Tragédie grecque

Les Grecs ne veulent pas sortir de l'Europe.
Les Grecs ne veulent pas sortir de l'Europe.

C’est à une tragédie moderne écrite par des mains noyées dans la finance que le peuple grec assiste.

Tout le monde semble se liguer contre ce peuple grec qui se débat pour se sortir de l’un des pires épisodes de son histoire millénaire. Ce sont six années d’une crise majeure. Tout a commencé par un mensonge, dit-on. Celui du premier ministre Georges Papandréou en octobre 2009 sur les chiffres de la dette.

Un an plus tard, lesté d’une dette de 350 milliards d’euros, le pays demande une aide internationale. C’est le premier pays à obtenir, en mai 2010, un plan d’aide de 110 milliards sur trois ans. Sans résultat. Au lieu de s’améliorer la situation s’empire ! Un deuxième plan est arrêté : en octobre 2011, un prêt supplémentaire de 130 milliards d’euros avec en prime l’effacement d’une partie de la dette des banques privées (107 milliards) est décidé. Le pays ne se relève pas. L’austérité plombe l’économie du pays. A qui ont profité tous ces milliards ? Certainement pas à l’économie du pays.

La politique d’austérité décidée par la troïka qu’est le FMI, la commission européenne et la Banque centrale européenne a mis le pays dans une situation catastrophique. Son endettement se creuse inexorablement, sa population se paupérise. La troïka a imposé une réduction de 40% du budget de la santé. La mortalité infantile a augmenté de 43% entre 2008 et 2010. Ça c’était avant. Mais depuis l’arrivée d’Alexis Tsipras, en janvier 2015, l’Eurogroupe se cabre un peu plus car le premier ministre grec entend mettre fin à la politique d’austérité. Etrange ! Début janvier, le premier ministre refuse les nouvelles coupes budgétaires dans les retraites et une réforme du travail et publie ses propositions de relance aux créanciers. La troïka ne cède pas, elle veut un accord rapide sur les réformes qu’elle a décidées assortie d’une aide de 12 milliards d’euros.

Vent debout, Alexis Tsipras refuse et annonce le 27 juin l’organisation d’un référendum sur ces propositions. La troïka se fait alors plus menaçante et agite le chiffon rouge de la sortie de la zone Euro. L’Eurogroupe a qualifié le référendum, instrument démocratique par excellence, de "coup de force". Le comble ! C’est dire que la démocratie est tout relative.

Après les pressions de la technocratie financière, la quasi-majorité des médias européens sonne l’hallali. Il faut mâter Tsipras et faire reculer le peuple grec. En vain. Le référendum est maintenu pour le 5 juillet. Les discussions sont donc suspendues jusqu’au résultat de ce scrutin. Quel qu'en soit le résultat, il est entendu que la Grèce ne souhaite pas sortir de l'Europe, ses autorités veulent simplement mettre fin à la politique d'austérité. Cela, la troïka ne sait parfaitement et ne veut pas créer un précédent.

Hamid Arab

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klouzazna klouzazna

L'avis de deux Nobels en économie sur la question...

http://www. marianne. net/agora-krugman-stiglitz-votent-non-au-plan-irresponsable-troika-100235236. html