Drame meurtrier dans le M’zab
L’ambassadeur d’Algérie à Paris ferme la porte aux délégués des Mozabites d’Europe !
Samedi 11 juillet à 14h, j’ai répondu à l’appel du "collectif des Mozabites en Europe" pour un sit-in devant l’ambassade d’Algérie à Paris. J’y ai retrouvé le docteur Malika Baraka et les journalistes de BRTV mais point d’autres Algériens pour les soutenir dans cette action et encore moins des Français !
L’émotion était grande à la vue de ce groupe (80 environ) d’hommes et d’enfants déterminés et dignes devant les événements dramatiques qui frappent leur région, la vallée du M’zab. J’ai été immédiatement happé au milieu de cette foule quasi silencieuse et brandissant des pancartes dénonçant les graves abus dont sont victimes leurs familles restées au pays. Disciplinés, respectueux des règles de l’ordre public, solidaires, ils étaient là pour dire fermement non à la politique de la terre brûlée pratiquée à leur encontre par leurs voisins châambis, population nomade que le sombre colonel Boumédiène a sédentarisé là depuis les années 1970 pour qu’à terme soit submergée et éradiquée le peuple Mozabite, sa culture marquée par le rite ibadite, la langue amazighe, le culte de l’effort, la modestie inégalable. Mille ans après avoir été chassés du royaume de Tihert par les Fatimides, les voilà confrontés à la même volonté meurtrière des sunnites wahhabites encouragée par l’Etat algérien qui veut les expulser d’une terre qu’ils ont fertilisée à la force des bras et harmonisée de leur intelligence collective admirable.
Le président du collectif, Abdellah Zekri, a fait un discours puis accordé une interview à BRTV pour crier au secours, pour appeler à la solidarité nationale avant d’égrener le nombre de morts et de blessés graves depuis quelques mois, de rappeler la multitude inouïe de maisons et commerces partis en fumée, d’indiquer les traumatismes graves et multiformes subis par les femmes, les enfants et les hommes de cette vallée du M’zab qui a fait durant des siècles la fierté de notre pays.
Il a rappelé avec force le silence complice des autorités et indiqué que «certaines troupes des forces de l’ordre refusent d’intervenir. Certains éléments des ces dernières participent aux pillages et aux agressions. Devant des terroristes tirant à balles réelles, les Mozabites sont contraints de défendre leur vie et leur biens à mains nues». Puis il a fait part de sa consternation de voir des Mozabites innocents comme le docteur Fekhar se faire arrêter au mépris de tout bon sens et du comportement scandaleux de l’ambassadeur qui a fermé les portes de sa chancellerie pour ne pas recevoir une délégation.
Devant l’ampleur de ces drames, que fait le gouvernement de Bouteflika, comment réagit son service de sécurité ? Comme à son habitude, il participe massivement à la répression, encourage les meurtriers et pillards, protège ceux qui, imams ou simples idéologues arabocentriques à la solde de l’Arabie Saoudite, appellent publiquement à la haine raciale ou religieuse par le truchement des prêches ou des "télévisions" Ennahar ou Echourouk et procède à l’arrestation des victimes en emprisonnant leurs leaders ! C’est ainsi que le docteur Kameleddine Fekhar, médecin pacifiste, reconnu pour son engagement permanent en faveur des droits de l‘homme, victime de cette politique de diversion, est arrêté manu militari depuis jeudi 9 juillet avec plusieurs de ses compagnons alors que les plus hautes autorités de l’Etat parlent de la responsabilité d’une main de l’étranger mais qu’elles n’ont pas le courage de nommer celle-ci et de la neutraliser, avouant du coup, la faiblesse de l’Algérie officielle devant ses ennemis avérés.
Cette manœuvre confirme, si besoin était, la volonté politique du pouvoir Bouteflika de poursuite la politique ethnocidaire qui frappe les communautés amazighophones d’Algérie depuis 1962, parce que sûr de son impunité au niveau international. En effet, la France et l’Amérique qui ne cessent de rappeler le drame de la place Tienanmen à Pékin, qui vilipende avec constance la politique de Poutine en Ukraine, observent un silence complice pour tout engagement meurtrier du pouvoir algérien contre son propre peuple.
L’heure est à la mobilisation de nous toutes et tous, particulièrement les Amazighs et leurs amis, pour dire non au racisme d’Etat, non à la violence institutionnelle qui frappe nos frères du M’zab, libération immédiate du Dr Fekhar et de ses compagnons, arrêt sans condition des actions meurtrières des Châambis et des forces de l’ordre et indemnisation immédiate et conséquente des graves préjudices subis par les Mozabites.
Hacène Hirèche (universitaire Paris)
Commentaires (1) | Réagir ?
Je partage la totalité de ce que vous dites dans votre article, sauf une réserve, lorsque vous dites ils ont étaient chassés de Tahart par les fatimides, j'ai un livre écrit par écrivains de la région un Mozabite, il ne dit pas la même chose que vous dans votre article,
Il faut savoir que les Fatimides sont originaire de la Kabylie plus précisément de la petit Kabylie et d'après de nombreux historiens ils auraient chassés les arabes de l'Afrique du nord, ce serait eux qui aurait islamisé l'Afrique du nord et ils auraient rejoint d'abord Ali l'époux de de Fatima fille du prophète de l'islam.
Ils seraient les bâtisseurs de l'Université de Al Zahar en Egypte et de la ville du Caire.
Si, je me trompe, cela veut dire que plusieurs historiens se sont trompés sur les Fatimides.