Hommage à Hachemi Cherif secrétaire général du MDS
Cela fait déjà trois ans que notre camarade Hachemi Cherif nous a quittés. Son absence est ressentie par tous les militants, les sympathisants, et amis du mouvement mais également par tous les patriotes ayant au cœur la lutte contre l’intégrisme et le système rentier.
La fédération d’Alger du MDS authentique invite toutes celles et ceux qui partagent cet idéal à se joindre à elle, le jeudi 31 juillet 2008 à 11 heures au cimetière Miramar (Saint-Eugène), pour un recueillement sur la tombe du regretté Hachemi. Elle les invite également à participer, le même jour à 14 heures au siège du MDS, (67 boulevard Karim Belkacem, Alger), à un premier débat sur l’avant projet de création d’un nouveau cadre sur la base de la ligne stratégique fondée par Ettahadi-MDS, à leur tête notre camarade Hachemi Cherif, pour mobiliser ou remobiliser toutes celles et tous ceux qui aspirent à l’édification d’une république laïque démocratique et sociale.
Fédération d’Alger
« Pour un nouveau mouvement démocratique républicain laïc et progressiste »
Alger le 26 juillet 2008
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Il y a dans la fidélité de la paresse, de la peur, du calcul, du pacifisme, de la fatigue et quelque fois de la fidélité. Ok Hachmi
Le géant et les nains.
Il y a trois ans, le 2 aout 2005, l’Algérie moderne a perdu en Hachemi Cherif un de ses plus grands défenseurs. L’immense vide qu’il a laissé, nous commençons à peine à le ressentir. Non seulement pour ses amis, sa famille et ses camarades mais pour toute la classe politique.
Depuis trois ans en effet, plus personne « n’ose » se prononcer sur ce qui se passe dans le pays et donner ainsi un éclairage à une société qui en a bien besoin. Et ce ne sont pas les sujets qui manquent. agréer tout le monde, pouvoir et opposition.
Très souvent, une fois les projecteurs électoraux éteints, les regards se tournent vers la petite bougie que Hachemi tient allumée envers et contre tout. Dans le noir total de la glaciation autoritaire, son rayonnement maintient l’espoir. Chacun peut alors se guider en attendant les prochains feux d’artifices électoraux. Et ainsi va la vie.
Mais depuis trois années, cette bougie s’est éteinte. Le coma profond dans lequel est plongée la classe politique semble peut continuer, plus personne ne viendra secouer le cocotier.
Un géant
Géant, Hachemi l’était à plus d’un titre.
Il laisse dans la mémoire des Algériens l’image d’un homme conséquent avec lui-même, par contraste avec la versatilité des politiques de notre pays. Que l’on partage ou non ce qu’il pense, pas moyen de ne pas éprouver de respect pour lui. Un respect qu’il a forcé à force d’opiniâtreté, de probité et de droiture.
Cerner l’homme avec ses multiples facettes n’est pas une chose facile. Maquisard, responsable politique, homme de culture, syndicaliste. Sa vie s’est confondue avec celle de son pays pour lequel il a toute donné.
Mais c’est sans doute en tant qu’homme politique que Hachemi a donné libre cours à son géni. Et a été le plus utile à son pays.
Au tout début des années 90, il s’est distingué par une analyse ‘singulière’ de la crise que traverse le pays. Alors que certains l’ont attribuée à une carence de légitimité ou à des difficultés économiques, lui et ses amis nous ont avertis qu’il s’agissait d’une crise de la nature de l’Etat, en ce sens que l’hybridité de l’Etat mis en place depuis 62 a atteint ses limites, qu’il est obligé d’opter soit pour la modernité franche soit pour l’archaïsme. Il a alors forgé le concept de double rupture avec le système rentier bureaucrate et l’islamisme pour permettre à l’Algérie d’accéder à la modernité.
Jour après jour, le temps n’a cessé de confirmer la justesse de cette analyse.
Aujourd’hui que nous avons les caisses de l’Etat pleines d’argent et que le pouvoir s’est « légitimisé » à plusieurs reprises (13 scrutins depuis 90), la persistance de la crise et son aggravation en constitue une démonstration éclatante.
Conséquent avec lui-même et ce qu’il dit, Hachemi a toujours refusé tout compromis avec le système et l’intégrisme. Il refusera de s’inscrire dans le processus dialogue-élection et le payera très chère. Les intégristes l’inscriront en tête des têtes à réduire au silence –ils ont failli réussir en 93- et le système veillera à ce que son isolement soit total.
Toute sa vie, il ne connaitra que pression et intimidation. Jusqu’y compris sa maladie : sa prise en charge médicale à l’étranger sera suspendue. Il aura fallu les foudres du commandant Azzedine pour la rétablir.
Derrière le niet qu’il a toujours opposé aux élections, il y a son refus obstiné de cautionner le compromis entre le système et l’intégrisme que chaque élection porte à un niveau toujours supérieurs.
Il a été celui qui a dit non aux élections qui allaient enterrer l’Algérie en 91. Seul contre tous. Cette position portait en filigrane l’arrêt salutaire de sélections de janvier 92.
Durant les noires années du terrorisme qui allaient déferler sur le pays, il sera aux premiers fronts pour combattre la bête immonde. Ses armes seront la clarification politique et le combat de matrice idéologique du terrorisme : l’islamisme. Mais là aussi, il sera bien souvent seul.
