Un lundi décisif pour la Grèce ou ses bailleurs ?

l'Europe va-t-elle casser avec la Grèce ?
l'Europe va-t-elle casser avec la Grèce ?

Les ministres des Finances de la zone euro étaient réunis en milieu de journée à Bruxelles, avant un sommet des chefs d'État et de gouvernement des 19 dans la soirée, pour tenter d'avancer sur le dossier grec.

Wolfgang Schäuble : Pas de propositions substantielles de la part de la Grèce

La Grèce n'a pas présenté de propositions substantielles depuis la semaine dernière et dans ces conditions, le sommet de la zone euro à Bruxelles apportera relativement peu de choses, a déclaré le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

«Je ne vois pas comment, sans des propositions substantielles, préparer le sommet de la zone euro prévu plus tard dans la journée», a insisté le ministre allemand en arrivant sur place.

Jeroen Dijsselbloem : l'occasion de faire une première estimation.

Ce sera l'occasion de faire une première estimation, c'est une bonne base pour d'autres discussions, a déclaré de son côté le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, à son arrivée à la réunion avec les ministres des Finances des 19 à Bruxelles.

«Les dernières propositions de la Grèce sont arrivées seulement très très récemment, donc il sera impossible d'avoir une évaluation définitive», a expliqué M. Dijsselbloem.

Christine Lagarde : des choses intéressantes, mais il faut travailler.

Christine Lagarde, la patronne du FMI, l'une des institutions créancières de la Grèce avec la BCE et la Commission européenne, a évoqué des choses intéressantes de la part d'Athènes, ajoutant néanmoins: mais il faut travailler.

Alexander Stubb : Ne vous attendez pas à une percée.

Ne vous attendez pas à une percée, a déclaré sur son compte Twitter le ministre finlandais, Alexander Stubb, tandis que son homologue irlandais Michael Noonan évoquait déjà un nouvel Eurogroupe jeudi, avant le sommet des 28 déjà programmé.

Moscovici : Le sort de la Grèce "se joue en bonne part aujourd'hui.

"Le sort de la Grèce, de l'euro se joue en bonne part aujourd'hui", a affirmé lundi le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. Il s'exprimait à quelques heures d'un sommet européen qui pourrait permettre de régler la crise grecque.

Jean-Claude Juncker : Je ne sais pas si nous aurons un accord aujourd'hui

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est montré prudent lundi, disant ne pas être sûr qu'il y aurait un accord lundi soir entre la Grèce et ses créanciers, UE et FMI, après un sommet extraordinaire de la zone euro.

«Des progrès ont été faits ces derniers jours, mais nous n'y sommes pas encore. Je ne sais pas si nous aurons un accord aujourd'hui», a déclaré M. Juncker, en accueillant à Bruxelles le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.

Alexis Tsipras : il était temps de parvenir à une solution substantielle.

Ce dernier, à qui M. Juncker a fait la bise à son arrivée, a estimé qu'il était temps de parvenir à une solution substantielle et viable, qui permette à la Grèce de revenir à la croissance au sein de la zone euro avec de la justice sociale.

Les principaux acteurs de la crise grecque à Bruxelles

Après cinq mois de négociations dans l'impasse, les principaux acteurs de la crise grecque se retrouvent aujourd’hui pour deux réunions à Bruxelles, l'une des ministres des Finances de la zone euro, qui sera suivie par un sommet de la zone euro en début de soirée.

Entre-temps, M. Tsipras aura eu toute une série de réunions avec les représentants des créanciers, BCE, FMI et Commission européenne.

D'un accord sur les réformes et les mesures budgétaires que la Grèce doit entreprendre dépend le déboursement d'une tranche de prêts de 7,2 milliards d'euros, en suspens depuis des mois et dont Athènes a cruellement besoin.

Sinon, la Grèce risque de ne pas pouvoir honorer un remboursement de quelque 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin, ce qui la placerait en défaut de paiement et ouvrirait une période de forte incertitude pour l'ensemble de la zone euro.

Faire face à des retraits massifs : Nouveau relèvement de l'aide aux banques grecques par la BCE

La BCE a de nouveau relevé ce matin le niveau de son aide d'urgence aux banques grecques (ELA), a indiqué une source bancaire grecque, précisant que les gouverneurs de la BCE pouvaient si nécessaire le refaire à tout moment.

