Grèce/Système monétaire : un Grexit signerait le début de la fin de la zone euro

Alexis Tsipras, premier ministre grec.
Alexis Tsipras, premier ministre grec.

Après l'échec des discussions avec les ministres des Finances de la zone euro, le gouvernement grec annonce qu’il "travaille maintenant à un succès" du sommet européen exceptionnel consacré à la Grèce, convoqué lundi soir à Bruxelles. C’est ce qu’avance ce vendredi le cabinet du Premier ministre Alexis Tsipras.

"Nous souhaitions que les négociations finales se déroulent au plus haut niveau politique de l'Europe et nous travaillons maintenant au succès de ce sommet", "un développement positif", indique un texte du gouvernement grec qui cherche manifestement à rassurer face au scénario d'un défaut de paiement de la Grèce au 30 juin. "Tous ceux qui tablent sur une crise et sur le scénario de la peur seront démentis", écrit encore le cabinet du Premier ministre.

Même tonalité du côté du premier ministre hellénique pour qui un Grexit, sortie de la Grèce de l'euro, signerait le début de la fin de la zone euro. C’est en substance la teneur de l’interview parue ce vendredi dans le quotidien autrichien Kurier. Une déclaration qui intervient juste avant un sommet exceptionnel des chefs d'État et de gouvernement des 19 pays de la zone euro prévu à Bruxelles lundi à la suite de l’échec de jeudi soir.

Faute d'accord entre Athènes et ses créanciers, le débat autour d'un Grexit s’amplifie. Il est alimenté par l’application du programme rigide d'économies imposé par l'UE et le Fonds monétaire international. D’un côté, ce programme induit des sacrifices pour la population sans pour autant améliorer la compétitive de la Grèce et réduire la dette de son État. D’un autre côté, le Grexit n’est pas la panacée aux yeux de Tsipras. Il engagerait, selon lui, un processus irréversible qui mènerait à la fin de la zone euro. Ce qui n’est une option, selon le premier ministre, ni pour les Grecs, ni pour l'Union européenne qui, jusqu'à présent, s'est toujours orientée vers davantage d'unité [et] ne peut se résigner au Grexit, qui serait "prendre la direction opposée et signifierait l'échec de l'idée européenne". Selon le chef de file de syriza "Le concept tout entier doit être revu".

Faute d'accord d'ici à la fin juin, la Grèce pourrait être dans l'incapacité de rembourser au FMI quelque 1,5 milliard d'euros de prêts arrivant à échéance et pourrait alors être en défaut de paiement.

La BCE discute de l’accroissement des financements aux banques

A la demande de la Banque de Grèce, le conseil des gouverneurs de la BCE tient, ce vendredi, une conférence exceptionnelle pour discuter d'un possible relèvement des financements d'urgence (ELA) aux banques grecques. Organisée par téléphone, cette conférence intervient alors que les retraits bancaires en Grèce ont connu une accélération ces derniers jours.

La Banque centrale européenne (BCE) avait déjà relevé mercredi de 1,1 mrd EUR le plafond de son financement d'urgence pour les banques grecques qui atteint ainsi 84,1 mrd

Depuis des mois, Athènes mène de rudes négociations avec ses créanciers, l'Union européenne (UE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE), pour le déblocage d'une nouvelle aide financière en échange de la mise en œuvre de contraignantes conditionnalités et de la poursuite des réformes structurelles dans le pays.

Moscou tend la main

C’est dans ce contexte qu’Athènes et Moscou signent un accord pour un gazoduc russe en Grèce. Le ministre grec de l'Énergie Panagiotis Lafazanis et son homologue russe Alexandre Novak ont signé vendredi à Moscou protocole d'entente pour un accord en vue de la construction d'un gazoduc russe en Grèce. Cette entente intervient alors qu'Athènes est au bord de la rupture avec l'UE.

Le document, prévoit la création d'une coentreprise, détenue à parts égales grecques et russes, qui sera chargée de la construction de ce gazoduc, entre 2016 et 2019, avec un financement russe.

Alors que le gouvernement grec est dans une passe difficile avec ses créanciers et que l'Union européenne vient de prolonger de six mois les sanctions à l’encontre de la Russie , jusqu’au 31 janvier 2016, le vice-Premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch dit que son pays envisage une aide financière à la Grèce. "Nous soutiendrons toute solution sur un règlement de la crise de la dette grecque qui est proposée par la Grèce et par nos partenaires européens", a-t-il dit vendredi dans un entretien télévisé cité par les agences de presse. "Pour nous, les choses les plus importantes sont les projets d'investissement et les échanges commerciaux avec la Grèce, (…) Si un soutien financier est requis, nous examinerons la question".

FMI : pas de période de grâce pour le remboursement

Le ton est différent du côté du FMI. La Grèce doit absolument rembourser le 30 juin l'argent qu'elle doit au Fonds monétaire international (FMI) sous peine d'être en défaut de paiement, car il n'y a pas de période de grâce, a affirmé jeudi la directrice générale du fonds, Christine Lagarde.

Si le 1er juillet, ce n'est pas payé, ce n'est pas payé, a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Luxembourg, avant une réunion de la zone euro consacrée à la Grèce. Il n'y a pas de délai de grâce d'un mois ou deux, comme je l'ai entendu, a-t-elle insisté, évoquant sinon un arriéré de paiement pour le pays.

Les négociations sur la question des retraites constituent l’un des principaux points d'achoppement entre Athènes et ses créanciers. Même si Mme Lagarde se dit ouverte au dialogue sur la question, Athènes accuse ses créanciers, en particulier le FMI, de vouloir imposer des coupes dans les retraites les plus modestes. Nos interlocuteurs insistent à chaque fois sur les baisses des retraites. C'est irréaliste dans un pays où elles ont déjà été considérablement réduites depuis cinq ans, et où les deux tiers des retraités vivent sous le seuil de pauvreté, a lancé le ministre grec et négociateur Euclide Tsakalotos dans un entretien paru hier au quotidien Libération.

Le sommet de lundi s’annonce décisif.

M.B./Agences

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Commentaires (4) | Réagir ?

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klouzazna klouzazna

Et en plus... on veut faire gober l'idée que pendant toutes ces années les grands experts de l'EU et ses commissaires trés munitieux sur les plus petits détails ne savaient rien et ne se doutaient de rien !!! bien sur que non !!!

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Jean-Michelle De La Sarde

Ça fait depuis des années que la Grèce met en péril l'UE, après avoir truqué ses comptes pour y entrer, et maintenant Tsipras se pose en sauveur de l'UE. Bon, mieux vaut en rire.

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