Des années plus tard, en juillet 2003, l’ex chef d’état major de l’armée algérienne himself lui donnera raison en avouant « nous avons vaincu militairement le terrorisme mais l’islamisme est encore intacte. » Mais après quoi? Après avoir cautionné le pervertissement du sens du combat héroïque des Algériens contre l’hydre terroriste? Après que le système ait spolié la société de sa victoire militaire sur l’islamisme et l’ait transformée en victoire politique de l’intégrisme?
Parallèlement à ses fronts de combat, Hachemi a mené une autre bataille, celle rassemblement des démocrates.
Parce que convaincu que ce rassemblement est la condition sine qua non de la double rupture, il a fait de la cristallisation du pôle démocratique une priorité absolue. Au point de négliger la construction de son Mouvement. Ce qui se payera très chère dès les premiers signes de sa maladie.
Dans ce combat du regroupement des démocrates comme dans d’autres, on a envie de dire qu’il a été seul.
Après chaque élection et la tannée qui s’en suit pour les démocrates, la prise de conscience de la nécessité du rassemblement se fait jour. Là, tout le monde se tourne vers Hachemi pour donner l’illusion que les choses avancent en la matière. Mais à peine la mauvaise passe traversée qu’une nouvelle élection se profile à l’horizon. Nos démocrates sont alors pris par le vertige du large et se laissent bercer par les promesses du système. Et revoilà Hachemi seul…
Les nains
Mais dans son sillage, le géant Hachemi a drainé bien des nains.
Parmi ses plus proches ‘collaborateurs’, il se trouvera beaucoup qui s’empresseront de liquider son héritage avant même sa mort.
Profitant de la fragilité théorique dans laquelle le séisme du 8 avril 2004 nous a plongés, nos liquidateurs ont décrété la fin de la ligne de double rupture et se sont mis à se préparer à rentrer dans les rangs. Mais cette auto normalisation a trouvé une résistance. D’où la longue crise du MDS qui conduira à son extinction.
Certes, la situation avait de quoi désarçonner les plus lucides. La reconduction de Bouteflika pour un second mandat était une sorte de fin de mission des démocrates. De fait, ces derniers se sont brusquement trouvés sommés de composer avec une réalité qui ne leur était pas du tout favorable mais qui est due, malheureusement, en partie à leurs inconséquences.
Mais précisément, la raison première d’une politique n’est elle pas de prémunir contre les errements? D’autant plus que rien de nouveau n’a été proposé en échange. Rien qui n’ait été tenté par d’autres. Avec les ‘résultats’ que l’on connait.
Cette œuvre de démantèlement a trouvé des échos favorables au sein de système qui voyait d’un bon œil l’implosion d’un mouvement qui lui a toujours causé des problèmes. L’os MDS a disparu sans que le système n’ait à se salir les mains, voilà le triste résultat auxquels nos nains ont abouti.
Ne nous trompons. Ce n’est pas le MDS en tant mouvement qui gène le système. Ce dernier a atteint un tel degré de puissance que même le parti communiste chinois avec ses 20 millions d’adhérents ne pourra pas le menacer dans l’immédiat. Mais c’est de l’avenir que le système a peur. Et l’avenir appartient à des mouvements comme le MDS avec une ligne politique qui a subi avec succès l’épreuve du temps, un parcours honorable, un immense capital estime et une sympathie qui se transformera en force avec laquelle il faudra compter un jour.
Bref, il fallait oser tuer le symbole. Les nains qui ont grandi à l’ombre du géant l’ont fait.
Sitôt la sale besogne accomplie par les nains d’aujourd’hui que voilà ceux d’hier surgis de leurs planques pour se rappeler à notre mémoire.
Ceux qui ont été battus à plate couture en 90 sont revenus pour nous dire que notre crise est la conséquence de la trahison de la classe ouvrière.
Telles des pendules à l’arrêt mais qui indiquent quand même la bonne heure deux fois par jours, leur espace temporel s’est figé au moment où ils rêvaient de démocratiser l’ex-FIS en lui dispensant des leçons de démocratie.
Admettons que Hachemi ait trahi la classe ouvrière, qu’ont-ils fait, eux, depuis. Ils se sont tus, terrés, complais dans leur exile doré. Hachemi a assumé jusqu’au bout ses choix politiques avec toutes leurs conséquences. Eux n’ont pas beaucoup sillonné les maquis pour donner des leçons de démocratie aux égorgeurs du GIA, de l’AIS ou du GSPC.
Il leur est facile aujourd’hui que leur héritiers aient fini le travail pour eux de venir faire l’amalgame entre l’échec d’une ligne politique et celui de l’instrument qui la porte. Depuis quand y a-t-il un lien de cause à effet entre les deux?
La pertinence d’une ligne politique ne se mesure ni à la faiblesse ni à la force de l’instrument qui la porte.
Comme élaboration théorique, la double rupture est l’œuvre la plus importante accomplie dans l’Algérie indépendante. Comme perspective pratique, elle constitue un horizon indépassable pour qui veut voir l’Algérie sortir de sa crise.
On peut dès lors comprendre le ressentiment de ceux qui avaient vocation à prendre part à son élaboration mais qui ont choisi de rater le coche. Mais le démantèlement de l’œuvre d’un géant ne fera jamais d’un nain autre chose qu’un…nain.
Merhab Mahiout