Le néocolonialisme économique
La globalisation économique néolibérale d’aujourd’hui procède des mêmes visées, des mêmes convoitises que celles qui ont motivé et grisé les colonies de l’ancien temps. Son objectif, en réalité, est de s’introduire peu à peu, lorsque les conditions s’y prêtent, d’une manière plus soft, plus intelligente sans avoir à recourir à la solution militaire comme du temps des colonies.
De nos jours, le ballet diplomatique et ses rencontres au sommet marquées par des échanges d’amabilités et de petits soins particuliers sont le plus souvent privilégiés et s’avèrent bien plus efficaces qu’on ne le croit. La "proie" est d’autant plus facile à prendre lorsqu’elle ne possède aucun atout à faire valoir sur le plan du savoir-faire technologique et des capacités managériales lui permettant de s’en sortir d’elle-même. C’est le cas de l’économie de l’Algérie suspendue aux seuls IDE et à l’entrisme des multinationales qui posent d’abord leurs conditions avant de s’engager. Des IDE qui ne sont en fait que des délocalisations d’usine visant à exploiter au maximum la main d’œuvre locale et les insuffisances managériales des autochtones.
Un partenariat cérémoniellement désigné "gagnant-gagnant" mais qui, en fait, concède la part du lion au détenteur du savoir-faire et à sa supériorité managériale. Une sorte de néocolonialisme économique soft qui prend son temps et impose chaque fois ses conditionnalités à la grande satisfaction des responsables politiques du pays fiers de conclure ces marchés de dupes où ils n’ont aucune valeur ajoutée ni des moyens d’intégration à la hauteur pour tenir tête à leur suprématie dans tous les domaines.
Les promoteurs des IDE et des multinationales savent très bien qu’ils n’ont pas besoin de trop se fatiguer pour se frayer un chemin, toutes les portes leur sont ouvertes pour s’introduire aux salons de la grande bourgeoisie compradore d’Etat qui se frotte les mains chaque fois que les bonnes affaires pleuvent. Tout en étant la première à être initiée et en faire sa chasse gardée, elle devient aussi, comme par hasard, la plus débrouillarde dans le maquis de la bureaucratie administrative de notre pays. De la dénationalisation des champs pétroliers au sud et celle du fleuron de l’industrie sidérurgique d’el Hadjar, les convoitises sur les gaz de schistes, sur les vignobles et les meilleures terres d’Algérie, tout a été passé au crible comme dans un remake sans coup férir de l’occupation colonialiste qui s’accaparerait de tous les secteurs de l’économie nationale.
Pour déjouer la combine de ses propres errements politiques, le système fait recours chaque fois à la révision des lois, à la rectification des erreurs de ses «hommes d’Etat» pour sauver ce qui peut être sauvé non sans y laisser des plumes. Des litiges commerciaux à foison et à la résolution ruineuse soit pour récupérer ce qui a été bradé ou pour empêcher des reventes en dehors du droit de préemption, comme les cimenteries d’Orascom, Djezzy, Tango, ENGI, etc. Le CPA, lui, de son côté, a échappé de justesse à la dénationalisation selon la presse. Entre les arnaques passées et ce qui reste à arnaquer il faut chaque fois renationaliser, racheter ou récupérer pour assurer la maitrise de son économie et reconquérir ce qui lui reste de sa souveraineté nationale contre la mainmise de la mondialisation économique néolibérale dont les visées de recolonisation ne sont pas une simple vue de l’esprit.
Khelaf Hellal
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