Opération de ratissage de l'armée tchadienne contre Boko Haram sur le lac Tchad
L'armée tchadienne a lancé une vaste opération sur des îles du lac Tchad contre les insurgés islamistes nigérians de Boko Haram, qui ont multiplié attaques sanglantes et attentats-suicides dans la région ces derniers jours.
Malgré la mobilisation des armées de la région, les attaques de Boko Haram ne cessent pas dans les pays concernés. Dans l'extrême-nord du Cameroun, sept personnes ont été tuées depuis dimanche, dont trois décapitées, lors d'attaques menées par Boko Haram.
Le Tchad, en première ligne dans la coalition militaire mise sur pied début 2015 (qui comprend aussi le Nigeria, le Cameroun et le Niger), a décidé de riposter sur les îles du lac, où de nombreux insurgés, affaiblis dans leurs fiefs nigérians, s'étaient repliés ces derniers mois.
"Nos forces (...) ont intercepté (lundi) dans la matinée des éléments de Boko Haram en fuite" à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Baga Sola, l'une des principales villes tchadiennes du lac, a affirmé à l'AFP une source sécuritaire, précisant que de "violents combats" se poursuivaient en fin d'après-midi dans la zone. D'après cette source, un premier accrochage avait eu lieu samedi à Midi Koutou, une île du lac, faisant six morts et 15 blessés parmi les éléments de Boko Haram. Un soldat tchadien a également été tué.
Les combattants de Boko Haram ont "enlevé beaucoup de femmes et d'enfants" dans leur fuite samedi, a indiqué la même source, sans pouvoir préciser leur nombre. "Environ 1.000 hommes (des forces de sécurité et de défense tchadiennes) sont positionnés pour occuper toutes les îles et neutraliser Boko Haram", a-t-elle ajouté.
Une source proche des autorités locales a confirmé "une grande opération de ratissage" dans les îles tchadiennes du lac. "L'armée est entrée en force dans presque toutes les îles (tchadiennes), ce sont essentiellement des petit îlots et des villages où elle fait face à une présence dispersée des Boko Haram", a-t-elle précisé.
Il y a environ deux semaines, "à la demande du gouvernement tchadien, les autorités ont lancé une opération pour évacuer la population des îles (...). Presque 90% des habitants ont déjà rejoint la terre ferme", a assuré cette source.
Ce dédale de centaines d'îlots et de chenaux camouflés entre les hautes herbes sert aussi de repaire pour les combattants islamistes, qui viennent s'y cacher et rafler du bétail et des récoltes.
- Décapitations -
Le Tchad, qui joue un rôle-clé dans la lutte contre Boko Haram, a été récemment touché au coeur: dans la capitale N'Djamena, un attentat-suicide avait fait au moins 15 morts le 11 juillet, le deuxième en moins d'un mois.
Quant à l'extrême-nord camerounais, il n'en finit pas d'être meurtri, après cinq attaques-suicides sans précédent en deux semaines.
Des membres de Boko Haram y ont décapité dimanche trois personnes après avoir attaqué deux petits villages, à une dizaine de km de la frontière nigériane, a-t-on appris de sources sécuritaires camerounaises.
Par ailleurs, quatre personnes ont été tuées lors d'une incursion islamiste dans la localité d'Afadé, également frontalière du Nigeria, où la brigade de gendarmerie et un poste de détachement militaire ont été incendiés, selon des sources concordantes.
Si l'opération militaire régionale lancée en début d'année a infligé de lourdes pertes aux islamistes, elle n'a pas permis de les neutraliser. Les attaques sont devenues quasi quotidiennes.
Les violences ont déjà fait plus de 800 morts depuis l'investiture, fin mai, du nouveau président nigérian Muhammadu Buhari, qui a érigé en priorité la lutte contre Boko Haram, désormais affilié au groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Après s'être déjà rendu au Tchad et au Niger, M. Buhari effectuera mercredi une visite au Cameroun. Cette visite "a pour but de construire une alliance régionale forte pour affronter Boko Haram", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la présidence nigériane. Le déploiement de la force régionale "aura bien lieu à la fin du mois", a-t-il assuré.
Censée améliorer la coordination entre les pays voisins, la Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF), qui aurait dû être opérationnelle en novembre dernier, doit officiellement être prête pour le 30 juillet. Elle doit compter 8.700 militaires, policiers et civils, fournis par le Nigeria, le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin.
AFP
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