Affaire Mécili: les précisions de José Garçon sur le pacte du silence entre Paris et Alger
L’affaire Mécili – du nom de l’opposant algérien abattu à 47 ans en avril 1987 à Paris – sur ordre des services secrets algériens, vient de connaître un rebondissement spectaculaire. Vingt et un ans après cet assassinat, son commanditaire Mohamed Ziane Hassani, aujourd’hui responsable du protocole au ministère algérien des Affaires étrangères, a été arrêté jeudi à l’aéroport de Marseille-Marignane à l’arrivée d’un vol en provenance d’Alger et déféré vendredi soir devant un juge des libertés et de la détention à Paris. Il a été inculpé pour « complicité d’assassinat » et placé sous contrôle judiciaire après avoir tenté -en vain- de jouer sur une homonymie avec les policiers puis avec le procureur d’Aix en Provence.
C’est grâce à un mandat d’arrêt international émis en décembre 2007 par le juge Thouvenot, que Mohamed Ziane Hassani a été arrêté.
A l’époque des faits, il était capitaine de la SM, la redoutable Sécurité Militaire algérienne devenue depuis le DRS, le Département du renseignement et de la sécurité. Le juge avait aussi émis un mandat d’arrêt contre le tueur présumé de Ali Mécili, un petit proxénète du nom d’Abdelmalek Amellou.
Il avait fallu vingt ans pour que la rigueur d’un juge et l’activité inlassable d’Antoine Comte, l’avocat d’Annie Mécili, la veuve de l’opposant assassiné, ouvrent une brèche dans l’impunité voulue et organisée par deux raisons d’Etat. Révélé par Rue 89 et le Canard enchaîné, ce double mandat d’arrêt international constituait un évènement dans la mesure où le juge Thouvenot l’avait émis contre l’avis du parquet. Un avis très politique.
Un pacte du silence entre Paris et Alger
Dès le lendemain de l’assassinat du porte parole de l’opposition algérienne, compagnon de toujours de Hocine Aït-Ahmed, le principal opposant au régime algérien, Paris signifiait en effet à Alger que l’omerta serait la règle dans cette affaire. Assurance verbale d’abord : Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, avait « tenu à assurer » par téléphone les autorités algériennes dans les heures suivant le crime que « l’Algérie n’avait rien à voir dans cette affaire ». Garantie concrète ensuite : dès la fin de sa garde à vue, le tueur Abdelmalek Amellou, arrêté à Paris deux mois après son forfait, sera expédié à Alger en procédure « d’urgence absolue ». Tant de mansuétude aura évidemment permis aux autorités algériennes de faire la sourde oreille à la commission rogatoire internationale qui leur sera adressée le 4 septembre 1998.
Seuls les mandats d’arrêts émis par le juge Thouvenot permettront de remettre en cause le pacte du silence passé entre Paris et Alger. Le 2 juillet 2003, ce magistrat avait entendu en qualité de témoin, et sur la demande expresse de Me Antoine Comte, un officier dissident algérien réfugié en Allemagne, Mohammed Samraoui, qui était un responsable des services secrets algériens à l’époque de l’assassinat de Ali Mécili. Samraoui avait déclaré au magistrat avoir assisté fin juin-début juillet 1987 à une réunion au cours de laquelle le tueur Amellou avait reçu des mains de Hassani une forte somme d’argent en liquide, qui n’était visiblement qu’une partie de ce qu’il devait recevoir.
Ces éléments nouveaux décisifs concernant Hassani n’avaient pas suffit à convaincre le parquet de la nécessité d’émettre un mandat d’arrêt contre celui dont la dernière fonction connue était agent consulaire en Allemagne. « La délivrance d’un mandat d’arrêt ne s’impose pas », avait indiqué le parquet sans commentaire en novembre 2007… Neuf mois plus tard, le parquet reste fidèle à sa logique: il a requis un non lieu sur le mandat d’arrêt après l’arrestation de Mohamed Ziane Hassani.
Alger multiplie les interventions auprès de Paris
Les suites de l’arrestation de celui qui a été non seulement l’agent traitant du tueur, mais qui a aussi assuré le « suivi » du crime, diront jusqu’où le Parquet peut bloquer une enquête au moment où Nicolas Sarkozy clame sa volonté de fonder les rapports franco-algériens sur une base nouvelle. Pour Hocine Aït-Ahmed :
« L’impunité accordée jusqu’ici aux commanditaires et au tueur de Ali Mécili est édifiante des rapports malsains qui semblent devoir lier, toujours pour le pire, le régime algérien à l’ancienne puissance coloniale.
« En ces temps où sur la scène internationale, le refus de l’impunité gagne du terrain, on ne comprendrait pas que la France, au nom de la raison d’Etat et d’improbables contrats, s’obstine à considérer que la vie des Algériens ne vaut pas celle des autres peuples. »
De son côté, Me Comte voit dans l’arrestation de Hassani une « bonne nouvelle » :
« Mais il ne faut pas qu’il se produise ce qu’il s’est déjà produit, à savoir l’expulsion vers l’Algérie de suspects avant qu’ils puissent être jugés en France. La justice française prend un grand risque en le laissant en liberté. »
Un risque d’autant plus grand que les autorités algériennes feront tout pour récupérer Hassani. Selon nos informations, dès son arrestation, Alger a multiplié les interventions auprès de Paris. Y compris pour faire valoir son immunité diplomatique. Reste que si il était porteur d’un passeport diplomatique, Hassani n’est pas inscrit sur la liste des personnes qui en bénéficient… « Il faut mobiliser l’opinion pour éviter que Hassani ne s’évapore dans la nature, estime Annie Mécili. Son arrestation justifie le combat que nous avons mené depuis vingt ans. C’est la preuve que la raison des citoyens peut parfois se dresser contre celle des Etats. »
In RUE 89
Commentaires (27) | Réagir ?
d'apres une source digne l'actuel hassani detenu en france et pas celui quon cherche un clan mafieux en algerie a voulu enterrer l'affaire pour un non lieu afin de sauver hassani le bon puisque ce dernier lorsque il eté consul au mali a bien honorer le president actuel en algerie en voulant faire dun lieu au mali comme monument a rapport historique
- Une méprise dites-vous M. Hichem Aboud?
Sachez Messieurs que Hichem Aboud est toujours service de la toute puissante D. R. S Algérienne (Ex- S. M), maintennat, il accorde son violon avec Alger, il nous fait sortir une originale idée, une "méprise" dans le cas Hassani Rachid.
Savez-vous que depuis la rencontre Ait Ahmed, Anne Mecili et Kouchner, les services spéciaux aussi bien du côté français, que du côté algérien, ont pris conscience que le dossier de l'affaire Mecili devient de plus en plus encombrant et compromettant pour les deux parties, alors, il faut mettre sur pied une opération qui leur permettra de contre carrer la stratégie adoptée dans l' affaire Mecili par le trio (Ait Ahmed, Anne Mecili et Kouchner), et oeuvrer à enterrer définitivement le dossier Mecili.
Effectivement, le colonel Hassani Rachid est toujours en Algérie, la police française a arrêté son " homonyme" de Biskra, mais Hichem Aboud savait parfaitement ça, il est même acteur clé dans ce scénario qui a commencé par ses déclartions dans le nouvel observateur, déclarations faites bien sûr après le feu vert d'Alger et aussi de Paris. Hichem Aboud est toujours de service, il a été envoyer par le D. R. S sur Paris pour des missions bien déterminées, l'exil politique n'est qu'une couverture.
Finalement l' Algérie et la France sont deux pays " voyous".
- Haider le Blanc.