C’était le 14 juin 2001…
Ce jour-là Ali Benflis, chef du gouvernement sans nul doute sous les ordres d’Abdelaziz Bouteflika a signé la décision qui prive jusqu’à présent les Algériens de toute manifestation dans leur capitale politique.
Les Algériens ont perdu, depuis des années, les deux villes les plus importantes de leur pays. Ils ont perdu Hassi Messaoud, leur capitale économique, au profit des multinationales occidentales. Ils ont perdu aussi et surtout Alger, leur capitale politique. Tous les Algériens, quel que soit le motif, sont interdits de manifester à Alger depuis exactement 14 ans, soit au lendemain de la marche historique organisée par le mouvement citoyen de Kabylie afin de remettre une plateforme de revendications au chef du gouvernement de l’époque, Ali Benflis.
Ce devait être un jour de manifestation pacifique, le pouvoir en décida autrement. En utilisant les moyens les plus impitoyables, la répression la plus féroce. En libérant des voyous pour les lâcher contre les jeunes venus exprimer des positions politiques qui auraient pu rassembler en d’autres temps tous les Algériens. Retors, machiavélique, le pouvoir a brisé l’élan populaire, l’espoir d’une je
Les deux millions de Kabyles ont été accueillis ce jour-là par des milliers de policiers. Dès les premières heures de la journée, une répression féroce eut lieu dans les rues d’Alger. On assista à une véritable chasse au Kabyle. Des magasins pillés ? Ce sont les manifestants kabyles, relayera la très officielle ENTV dans son JT de 20H. Il y a eu des morts ? Là aussi les coupables sont désignés par la télé publique : les manifestants kabyles.
Ce jour-là du 14 juin 2001, l’innommable fut commis contre une des plus formidables organisations pacifistes de l’Algérie indépendante.
La responsabilité de Benflis
Ali Benflis paraît au soir de ce 14 juin 2001 sur l’unique chaîne de la télévision algérienne le visage grave. Sa tristesse est indescriptible. Même durant les années noires du terrorisme aucun responsable algérien n’avait exprimé autant de mélancolie. Le chef du gouvernement, dans un discours à l’hitlérienne, avait qualifié les manifestants pacifiques Kabyles de "terroristes". Il a immédiatement annoncé l’interdiction définitive de toute sorte de manifestation à travers tout le territoire de la wilaya d’Alger, en remerciant les délinquants qui ont sauvagement agressé et pillé les commerce de certains quartiers d’Alger. Une décision prise à la hâte et sans aucune consultation, comme si Ali Benflis n’attendait que la moindre occasion pour interdire aux démocrates de s’exprimer.
Quatorze ans plus tard, cette interdiction est toujours en vigueur malgré la levée de l’état d’urgence en 2011. Depuis le 14 juin 2001, Ali Benflis a été poussé à la porte du FLN. Il a brillamment joué l’outsider, à la présidentielles de 2004, faisant même croire qu’il allait battre son ancien patron ! il récidivera pendant la mascarade électorale de 2014.
En ce triste anniversaire de la 14e année cette marche réprimée dans le sang et de la privation des Algériens de toute expression libre dans leur capitale, il est sans doute judicieux qu’Ali Benflis nous en dise un mot sur cette interdiction et réclame sa levée au moins pour sauver la face.
A. Igoudjil
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merci bien
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