"Exodus II" n'est pas une version reprise pour un nouveau chapitre ou un livre biblique qui raconte les péripéties des hébreux dans le désert. Non ! C'est un récit en hommage au peuple syrien ; éparpillé aux quatre coins du monde, fuyant la mort, la misère et la destruction de l'homme et de sa terre. C'est à Antioche de. Syrie, que l’histoire du christianisme a débuté, car c’est là que l’Évangile a été annoncé pour la première fois aux païens par Paul, de son vrai nom "Saul" et où le christianisme a été ouvert à l'universalité. C’est en Syrie encore, qu’a eu lieu le grand tournant de la chrétienté. Pour vous dire toute l'importance de la Syrie par rapport à la foi chrétienne et au christianisme en tant que religion. Ce monde chrétien qui assiste avec indifférence ou presque aux malheurs de ce peuple. L'histoire le jugera sévèrement. L'Europe, terre promise par le rêve d'une vie meilleure, juste et digne ; mais non permise, hélas, à tous ceux qui la souhaitent.

Le prix de la paix qui a été chamboulé chez eux et en dépit d'eux, soit par la connivence directe de l'Occident, soit par son silence tout aussi condamnable. Cet Occident qui s'est habitué à nous voir mourir et souffrir ; cette paix qui a été excessivement payée par ce peuple syrien qui s'est fait tabasser, insulter, malmener et maltraiter partout où sa terrible passion l'emmenait à travers ces pays de passage, qui lui ont témoigné d'une grande indifférence et d'un immense dédain.

"Un accueil dans la dignité des réfugiés fait partie de nos principes. Ce qui s’est passé ici est honteux et abject. Aucune tolérance n’est possible pour ceux qui remettent ces principes en cause", disait la chancelière Angela Merkel, s’adressant aux xénophobes qui la huaient dans un centre de réfugiés. Berlin avait renoncé à renvoyer les réfugiés syriens vers leur pays d’entrée dans l’UE, une mesure discrètement mise en œuvre de longue date. "Cette remise en cause des accord dits de Berlin est le «seul cas dont nous avons connaissance parmi les Etats membres», disait Natasha Bertaud à Bruxelles la porte-parole de la Commission européenne, qui s’est félicitée d’un «acte de solidarité européenne».

Contrairement à un pays européen dont je ne cite pas le nom, et qui ne partage avec l'Europe que la géographie, hélas. Les valeurs du respect de l'homme, de ses droits, de sa vie, et de sa dignité, ainsi que celle de sa famille, ne sont pour lui que de simples accessoires, sujets à discussion et de marchandage. Des cas de torture, préméditée, intentionnée, répétitive, de langue date, qui continue à ce jour et en dehors de tout contrôle judiciaire. Ces actes malveillants et indignes de la part d'un pays " européen " , exercé à l'endroit de ressortissants, d'innocentes personnes qui résidaient légalement chez lui, relayés par la suite par leur propre pays, où ils furent renvoyés de force via des moyens de coercition psychologiques ignobles, dignes du stalinisme dans ses périodes les plus ténébreuses.

Probablement, ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres, il devrait y avoir d'autres cas, des gens rendus fous puis renvoyés chez eux en tant qu'épaves, pour que leur pays fasse d'eux ce qu'ils veulent. Ces histoires restent bien sûr bien cachées des médias pour ne pas traumatiser l’opinion européenne. Car elles sont tout simplement incroyables et sont dignes d’un roman de série noire.

Aylan, cet enfant syrien, dont le corps inerte a été repêché sur les côtes de la station balnéaire de Bardum en Turquie, image qui était diffusée en boucle par les chaînes du monde, a suscité un fort émoi chez nos amis européens, qui conservent heureusement du cœur, malgré la terrible crise qui remet en cause "l'État de leur bien-être" et le pain qu'ils doivent partager désormais avec " l’étranger".

