Les damnés de la silicose au service des nouveaux riches dans les Aurès
La silicose tue les ouvriers de la région de T'kout dans l’indifférence totale des autorités.
Dans les Aurès, travailler dans la pierre c’est mourir jeune et violemment. Alors famille Ghezel n'en a pas fini le deuil du défunt Mohamed, âgé de 60 ans, c'est alors une autre victime atteint de la même, la silicose rend l’âme cette semaine. Les habitants de la commune de T'kout (80 km au sud de de Batna) vivent au rythme des deuils causés par cette terrible maladie qui touche les tailleurs de pierre de la région.
Mourad Ghernoudji âgé de 35 ans, marié et père de famille, est la dernière victime en date de ce mal qui ronge les poumons de ceux qui, pour survivre, n’ont que la pierre à tailler au prix d’une mort douloureuse et prématurée. La silicose fait, en effet, des ravages parmi les jeunes tailleurs de pierres. Le nombre de décès ne cesse d’augmenter laissant des veuves désorientées, parfois à l’entame de la trentaine, des orphelins délaissés à une charité aléatoire et incertaine dans une région sinistrée et marquée par un taux de chômage endémique.
Ces artisans tailleurs de pierres exercent leur métier sans couverture sociale ni affiliation. Ils sont embauchés au noir, en règle générale, pour construire les belles demeures des nouveaux riches et des parvenus. Les habitants de T’kout, connaissent ces veinards, hauts responsables, fonctionnaires, élus et députés, dont la beauté des demeures porte l’indélébile marque du sang des chômeurs de T’kout et de ses environs. Ces condamnés de la pierre n’ont de choix que de travailler au risque de s’exposer au fatal effet de la silicose. Comble de l’ironie, leurs familles sont accablées par l’"Etat"pour "travail au noir". Comme s’il s’agissait seulement, ou simplement, de «travail au noir». C’est pourtant d’une vie au noir qu’il s’agit.
Écoutons cette veuve en charge de trois enfants en bas âge décrire ce calvaire : "Mon mari travaillait pour subvenir aux besoins de la famille, il est resté des années durant en chômage, il y avait des jours où l’on n’avait même pas même de quoi acheter un sachet de lait. Aujourd’hui qu’il n’est plus de ce monde, on lui reproche d’avoir travaillé au noir, mais on ne fait rien contre ceux qui l’ont exploité et qui continuent d’exploiter la détresse d’autres jeunes". Tout est dit.
A la direction de la santé publique de Batna, ce lourd et sensible dossier de la silicose et des tailleurs de pierres de T’kout n’avance pas. Bien sûr, on nous dit qu’il est temps d’adopter une approche multidisciplinaire, pour la simple raison que ce souci est à la fois médical, social et professionnel. Les "925 tailleurs de pierres recensés sont des malades potentiels», nous indique-t-on. Fataliste, on lâche avec cynisme : "Le mal est fait". Puis d’ajouter qu’il faut envisager des actions «en aval et en amont. Puisque la maladie est incurable".
En attendant que les autorités se remuent, les habitants de T’kout, particulièrement les tailleurs de pierre, en sont arrivés à ne plus rien espérer, à se résigner à leur vie au noir, ignorés et délaissés de tous et de l’État d’abord. Douleur, angoisse, peur, solitude, dénuement abyssal et décès sont le lot quotidien des familles et la silicose l’horizon infranchissable de nombreux d’entre les ouvriers de la pierre.
Des tailleurs de pierres engagés pour bâtir les villas des nouveaux riches.
La silicose, ce mal silencieux
La silicose est causée par l'inhalation de poussières minérales renfermant de la silice. Selon le professeur Bouaroudj Mohamed, il s'agit d'une pneumoconiose que les spécialistes en pneumologie appellent pneumoconiose fibromateux généralisée. Elle est le résultat de la pénétration, à l'intérieur des poumons, de cristaux de silice (silice libre cristalline). Cette pneumoconiose touche généralement ceux qui travaillant dans les mines de charbon, de fer, dans les tunnels, les galeries, les carrières de granit, les carrières de grès et d'ardoise. Les carrières et les tailles de pierre, la céramique industrielle, l'industrie du bâtiment, l'industrie des abrasifs divers, le sablage par utilisation d'abrasifs, l'industrie de l'émail et le travail en fonderie sont les autres professions soumises à un risque de survenue de silicose. Il est à signaler qu'en moins 50 personnes sont atteintes de cette maladie abjecte. a-t-on appris auprès du Pr Bouaroudj.
Abdelmadjid Benyahia
La silicose tue en silence à T'kout.
Commentaires (3) | Réagir ?
merci
wanissa
Et ca n'a meme pas commence' - 14 heures par jour, notre bon monsieur...
Il y a quelques temps (2 ans), les Qataris ont signe' un joint-venture avec l'anegerie. On reprend le complexe siderurgique d'El-Hajar. Et on parle de dynamiser l'economie du grand-sud. Y aurait-il de l'Alluminium? Le Zinc pour sur...
Cap Janet ne sera un port-sucrerie, mais un port mineraux. La fortune des la famille Saoud est estime'e a 1, 5 Trillion de Dollars. Vous avez interet a ce que vos enfants soient costauds.
Qui d'entre-vous sera J. Jaures?
Dedie'e a tous.
https://www. youtube. com/watch?v=lkRlCLF0wBE