De mémoire d'Algérien, même du temps où l'armée n'était pas éloignée du champs politique, du moins en apparence, aucun responsable militaire, ni la revue militaire El Djeich, n'ont eu à prendre une telle position remettant en cause la neutralité de la grande muette, l'épine dorsale fondant la nature et le caractère national et apolitique de l'armée.

Aucun parti, au sortir de son congrès, n'a eu "l'honneur" de recevoir les félicitations de l'Etat-Major de l'armée algérienne. Ces félicitations sont, en fait, un avertissement, non pas aux redresseurs du FLN, qui n'ont ni l'envergure, ni la notion, ni la culture de militants pouvant aller au bout de leurs convictions, mais à ceux qui demandent que le FLN soit libéré pour rejoindre le musée de l'histoire.

Ces félicitations sont, en fait, un message à cette opposition qui ne jure que par un véritable changement radical du système de gouvernance mis en place bien avant l'été 1962, par le clan d'Oujda affairé à la prise ou au partage du pouvoir.

L'ANP, Armée Nationale populaire, qui est la digne héritière de l'ALN, Armée de libération nationale, a donc connu un changement dans son appellation. De l'ALN, elle est devenue ANP. L'ALN était le bras armé du FLN.

Ce qui n'est pas le cas de ce FLN, ce parti qui avait rassemblé toutes les sensibilités politiques de l'époque au service de la libération de l'Algérie.

La logique voudrait que le FLN prenne exemple de l'ALN en changeant de sigle. Le FLN historique a terminé sa mission un certain 19 mars 1962.

Qu’Amar Saadani et ses amis aient l'intelligence de fonder un parti politique sans avoir à s'approprier la mémoire collective ! Le FLN historique appartient à toutes les Algériennes et à tous les Algériens!

Gaïd Salah, en remerciant un homme, des hommes, des clans qui ont usurpé un sigle, semble se replacer sur ce terrain de la guerre où les Algériens se battaient pour l'indépendance du pays il y a plus d’un demi-siècle.

Pour l'indépendance ! Mais, aujourd'hui, de quelle indépendance voudrait parler Gaïd Salah ? De quelle colonisation voudrait-il nous libérer ?

Sans doute de cette volonté d'algériens fatigués, las, abusés, appauvris, martyrisés par un système politique despotique qui a squatté le pays et interdit toute action démocratique. Sans doute de cette opposition politique et syndicale qui se bat pour libérer le pays de cette dictature qui a fait de l'Algérie le pays de la corruption. Sans doute de cette volonté d'en finir avec l'injustice! Sans doute de cette volonté de construire une école républicaine qui formera des citoyens!

Sans doute de cette génération post-indépendance qui voue respect et considération à celles et ceux qui ont libéré le pays mais tient à prendre en charge son destin. Le train est sur les rails.

Achour Boufetta