Ce que Bouteflika ne dit pas à l'occasion du 10e anniversaire de la Charte
Dix années après l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, il faut constater qu’Abdelaziz Bouteflika a menti et continue à taire la vérité qu’il n’ose dire à la population algérienne.
Le message du président Bouteflika à l'occasion du 10e anniversaire de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale semble aussi faible que sa gestion de la dégringolade des prix des produits pétroliers. Ce qu’il n’a pas mentionné dans son discours est qu’en pleine crise financière dans laquelle son incurie a mis l’Algérie, il pousse actuellement son pays vers son passé sanglant espérant que cette menace lui fera garder le pouvoir.
La Charte pour la Paix et la Réconciliation nationale votée le 29 septembre 2005 par référendum national, censé mettre un terme à une décennie d'affrontements entre les terroristes islamistes et les forces de sécurité n’a apporté ni la paix ni la sécurité. En agissant ainsi, le chef de l’Etat a de plus trahi le courage, la bravoure et l'abnégation des martyrs de l'Armée nationale populaire et des services de sécurité en ne leur donnant pas la justice à laquelle ils avaient droits. C’est le fondement du pourrissement de toute la situation actuelle. Abdelaziz Bouteflika n’a jamais fait justice aux familles et proches des victimes de l’islamisme «abject et destructeur», auxquels il fait référence dans son discours. En aucun pays les véritables préceptes de l'Islam ne demandent d’égorger des policiers, des universitaires et des femmes innocentes. Dans une société juste, ceux qui font ces actes sont des criminels et doivent être punis comme tel.
Un bon nombre des héros, militaires, gendarmes, policiers, gardes communaux, citoyens volontaires, qui se sont sacrifiés pour que survive l'Algérie, ont pourtant été assassinés par des individus actuellement connus du gouvernement. Ces hommes ont violé, éventré et détruit l'Algérie. Après leur crime et leur pardon donné par Bouteflika, ils se sont enrichis et intégrés au système mafieux en place. On les voit actuellement faire du commerce en toute impunité. Certains de ces individus prennent même la parole sur la place publique pour créer un état islamiste en Algérie. Pendant ce temps, les victimes continuent à souffrir en silence. Mais elles ne sont pas dupes de ce qui se passe. La manifestation à Batna le 13 septembre pour dénoncer l'ancien émir de l'Armée islamique du salut, Madani Mezrag, montre que la charte n’a jamais permis aux familles des centaines de milliers de martyrs de tourner la page de la tragédie nationale.
Qu’a apporté cette Charte ? Après 53 ans d'indépendance, l’Algérie ne survit actuellement que par la vente d’une richesse épuisable qui a diminué de plus de la moitié de sa valeur en un an. Bien que le prix du baril de pétrole ne doive pas augmenter de sitôt, les dépenses publiques sont encore sous le régime de la croissance préventive du Printemps arabe pour tenir le peuple tranquille pendant que l’élite continue à s’enrichir des maigres ressources qui restent. Le gaspillage des actifs du pays se poursuit donc de plus belle. Pire, l’univers algérien s'écroule encore plus vite que ne le pensent ses dirigeants. Les pays industrialisés et émergents réduiront au cours des prochaines décennies la part des produits pétroliers dans leur portefeuille énergétique. Or, faute d’alternative viable, l'Algérie est l'un des très rares pays à encore payer ses importations de produits de première nécessité par les revenus des hydrocarbures.
Bouteflika a même dilapidé les bénéfices de la quiétude rétablie grâce à la Réconciliation nationale. Maintenant, l’Algérie fonce vers le désastre. C’est le népotisme du chef de l'État qui a empêché la modernisation des institutions démocratiques. Le pays n’a toujours pas une économie forte libérée de la dépendance des hydrocarbures. En raison de la crise, de plus en plus d’Algériens sont donc à la recherche d'un toit ou d'un emploi. La corruption du régime a empêché la création d’une économie plus florissante.
Avec cette loi d'amnistie initiée dès 1999, le président Bouteflika créait une paix injuste pour toutes les victimes algériennes innocentes des atrocités des islamistes. Il est facile de voir que dix ans après l'amnistie, l’idéologie islamiste l'a emporté en Algérie qui s’oriente vers un moment fatidique, une rupture fondamentale qui risque de tout remettre en cause. Si elle laisse Saïd Bouteflika devenir président quelle que soit l’excuse farfelue qu’il trouvera pour le faire, elle implosera dans la corruption et la violence. Si à l’opposé elle écoute ses meilleurs cerveaux, évolue, change de mentalité, crée une nouvelle dynamique de développement, elle pourra s’épanouir.
Michel Gourd
Commentaires (3) | Réagir ?
YIWEN KAN
Maintenant que le mal est fait, il serait souhaitable pour le pays de trouver quelqu'un capable de balayer toute cette racaille, pour avancer : Chose quasi impossible avec des ghoul, saadani, bouchouareb, etc...
Le matin n'est plus ce qu'il était. Sa ligne éditoriale a changé du tout au tout. De journal profondément engagé il s'est transformé en porte-voix négativiste. Je le déplore.