Mensonges d'un général et élucubrations de citoyen !
Dans son numéro du 12 février 2014, le journal «Al Khabar» avait, en pleine cacophonie pré-électoral, publié un entretien avec le général en retraite Hocine Benhadid qui y avait déclaré que le général Mediene est un loup intraitable ("dib charisse") et ni Bouteflika ni Gaid Salah ne peuvent le dompter.
Beaucoup de citoyens, convaincus qu’une guerre de succession s’est enclenchée, se sont alors mis à attendre l’apparition du "Poutine algérien"» a même, pensaient-ils, de faire comme le russe qui en deux mandats (2000-2008) a relevé la Russie clochardisée par Eltsine et l’a installée sur le fauteuil de l’URSS. Rappelons que durant la même période, Bouteflika, mis au pouvoir en 1999, n’a fait que préparer la régression et le pillage du pays : apparition des "harraga" surnommés "ouleds Boutef", réapparition des maladies comme la peste éradiquées par ses prédécesseurs, arrivée des dégénérés du golf ses anciens hébergeurs, etc.
Dix-huit mois plus tard, les citoyens qui ont lu cet entretien se rendent à l’évidence : en Algérie il n’y a plus de loups en liberté depuis longtemps, il n’y a que des chacals. On s’est rappelé aussi qu’un colonel et un capitaine recyclés nous ont déjà dit que le général «Toufik» n’est qu’un mythe.
Est-ce que le général nous a menti par ignorance ? Auprès du peuple nos généraux ne sont pas réputés pour être des lumières en politique, le surnom de "Mokh" attribué a l’un d’entre eux était considéré comme une invention de la presse. Si les Ricains leur donnent de temps en temps un bon point, on connait la raison : c’est la méthode utilisée pour vaincre le terrorisme et les précieuses informations qu’elle leurs permet d’obtenir. Les ricains apprécient la méthode mais préfèrent la voir utilisée par les autres.
Est-ce qu’il a été missionné pour nous mentir ? On peut le supposer puisque on a eu droit au cardiologue menteur, honte au syndicat des professeurs qui n’a pas réagi, et aux ministres bonimenteurs, ceux-là rien ne leur fait honte depuis longtemps. Que le général Benhadid nous ait menti par ignorance ou sur instruction, une chose est au jour d’aujourd’hui certaine : Bouteflika et Gaid Salah qui n’ont jamais fréquenté ni l’université ni aucune académie militaire semblent savoir ce que Benhadid et ses amis ignorent ou font semblant d’ignorer : la puissance, le pouvoir sans le peuple, dans les pays africains ne peut être acquis que de l’Elysée et ne se donne pas gratuitement, il est au plus offrant.
Le mensonge du général Benhadid nous remet en mémoire un autre : l’armée s’est retirée de la politique. Seulement les faits contredisant cette affirmation sont presque quotidiennement constates par le citoyen. Dans ce cas précis il y a mensonge et ineptie. Ineptie dans la mesure où les algériens n’ont jamais souhaité que leur armée soit apolitique, ils veulent qu’elle soit non partisane et ses cadres non acoquinés aux affairistes. L’instruction et la culture de beaucoup d’algériens leurs ont permis de savoir qu’un état se construit avec les citoyens sur un socle appelé «l’armée»sans que cette armée soit considérée comme une mule qui accepte tout. La première tentative pour «faire l’Algérie» est venue du chef d’une armée algérienne. Ce n’est pas par hasard que le premier président des USA est un général (George Washington), c’est un général qui a fait la France moderne (Napoléon Bonaparte) et c’est un autre général qui la reconstituée après la faillite de 1939 (Charles de Gaule), le fondateur de la Turquie moderne est un général (Mustapha Kamel), citant encor Vladimir Poutine colonel du KGB.
Pour être un socle solide, l’armée observe, suit et surveille mais n’intervient pas dans la vie ordinaire des institutions. Un caporal des «services» ou n’importe quel cadre de l’armée ne doit pas avoir la possibilité de gêner le travail d’un responsable civile, il ne doit le faire que par la voie légale. Evidement faut être ignorant ou naïf pour croire que les «les services» de part le monde ignorent ce qui se passe dans les associations civiles de leurs pays, ils sont informés mais ne sont pas parties prenantes et savent ce qu’ils doivent faire en cas de dérapages. Les informateurs de l’armée sont appelés, dans les anciens romans policiers, «les honorables correspondants» ; ils sont rétribués mais gare à eux s’ils portent atteinte a la collectivité. S’ils piétinent la loi ils la subissent et personne n’intervient en leur faveur.
Avant les mensonges et les opérations de désinformation, il y a eu les échecs des colonels fiers d’être `fils de fellah pauvre` ou fils de `khammas` (Révolution agraire, industrie industrialisante, barrage vert, etc.…). Ces colonels n’ont pas réussi à «faire l’Algérie» mais ils ont veillé à ne pas laisser leur progéniture dans la pauvreté. L’histoire et les générations futures jugeront.
