Burkina: la médiation africaine propose le retour de Kafando
Le président sénégalais Macky Sall travaille à un scénario "qui pourrait très fortement conduire au retour" du président de transition burkinabè Michel Kafando. Son homologue béninois Thomas Boni Yayi a laissé entendre qu'une solution serait annoncée dimanche.
Selon un dernier bilan hospitalier samedi, les violences qui ont accompagné le coup d'Etat ont fait au moins 10 tués et 113 blessés. Les syndicats burkinabè évoquaient eux "au moins une vingtaine de morts par balles", alors que la tension restait vive dans la capitale.
Arrivés vendredi à Ouagadougou, Macky Sall, dirigeant en exercice de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), et Thomas Boni Yayi ont rencontré samedi après-midi, pour la 3e fois depuis leur arrivée, le général putschiste Gilbert Diendéré.
Ils ont mené "des consultations décisives sur un schéma de sortie de crise qui pourrait très fortement conduire au retour du président Kafando", selon un communiqué de la présidence sénégalaise envoyé à plusieurs médias.
Interrogé sur les efforts pour le retour du président de transition, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a répondu: "oui, c'est ce qu'on tente d'obtenir". M. Boni Yayi a indiqué que "tous les acteurs vont se réunir" dimanche matin et laissé entendre qu'une solution pourrait être annoncée.
Rien ne filtrait en revanche sur les éventuelles garanties ou contreparties offertes aux putschistes.
Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité d'élite de l'armée forte de 1300 hommes dirigée par le général Diendéré, un proche de l'ancien président Blaise Compaoré, a pris le pouvoir jeudi. Il a accusé les autorités d'avoir dévoyé le régime de transition post-Compaoré, notamment en excluant les partisans de l'ex-homme fort des élections prévues le 11 octobre.
Plus tôt samedi, les deux présidents africains chargés de la médiation avaient enchaîné les consultations avec les acteurs politiques, syndicaux et de la société civile burkinabè. Ces groupes réclament à l'unisson le départ des putschistes et l'organisation des élections censées faire sortir le pays de la transition entamée fin 2014.
Bonne volonté par Diendéré
Les deux chefs d'Etat étrangers se sont également rendus à la résidence surveillée de Michel Kafando, le président du régime de transition.
A l'issue de sa première rencontre avec ces responsables régionaux, le général Diendéré avait dit qu'aucune décision n'a été prise. "J'ai eu un entretien en tête à tête très fructueux avec les deux chefs d'Etat", a-t-il dit.
"En signe d'apaisement", le nouveau régime avait libéré jeudi soir M. Kafando et deux de ses ministres, séquestrés aux premières heures du coup d'Etat entamé mercredi. En revanche, le Premier ministre et lieutenant-colonel Isaac Zida demeurait "en résidence surveillée", a annoncé le général Diendéré à la presse.
Un peu partout à travers le Burkina Faso, des habitants, souvent des jeunes, ont établi des barrages routiers et brûlé des pneus, paralysant la circulation et le pays pour mettre la pression sur les putschistes.
Seuls quelques marchés et magasins avaient rouvert samedi matin. Mais la plupart des stations-service et des banques restaient fermées, tandis que des habitants avaient érigé, dans le calme, des barricades en travers de plusieurs artères de la capitale. Même situation dans l'Ouest. A Bobo Dioulasso, les barrages empêchaient tout véhicule d'entrer ou de sortir de la ville.
Dès la nuit de vendredi à samedi, les maisons de deux anciens proches de l'ex-président Blaise Compaoré - Simon Compaoré, ancien maire de Ouagadougou et Salif Diallo qui ont tous deux rejoint les rangs de l'opposition en 2014 - avaient été saccagées.
Le président de l'Assemblée du régime renversé, Cheriff Sy, avait appelé vendredi la population à la mobilisation, tout comme le mouvement "Balai citoyen", en pointe dans le soulèvement populaire contre M. Compaoré l'an dernier.
Et dès vendredi, l'Union Africaine (UA) avait annoncé la suspension du Burkina Faso ainsi que des sanctions à l'encontre des putschistes, frappés d'une interdiction de voyager et d'un gel des avoirs dans tous ses États membres.
AFP
Commentaires (1) | Réagir ?
Comme, ils sont tous sans exception, des dictateurs issus des militaires où ils ont prix le pouvoir dans leur pays successif avec l'aide de l'ancien colonisateur.
Il est inutile d'attendre autre chose d'eux, de toute évidence, l'objectif c'est de ne rien faire, sauf, si l'ancien colonisateur ne trouve pas ses intérêts et qu'il intervient pour faire changer les choses, c'est le mode d'évolution des pays Africains, et le dialogue qui consiste à ne rien faire puisqu'ils sont de la même culture tous des dictateurs.