Le montant du relèvement -- le troisième depuis mercredi pour faire face à des retraits massifs de leur épargne par les Grecs -- n'a pas été précisé. La source bancaire grecque a observé que les gouverneurs pouvaient se réunir à tout moment pour prendre une nouvelle décision d'aide si nécessaire, même encore aujourd'hui ou demain en fonction du résultat des discussions-marathon en cours à Bruxelles entre Athènes et ses créanciers, s'achevant par un sommet européen dans la soirée.

Syriza au pouvoir : La BCE fait cesser une exception favorable.

Presque immédiatement après l'arrivée de Syriza au pouvoir fin janvier, la Banque centrale européenne a fait cesser une exception favorable à la Grèce : elle prêtait jusqu'alors à celle-ci normalement, comme aux banques des autres pays, mais en échange de titres qui n'avaient pas la note de crédit minimum requise par la BCE pour servir de garantie.

Depuis, elle prête chaque semaine, si nécessaire, dans le cadre de cette aide d'urgence, mais à taux moins intéressant. Lundi dernier, le plafond de cette aide avait été porté à 84,1 milliards d'euros.

Le montant des relèvements de vendredi et de ce matin n'a pas été révélé.

Ces relèvements accélérés ont été rendus nécessaires ces derniers jours car, face à l'incertitude qui menace le pays - qui pourrait aboutir soit à un contrôle strict sur les mouvements bancaires, soit dans le pire des cas à un retour à la drachme - les Grecs, sans céder à la panique, préfèrent être sûrs de pouvoir disposer de leur argent librement.

Les retraits ont atteint plusieurs milliards d'euros la semaine dernière, la presse nationale estimant qu'entre 4 et 6 milliards d'euros ont été récupérés (contre 30 milliards sur toute la période entre début décembre et fin avril, derniers chiffres officiels qui marquaient déjà un début d'hémorragie). Ils risquaient de se poursuivre encore lundi, les succursales ayant limité les retraits à quelques milliers d'euros pour pouvoir servir tout le monde, le reste des sommes devant être commandé pour le jour suivant.

Cette crise a déjà été l'occasion de maintes réunions présentées comme très importantes. Mais "cette fois, c'est décisif", a déclaré le commissaire, disant croire en un accord ce soir.

La journée de ce lundi est une journée de réunions marathon à Bruxelles entre tous les acteurs de cette crise, à quelques jours d'échéances financières cruciales qu'Athènes n'a plus les moyens d'honorer. Un défaut de paiement risquerait d'entraîner l'éjection du pays hors de la zone euro, une éventualité que tous les participants disent vouloir éviter.

"Nous arrivons au moment absolument décisif", a déclaré le commissaire européen sur la radio française Europe 1. Et d'ajouter: "Il nous reste peu d'heures".

Optimisme

Dimanche soir, le gouvernement grec a transmis une série de contre-propositions à opposer aux volontés des créanciers d'Athènes, qui ont été bien accueillies à Bruxelles. "Elles vont dans le bon sens, elles peuvent permettre une base d'accord, cela veut dire qu'il y a encore de quoi discuter", a déclaré M. Moscovici.

"Le gouvernement grec a enfin compris, je crois, qu'il fallait envoyer des contre-propositions concrètes et solides", selon lui. Un sentiment positif partagé par le ministre des Finances français Michel Sapin qui a jugé "de qualité", le travail autour des dernières propositions d'Athènes, à l'antenne de la radio RFI.

Enfin, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn y est aussi allé d'une déclaration optimiste: "Il y aura une poussée en avant", lors du sommet, a-t-il dit au micro de la radio allemande Deutschlandfunk.

Les banques se rattrapent

La Bourse d'Athènes a pris part à ce vent d'optimisme. Elle a fait un bond de plus de 7% lundi matin peu après l'ouverture. A 10h10, l'indice général gagnait 7,08% à 736,01 points. Les banques, de loin les valeurs les plus volatiles de la place, s'envolaient, rattrapant leurs pertes de la semaine passée. Alpha gagnait 17,48%, Banque du Pirée 14,42%, Eurobank 15,45% et Banque nationale de Grèce 14,77%.

AFP

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