La Santé algérienne malade de son système
Le problème de la Santé est beaucoup plus complexe qu’on le croit, il est le résultat de l’absence d’une vision stratégique qui puisse mettre radicalement de l’ordre dans ce secteur en plein déliquescence; bien que des investissements énormes aient été consentis depuis l’indépendance, ses performances restent encore insuffisantes.
Le nerf moteur qui annihile toute forme de régulation ou de vraies réformes se situe au cœur des intérêts occultes ou apparents de la filière du médicament et des équipements hospitaliers. Des sommes colossales sont en jeu et les lobbies des laboratoires pharmaceutiques internationaux avec leurs ramifications internes ne vont pas lâcher prise, tant qu’il n’y aura pas une vraie industrie pharmaceutique nationale qui puisse atténuer cette hémorragie financière. Les gestionnaires des hôpitaux publics, sont le premier rempart et le bouclier protecteur pour défendre l’économie nationale contre la voracité et la spoliation des richesses du pays, mais combien le font-ils ? Ont-ils la volonté de le faire ? Peuvent-ils le faire ? Ont-ils les coudées franches ?… Malheureusement, certains ne sont là, que par la volonté de ceux qui les ont placés là où ils sont pour les servir. D’autres ne sont pas à l’écart de la société et de ce qu’elle secrète, la tentation de l’enrichissement personnel et l’abus des biens sociaux. Personne n’est à l’abri, ceux qui résistent sont rares et ne se font pas d’illusion.
Comme il y a une Économie informelle, des cambistes informels, une École informelle, une Administration informelle il existe aussi une Santé informelle qui ne peut sortir du cadre sociétal régi par des pratiques souterraines, clientéliste et népotiste, et c’est dans la logique des choses. Le ministre de la Santé a pris son bâton de pèlerin, et fait des visites inopinées en "simple" citoyen anonyme dans les établissements hospitaliers publics, pour voir de plus près la situation de son secteur. Certains crient au populisme, d’autres apprécient, les syndicats des personnels médicaux et paramédicaux s’offusquent, rejettent les stigmatisations de leur corps. En effet, personne ne réfute que les conditions d’exercice de l’acte médical, sont en deçà des normes internationales, la carte hospitalière (nombre de médecin par habitant et nombre de lit proposés) reste encore insuffisante pour satisfaire la demande de couverture sanitaire qui ne cesse de croitre avec le peu d’hôpitaux construits, quoique des les moyens mis à la disposition du secteur sont gigantesques. Dans de telles conditions, peut-on parler d’acte médical quand un chirurgien enchaine les interventions dans des conditions intenables qui durent parfois plus de dix heures par jour ; souvent, il ramène avec lui son sandwich et sa bouteille d’eau minérale pour pouvoir tenir physiquement.
Le personnel paramédical est aussi dans les mêmes conditions de pénibilité et de précarité, les infirmiers et les techniciens de la Santé, sont soumis au stress, à l’incivisme des citoyens, aux maladies infectieuses, à la pollution de l’environnement dans lequel ils évoluent (Agents pathogènes, agents chimiques, rayonnement, bruit, manque d’hygiène…). Ils sont généralement dévoués et très professionnels, ils l’ont prouvé durant la décennie noire et pendant les catastrophes naturelles, les tremblements de terre, les épidémies… Leur devoir est de prodiguer le réconfort et les soins aux malades, cependant leurs droits ne sont pas à la hauteur de ce qu’ils donnent physiquement et psychologiquement.
Un chirurgien qui a fait plus de 11 ans d’étude après le baccalauréat perçoit un salaire ridicule qui fait rire un agent de sécurité à Sonatrach, ne parlons pas d’un paramédical qui, en fin de carrière touche au plus un salaire 45000DA, et sort en retraite dans l’anonymat le plus total sans aucune prime de départ. Injuste, pour ceux qui s’occupent de la santé des autres. Ajouter à cela la pression et l’abus de pouvoir de certains directeurs zélés, qui au lieu de créer les conditions favorables à la stabilité des jeunes médecins spécialistes, font tout pour les faire fuir dans le but de conventionner d’autres médecins qui exercent dans le privés. Ils oublient au passage qu’un bon responsable est celui qui force le respect et inspire l’admiration de ses subordonnées et non pas celui qui les tyrannisent et celui qui les démoralisent, au dépens de l’intérêt du patient et du service. Comme il y a des directeurs d’hôpitaux qui passent tout leur temps à refaire les travaux et recevoir les entrepreneurs plutôt que de constater l’état des lieux de leurs services. Faire endosser les dérives du secteur de la Santé aux seuls praticiens et aux paramédicaux, est un non-sens et une vision étriquée de la réalité. Comme dit le Chinois, le poisson pourri par la tête. Il est temps de situer les responsabilités de chacun et à tous les niveaux des intervenants ; car que demande un malade admis à l’hôpital ? En premier lieu des soins, des conditions médicales et de l'accompagnement psychologique. Peut-on parler de conditions médicales si l’hygiène y est absente ? Plutôt de mouroir ! Mais aussi, à quoi bon mettre un malade dans des conditions d’hôtel classé 5 étoiles, si l'acte médical n'est pas à la hauteur de ce qu'il devrait être. Est-il venu en villégiature ? Surement pas. Injecter des milliards de dinars dans ces hôpitaux est insuffisant avec un mode de gestion qui a montré ses limites. Avoir les plus belles structures hospitalières, propres, fonctionnelles avec un corps médical compétent et professionnel, tout cela demande des moyens de fonctionnement et de gestion que le trésor public ne peut pas supporter indéfiniment.
Cuba qui est un pays sous embargo depuis 52 ans est arrivé avec peu de moyens à universaliser l’accès aux soins à toutes les catégories de la population et à obtenir des résultats similaires à ceux des nations les plus développées. Son système de santé repose sur la médecine préventive et ses résultats sont exceptionnels. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait l’éloge du système de santé cubain et appelle le monde à suivre son exemple dans ce domaine et remplacer le modèle curatif, inefficace et plus couteux, par un système basé sur la prévention et souhaite que tous les habitants de la planète puissent avoir accès à des services médicaux de qualité, comme à Cuba. C’est la voie à suivre, dit-on, car la santé humaine ne peut s’améliorer que grâce à l’innovation. Les médecins cubains sont très appréciés partout en Amérique latine et en Afrique.
Cet exemple nous rappelle encore une fois que les systèmes qui ignorent le capital humain, l’intelligence, la créativité, l’innovation et le savoir et qui font le choix du règne de la médiocrité vorace, sont voués inéluctablement à l’échec. Sans une industrie pharmaceutique nationale et sans mettre le gros de l’effort dans une médecine préventive et sur la recherche et le développement, l’Algérie restera consommatrice de ce que les créatifs inventent et lui vendent...jusqu'à quand ?
Ahmed Farrah
Commentaires (7) | Réagir ?
C'est évident qu'il faudrait améliorer les services de Santé dans le pays, mais en attendant il existe d'autres alternatives, personnellement, j'ai opté pour un site reconnu à l'échelle internationale, l est nommé <a href="https://www. turquiesante. com/">Turquie Santé</a>, je vous le recommande.
Les dignes travailleurs de la santé (qui exercent l'un des métiers les plus nobles qui puissent exister... sauver des vies !!! quoi de plus noble que ça) ne devraient pas reproduire l'erreur des anciens travailleurs qui entretripises publiques qui ont laissé faire et parfois soutenu les quelques voyoux qui administraient ces entreprises et qui les avaient mené à la fermeture !!!
un fruit pourri ça s'élimine sinon il finira tot ou tard par pourrir ses voisins !!!