ces assemblées électives se sont tenues dans le délai imparti. Il vous a été demandé d’organiser 5 pré- congrès régionaux dans un délai d’un mois et vous vous êtes acquittés de cette mission dans la période de temps fixé. Vous avez accepté d’assumer toutes les responsabilités qui vous ont été confiées sans hésiter devant aucune d’entre elles. Vous les avez accomplies toutes avec humilité et simple sens du devoir. Vous n’avez jamais prétendu avoir accompli des exploits ni avoir été les auteurs de réalisations sortant de l’ordinaire.
Ce faisant vous avez incarné les véritables valeurs du militantisme ; vous avez donné tout son sens à l’action politique, le sens du service public et de l’intérêt général ; et face à l’adversité et aux contrariétés toujours présents, vous avez su vous élever à hauteur de tous les enjeux et de tous les défis sans faiblesse et sans défaillance. Le jour viendra ou s’écrira l’Histoire de notre parti politique. Elle enregistrera alors que Talaie El Hourriyet vous sont redevables de beaucoup et elle soulignera que vous êtes de ces bâtisseurs que l’on n’oublie pas. Chacun d’entre vous a déjà laissé sa marque indélébile dans la naissance de Talaie El Hourriyet et dans l’avenir plein d’espoir qui leur est promis.
Mesdames et Messieurs
Grâce aux efforts de chacun d’entre nous et aux sacrifices que nous avons accepté de consentir ensemble, notre parti est en ordre de marche ; il est fin prêt et déterminé à servir notre grand pays et notre grand peuple ; il est disponible pour apporter toute contribution attendue de lui en vue d’aider notre pays à sortir de l’impasse totale dans laquelle il a été fourvoyée.
Il y a cinq mois, nous étions rassemblés dans le cadre d’un congrès régional réuni à Constantine en vue de préparer les assises constitutives de notre parti. J’avais alors procédé devant vous à une évaluation de la situation politique, économique et sociale du pays. J’avais également tenté, à votre attention, une description de cette impasse à laquelle notre pays était confronté dans ses dimensions les plus graves et les plus menaçantes ; j’avais enfin mis en garde contre les retombées incalculables de cette impasse et les périls qu’elle faisait peser sur le pays tout entier.
En étant de nouveau parmi vous, aujourd’hui, j’aurai souhaité vous dire que nos gouvernants avaient pris conscience de cette impasse et qu’ils s’employaient de toute leur énergie à en sortir le pays. J’aurai souhaité vous dire aussi que nos gouvernants avaient pris la mesure des effets ravageurs de l’immobilisme et de la stagnation et qu’ils étaient déterminés à insuffler une nouvelle dynamique au pays et à le remettre en marche. J’aurai souhaité vous dire, en outre que nos gouvernants avaient, sagement tiré les leçons de leurs erreurs et de leurs échecs et qu’ils étaient résolus à en empêcher la répétition. J’aurai souhaité vous dire que nos gouvernants avaient compris le sens de l’intérêt général et de l’intérêt national et qu’ils commençaient à se préoccuper un peu moins de leur sort et un peu plus du sort du pays. J’aurai souhaité vous dire, enfin, que nos gouvernants avaient réalisé l’ampleur de la régression dont ils ont été responsables et l’accumulation des retards et des occasions manquées pour le pays et qu’ils s’attachaient à inverser le cours de cette régression, à résorber les retards et à mettre le pays en position de saisir toutes les occasions de développement et de progrès qui se présenteraient à lui.
Je ne peux malheureusement rien vous dire de tout cela. Ce que j’ai à vous dire ne surprendra personne parmi vous car chacun d’entre vous lit, voit et écoute et ce qui lui parvient n’augure rien de bon pour notre pays.
Que peut attendre notre pays de rassurant d’une vacance du pouvoir qui laisse le pays sans chef, sans source d’inspiration et de direction et sans centre de décision connu et visible ?
Que peut attendre notre pays de constructif d’une vacance du pouvoir qui a mis les institutions et l’administration publique dans un état de quasi léthargie ?