Ceci nous mène à la question : un budget, des hommes en tenu, des infrastructures et du matériel peuvent-ils constituer un socle pour la nation ? Si en Algérie le socle n’existe pas ou s’il est inadapté, le peuple n’en est en rien responsable, c’est l’élite qui a été défaillante, l’élite militaire d’abord et civile ensuite.
Au jour d’aujourd’hui l’Algérien, pouvant imiter de Gaulle ou Mustapha Kemal, semble bloqué par ceux qui n’ont fait ni l’université ni l’académie militaire mais ont fait une bonne offre. Il semble aussi gêné par une donnée qui a été négligée : les dossiers constitués ailleurs alors que se menait la guerre totale contre le terrorisme. Un de ces dossiers est au niveau du tribunal de Genève, un autre a été paraît-il complété il y a deux semaines à Paris et les autres sont apparemment prêts à être soumis au TPI. Mais ceci ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire.
Le dossier du TPI sera neutralisé et ne sera d’aucune utilité pour celui qui l’a constitué si je décide d’aller moi-même au TPI… après avoir fait mon devoir. Je leurs dirais : "Messieurs, dames, je suis à votre disposition, j’ai fait ce que j’ai estimé, en mon âme et conscience, être mon devoir ; faites ce que vous estimez être le vôtre". A un certain âge, on n’oublie pas la mort, l’Algérien raisonnable n’oublie plus de s’y préparer et il est peut-être préférable, à 70 ans d’attendre la mort dans une prison du TPI, certainement au milieu d’une roseraie hollandaise que dans un bunker algérois. Par ailleurs si on réussit un processus à la manière des Polonais ou des Espagnols, les citoyens et les générations futures sauront être reconnaissants. L’adversaire, qui a rêvé de se "pharaoniser", réputé "la dar, la douar, la mra, la ouled même pas par adoption" et dont le bilan de sa vie comporte le détournement de l’argent du trésor et de la luxure, ne présentera aucune résistance ; il ne sait pas résister, il n’a jamais résisté. Il appellera ses patrons qui ne comptent que sur leurs dossiers.
Quand il a fini avec ses élucubrations, le citoyen se rend compte qu’à l’heure actuelle les notions de socle, d’Etat, de nation, ne sont plus d’actualité. On se préoccupe du contenu de la marmite qu’on ne pourra peut-être plus importer dans trois mois ; oubliée la confiance de Ben M’hidi (paix à son âme) en le peuple, oublié le menu de ceux qui ont battu la puissance colonialiste. Mais les moments difficiles sont propices à certains chantiers.
Noureddine Morsli
Commentaires (8) | Réagir ?
Ne pensez-vous pas que vous aussi vous êtres entrain de commettre un petit mensonge peut-être par omission ou en déformant la vérité dans votre quête d’un Poutine à l’Algérienne ? Vous écrivez qu’Eltsine a laissé la Russie dans un état de clochardisation avancé, n’est-ce pas que c’est aller un peu vite en besogne ? En vérité c’est le système Stalinien qui était arrivé à ses limites. Ces limites où On découvrait la nomenklatura s’approvisionnaient discrètement et sans honte depuis l’arrière boutique des grands supers marchés vide de Moskwa, alors que le grand peuple Russe (A l’époque l’URSS), pour qui le soviet suprême est sensé se décarcasser crevait la dalle. C’est le pauvre Gorbatchev par sa perestroïka qui a redonné souffle et dignité à ce grand pays laminé par plus de soixante dix ans de parti unique. S’était le printemps Russe suivit par les pays de l’est. Poutine c’est la contre révolution. Il a profité justement par l’aubaine de la remonter du prix pétrole pour renflouer les caisses vides d’un système d’escrocs qui s’en mettaient pleins les poches exactement comme nos apparatchiks dépensaient leurs devises à « Makam Echahid » dans des magasins inaccessible à nous autres indigènes. Il est entrain de jouer les gros bras grâce à l’or noir tout comme les nôtres. S’il fallait comparer Poutine c’est avec Al Sissi qui a écrasé ses frères à coups de bulldozer qu’il faut le faire. Si les prix du baril de pétrole persistent dans leur baisse, lui aussi il aura à craindre pour son système fait de cinéma.
Vous avez probablement raison, lorsqu'il s'agit d'une dictature, l'armée, elle est considérée comme une milice, ce qui est vraie, elle est au service de ceux qui sont au pouvoir, alors que la majorité d'entre des soldats sont des enfants du peuple, mais ils n'osent pas défendre leur bien, leurs parents, leur famille, ont leur a met des oeillères et ils se taisent et obéissent comme des chiens, à leur maître.
Nul ne détient la vérité absolue, mais on peut faire des extrapolations à partir de ce qui fait l'actualité de tous les jours.
C'est une vision, comme une autre.