Espagne : la Catalogne vote majoritairement pour les indépendantistes
Ce que prévoyaient la plupart des sondages s’est réalisé : les indépendantistes catalans ont remporté les élections régionales. Ce scrutin a déjà une valeur symbolique d'un référendum.
L’Espagne retient son souffle et la Catalogne exulte. Le oui politique signifié par une majorité de Catalans pourrait avoir de lourde conséquence pour l'Espagne. Les indépendantistes catalans ont effet obtenu une majorité des sièges au parlement de leur région (nord-est de l'Espagne), selon des résultats quasi-définitifs des élections régionales de dimanche. Dans un réaction désespérée, leurs adversaires ont refusé de reconnaître leur victoire, soulignant qu'ils n'avaient pas recueilli la majorité des voix.
Après le dépouillement de 97% des bulletins, la liste "Ensemble pour le oui", principale coalition indépendantiste, obtient 62 sièges. L'autre liste indépendantiste, d'extrême gauche, Candidature d'unité populaire (CUP), en obtient 10. Ce qui fait une majorité des sièges.
Dimanche soir, les indépendantistes avaient le vent en poupe. L'appétit venant en mangeant, leur leader, Artur Mas, proclamait: "Nous n’allons pas faiblir; nous continuerons à aller de l’avant."
Une majorité absolue
Ensemble, leurs 72 sièges dépassent la majorité absolue à 68 sièges sur 135. En pourcentage, elles ont recueilli 47,8% des suffrages, selon ces résultats. Le président indépendantiste sortant Artur Mas a revendiqué la victoire. "Le oui a gagné, la démocratie a gagné", a-t-il lancé devant un écran géant installé sur une place face au siège de la coalition. "Nous avons un mandat démocratique (...) nous avons une énorme légitimité pour aller de l'avant avec notre projet".
Un des directeurs de la campagne de Junts pel si [ensemble pour le oui], Francesc Homs, s'est adressé à la foule de sympathisants, en se montrant prudent, mais plein d'espoir. "Notre impression, en fonction des données dont nous disposons, c'est qu'il y a une majorité souverainiste claire et nette en faveur de l'indépendance".
Il est vrai que la région catalane a toujours eu des relations houleuses avec Madrid. Les conflits remontent jusqu'au XIIe siècle et ce jusqu'à la période du dictateur Franco. Un statut de "nation" catalane a été créé en 1979 mais remis en cause en 2010 par le Tribunal constitutionnel. Pour autant, la Catalogne fera-t-elle sécession du pays maintenant ? La question est au cœur du scrutin de dimanche, où 7,5 millions d’habitants étaient appelés à voter. Le président sortant catalan Artur Mas espère qu’en cas de majorité absolue, la Catalogne obtiendra sa "liberté" en 2017. Le parti Podemos ne souhaite pas l’indépendance, pour autant il a avancé qu’il revenait aux Catalans eux-mêmes de choisir leur destin. Il leur a donc promis un référendum d’autodétermination.
La région catalane, qui représente 20 % du PIB espagnol et 25 % de ses exportations, pourrait négocier auprès de Bruxelles pour devenir le 29e Etat de l’Union européenne. Madrid acceptera-t-elle cette indépendance ?
L.M./AFP
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