Que peut attendre notre pays de satisfaisant d’une vacance du pouvoir que des forces extra- constitutionnelles c'est-à-dire des groupes d’intérêt, d’influence et de pression s’empressent de combler en fonction de leurs seuls soucis et de leur seules préoccupations ?
Que peut attendre notre pays d’apaisant d’une vacance du pouvoir qui dégénère en ce moment précis en ce que j’ai appelé «une épuration politique pour crimes de non allégeance» ?
Dans le contexte de cette vacance du pouvoir qui devient de plus en plus intenable et insupportable, le discours politique du régime en place se durcit et verse dans l’inconvenant et devient blessant et méprisant. Le régime politique en place menace, accuse, intimide et pense pouvoir bâillonner, ligoter et bander les yeux de tous ceux qui se sentent un devoir et une responsabilité d’appeler l’attention de notre peuple sur ses échecs, ses errements et ses défaillances.
Permettez-moi de vous dire sans ambigüité que le régime en place se trompe de lieu et d’époque. Il se trompe de lieu car nous somme sur la terre d’Algérie, une terre qui ne cède pas au chantage, qui refuse l’intimidation et qui ne sait pas ce qu’est la peur. Il se trompe d’époque car nous vivons au XXI ème siècle et en ce siècle les pays et les peuples ne se gouvernent plus par les diktats, par les faits accomplis et par les injonctions. Les peuples et les pays de ce nouveau siècle ont des droits dont ils entendent jouir pleinement et parmi ces droits il y a ceux de donner ou de retirer leur confiance à leurs gouvernants, de juger leurs performances, d’approuver ou de critiquer les mesures et les décisions qu’ils prennent et de leur demander régulièrement des comptes.
S’il ne le sait pas ou s’il semble l’avoir oublié, rappelons au régime politique en place qu’un peuple comme le nôtre et un pays comme le nôtre ne se dirigent que par la confiance, la persuasion et la crédibilité. Toute autre recette que celle là –que le régime croit à tort avoir trouvée- relève de l’illusion et est vouée à l’échec.
Cette vacance du pouvoir qui fait tant de mal au pays voit ses effets décuplés par l’illégitimité des institutions. Ces effets sont grandement dommageables pour le système politique lui-même et pour le pays tout entier. Leur illégitimité affaiblit les institutions ; elle leur enlève leur nécessaire caractère représentatif ; elle alimente le discrédit du politique et de la politique ; elle creuse le fossé entre les gouvernants et les gouvernés ; elle rompt l’indispensable lien de confiance entre l’Etat et la société ; elle ôte sa raison d’être et vide de sa substance le pacte social sur lequel repose toute collectivité nationale harmonieuse et soudée.
Dès lors en quoi le fait de demander la relégitimation de nos institutions serait-il une atteinte à la stabilité du pays ? En quoi l’exigence de représentativité de nos institutions serait-elle une menace à la sécurité nationale ? En quoi l’insistance sur la création d’une autorité indépendante pour le contrôle des élections procèderait-elle de donneurs d’ordres étrangers ?
En quoi la demande d’un changement démocratique dans notre pays pourrait-elle être inspirée par des ennemis de l’intérieur et de l’extérieur du pays ? En quoi, la réclamation d’une bonne gouvernance c'est-à-dire une gouvernance qui met les richesses nationales et les deniers publics hors de portée d’accaparement indu, du gaspillage et de la corruption relèverait-elle de l’intelligence avec l’ennemi ?
Pourtant c’est tout cela et rien que cela que nos concitoyennes et nos concitoyens attendent et que l’opposition nationale réclame avec responsabilité, avec un sens élevé du devoir et avec une profonde imprégnation de l’intérêt général et de l’intérêt national.
Les revendications de l’opposition nationale ne viennent pas du néant ; elles ne relèvent pas d’un art pervers de la critique pour le seul plaisir de la critique ; elles ne participent pas d’une conception étriquée de l’opposition qui consisterait à être par principe toujours contre le pouvoir politique en place et à le soumettre au feu des dénonciations systématiques même sans raisons et sans fondements.