En Aylan, ce môme angélique, dont le corps gisait sur la plage, dans une position presque endormi ; les Européens ont vu leurs propres enfants et cela était insupportable pour eux. Il commence à comprendre désormais la position anticipée de la chancelière allemande et le bras ouvert qu'elle fit à l'adresse des malheureux, ce qui, en soit, est une marque d’un grand cœur et une grandeur d'âme que cette dame avait exprimé à l’endroit des réfugiés syriens. Cet Occident qui n'acceptait prioritairement chez lui que les chrétiens d’Iraq et de Syrie, et ne défendait clairement chez eux, que les minorités non arabes, aussi bien d'Iraq que de Syrie faut-il le rappeler.

Le monde doit comprendre qu'avec ces pauvres réfugiés qui se noient dans la "mare nostrum", c’est toute notre humanité et nos valeurs de fraternité humaine qui se noient avec eux !.

En Jordanie, au campement Tel Zaatri ou à Kilis en Turquie, les Syriens sont appelés : des réfugiés, mais sur les portes de l’Europe, ils sont à peine décrits comme des émigrants illégaux. Car le flux de la misère s'est trop rapproché d'eux, comme pour leur dire que le monde est si petit, et que le mal que vous aviez laissé faire ailleurs, par votre complicité ou votre silence, se pointera un jour ou l’autre tout près de votre demeure sans crier gare, et en dépit de tous les barbelés, les murs ou les remparts que vous dressez sur son chemin.

Avant d’être un cri à la conscience pour le monde, Aylan est le déshonneur de ce monde arabo-musulman, qui plus que tout, assiste avec indifférence aux massacre de leurs frères de sang et de la foi. Ce comportement indigne envers les Syriens l’histoire le retiendra et le condamnera. Cette Syrie qui a ouvert ses portes à tous, sans visa. Des pays comme le nôtre, qui était dès le début retissant à les recevoir, traitait ces réfugiés d’une façon indigne, ces derniers font à ce jour la manche sur nos trottoirs et dans nos terrasses de cafés, exception faite à une minorité d'entre eux qui ont pu monter des négoces dans la restauration et autres ; comme pour leur dire : vous aviez voulu la révolution, ben méritez donc ce qui vous arrive ! Et éduquer au passage son propre peuple à travers la misère des autres : Voilà ce qui arrivera aux peuples qui veulent la révolution.

Bombarder les souks, les écoles, les hôpitaux et les maisons de cultes est devenue pour les Arabes, une nouvelle façon de se faire la guerre. Soumis aux barils de poudre qui pleuvent au-dessus de leurs têtes, aux couteaux des djihadistes sans frontières, aux missiles balistiques et même aux armes chimiques. En réalité, il n'en reste pas un seul art de la mort et de la destruction qui n'aurait pas été utilisé contre les pauvres Syriens. Et tout cela, sous les yeux d'un Occident calculateur, qui s'est habitué à nous voir souffrir et mourir.

Jamais l'Occident n'a donc été si loin, si en repli par rapport aux préceptes fondateurs de l'apostolique christianisme, avec lequel il prétend en être spirituellement articulé, ainsi que de la fraternelle humanité, que dans ce triste siècle, où l'homme a gagné en technologie et développement ce qu'il a perdu en humanité et en valeur.

Honte à ceux qui tout en vouant leurs âmes au Saint-Esprit tordent leur entendement, au point de soumettre au mal ! La puissance d'un pays n’a jamais résidé dans ses bombardiers ou ses bâtiments de guerre navale, qui déploient sous un secret d’État contre les innocents ; mais ses prises de position envers les faibles et les plus démunis de ce monde, ceux qui ont perdu tout espoir de justice et d’équité parmi les leurs, pour aller le chercher ailleurs sous d'autres cieux.

Une fois de plus, l'Allemagne donne la preuve matérielle et morale qu'elle est vraiment une grande nation, qui mérite respect et honneurs et digne d'être appelée et à juste titre d'ailleurs : le bon élève de l'Europe.

Mourad Chaalal