Nous et l’insoutenable angoisse des valets de chambre

Nous et l’insoutenable angoisse des valets de chambre

A quoi tient le déclin…Passer de Mustapha Ben Boulaïd à Saïd Bouhadja ! Mais comme dirait un célèbre voyagiste, « au royaume de l’hyène, tu oublies le lion. » Et l’hyène Belkhadem a procréé…
Saïd Bouhadja donc, est un personnage chargé de deux choses : de nous faire oublier Ben Boulaïd d’une part, de la communication au FLN, d’autre part.
Said Bouhadja est angoissé. Brosse à reluire à la main, il attend depuis deux ans des pompes à cirer, mais aucun pied ne daigne se présenter à lui. « Cela fait deux ans que nous sommes prêts au FLN à soutenir un troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika, mais le président tarde à se prononcer… », confie-t-il, dépité, aux journalistes. Avec cette larme supplémentaire : « Nous ne savons rien du projet de révision constitutionnelle…Qu’est-il advenu ? »
Dans sa détresse, Saïd Bouhadja n’est pas seul. Un brave camériste, Miloud Chorfi, porte-parole du RND, l’accompagne dans son insoutenable attente de la botte à cirer. « Nous demeurons sur le terrain de la sensibilisation pour être prêts en cas de situation exceptionnelle », a déclaré hier à Algérie News, plumeau à la main, ce virtuose de la serpillère et du balai.
Et c’est ainsi que dans ce pays gagné par la misère et l’indifférence, la politique est devenue affaire de soubrettes.
Comment qualifier cet affligeant spectacle d’une troupe de domestiques concourant à la reconnaissance du maître, cette compétition entre larbins pressés de se reconduire pour un troisième mandat à la force du déshonneur ? Ce n’est même pas une course de chiens. Il manque à ce carrousel des serfs, en plus du panache et du pedigree, la noblesse du lévrier et cette majesté que Jack London a si souvent décrite chez le chien husky : le caractère farouchement indépendant ! Et il n’y a rien d’amusant : on croit assister à la parade de la Cavalerie de Saumur, on se retrouve, au final, devant un manège de chevaux de bois où l'on court la bague !

Non, cet étalage d’obséquiosités n’est pas qu’une classique prestation de courtisans opportunistes « où chacun cherche pouce mouillé en l’air la direction du vent », pour reprendre un cadre du FLN.
Cette honteuse surenchère dans l’indignité, cette substitution du FLN de Ben Boulaïd par le FLN des valets de chambre, est surtout le signe d’une transition inquiétante vers une république de l’allégeance telle que l’a voulue Bouteflika. C’est le modèle de l’acte par lequel le peuple prête serment au maître du moment, celui qui scelle un lien quasi-mystique entre le prince et ses sujets. Un rite des monarchies archaïques. Un signe de l’essor du tribalisme et de l’embrigadement des zaouias.
Cette république de l’allégeance est l’antichambre de la république islamiste.
Elle annonce une guerre contre ses deux ennemis principaux : la démocratie et la laïcité.
Pour démolir l’embryon d’une société démocratique et jeter les bases d’une république de l’allégeance, le régime a besoin, en effet, d’encourager l’obscurantisme et combattre la laïcité. Elle est sa cible prioritaire car il sait qu’elle nous débarrasserait de ces différentes allégeances et réhabilitera les principes de la citoyenneté laïque et de l’égalité fondamentale entre citoyens. Et elle est indispensable pour que puisse s’instaurer une démocratie véritable, seule susceptible d’apporter enfin la paix civile et la coexistence entre individus considérés en tant qu’individus et citoyens, et non en fonction de leur origine communautaire, de leurs croyances ou de leurs choix politiques.
C’est avec la laïcité qu’on arrêtera de s’entretuer.
Voilà le message inattendu qui se cache derrière un bal de soubrettes et une chorégraphie de plumeaux.

Mohamed Benchicou

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Commentaires (36) | Réagir ?

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Savoune Guemsilen

Avec cet article Benchicou mérite bien de porter mon pseudo. Car il est bien le Savon qui lave ces êtres-torchons qui lèche le pouvoir. Ces Imsilen dont parle Benchicou ne savent que dire Sidi A Rat Iss, Sidi Elwazir, hadharat..., alors que, comme disait Matoub, "Ilmoukhensen izdegh Ulac". Vive l'Algérie de Abane, de Boudiaf, de Matoub, de Benchicou et de Ferhat Mehenni.

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krimo

A mon avis, si on prenait serieusement le cas du FLN d'un point de vue juridique et avec de bons avocats, on arriverait à le dissoudre. Ces sigles, appartiennent à l'histoire de l'Algérie résistante nous avons le devoir de les protéger tout comme nos martyrs de la révolution. Ajouté à celà, l'Algérie étant libre (?), un front de liberation n'a plus raison d'éxister. Il faut se poser la question: comment une pognée de malfrats et d'opportuniste peuvent s'accaparer tout un monument de l'histoire de l'Algérie?

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