L’opposition nationale n’est pas dans cette situation là car la gouvernance actuelle de notre pays a atteint de tels niveaux d’imprévoyance, de défaillance et de non performance qu’elle s’expose d’elle-même aux critiques les plus sévères, aux remises en cause les plus justifiées et aux stigmatisations les plus fondées.
Que dit l’opposition nationale et que réclame-t-elle ?
Premièrement, l’opposition nationale dit que la vacance du pouvoir a fait trop de mal au pays et elle réclame qu’il y soit mis fin au plus tôt pour stopper l’hémorragie politique, économique et sociale qu’elle occasionne au pays.
Deuxièmement, elle dit que nos institutions sont en défaut de légitimité et elle réclame leur relégitimation au moyen d’élections dont serait éloigné l’appareil politico- administratif fraudeur et dont se chargerait une autorité indépendante et souveraine qui serait garante de leur régularité, de leur transparence et de leur irrecusabilité.
Troisièmement, l’opposition nationale dit qu’une transition démocratique est vitale pour sortir le pays de l’impasse dans laquelle l’a mis la crise de régime actuelle et elle réclame, à cette fin, l’ouverture d’un processus consensuel, graduel, ordonné et apaisé.
Quatrièmement, l’opposition nationale dit que le moment de l’alternative démocratique est venu et que son heure a sonné et elle réclame le changement d’un régime totalitaire par un régime démocratique plus conforme aux besoins de notre pays, aux attentes de notre peuple et aux exigences de notre époque.
Voilà les convictions et les objectifs autour desquels l’opposition nationale se rassemble.
Comme vous le voyez bien et comme le voient toutes nos concitoyennes et tous nos concitoyens, il n’y a rien, en cela, de subversif, de périlleux ou de déstabilisateur pour le pays. Ces revendications légitimes de l’opposition nationale ne viennent pas du néant comme je viens de le dire. Elles ont leurs sources propres. Leur première source tient du constat que le système politique actuel est archaïque, dépassé et incapable de produire une gouvernance digne du XXI ème siècle. Leur seconde source tient aux profondes mutations que notre société a connues et qui la mettent en déphasage par rapport à un régime politique pétrifié, gelé ou fossilisé dans le siècle dernier. Leur troisième source tient à la marche du monde : une marche accélérée dont notre pays ne soutient plus le rythme et un monde dont nous nous sommes exclus et par rapport auquel nous accumulons les retards les uns après les autres.
Notre système politique a les yeux rivés sur le passé, ceux de l’opposition nationale sont fixés sur l’avenir. La vision de notre système politique s’arrête aux limites de sa survie, celle de l’opposition nationale est à l’échelle de la pérennité de l’Etat et de la construction d’une Nation forte, prospère et solidaire. L’ambition de notre système politique ne va pas au-delà de la préservation du statu quo dont dépend son sort, celle de l’opposition est une ambition pour le pays tout entier auquel elle propose l’ouverture du chantier du changement et du renouveau.
Talaie El Hourriyet sont partie prenante dans cette initiative de l’opposition nationale. Elles adhèrent, pleinement, à la démarche qu’elle propose. Elles font leurs les objectifs qu’elle s’est fixée.
Notre mot d’ordre est le rassemblement pour le changement. Je vous remercie pour votre attention et m’excuse auprès de chacun d’entre vous si mon intervention vous a paru un peu longue. Mais tout ce que j’ai eu à vous dire me tenait beaucoup à cœur. Et de plus, la gravité et la complexité de la situation de notre pays voulait qu’il en soit ainsi. Je vous remercie
Ali Benflis
Commentaires (3) | Réagir ?
Merci http://virtuelcampus. univ-msila. dz/fmi
Mais, vous êtes du sérail, donc vous êtes aussi archaïque que ces gens du système, vous voulez, vous recyclez c'est tout.