Rencontre avec Idir : au-delà de tout, il y a l'humain
Chanteur au succès inaltérable, Idir a émancipé la chanson kabyle par la note et le verbe pertinents sur la voie de son rayonnement universel. Il nous livre ici ses sentiments et ses opinions avec quelques aspects de son génie inventif inspiré d'un profond amour pour la culture amazighe et d'une grande sensibilité humaniste.
Le Matindz : Dès ta première chanson Avava Inouva, tu as introduit un nouveau style qui a révolutionné la chanson kabyle. D'où tu tiens ce style ? Et comment expliques-tu l'adhésion immédiate du public pourtant habitué à un genre différent ?
Idir: Il faut croire qu'il y a une révolution à tout. Avant je croyais que le monde s'arrêtait aux limites de mon village, au-delà c'était l'inconnu. Vivre dans un village difficile d'accès oblige à répéter toujours les mêmes choses, à difficilement évoluer. A partir du moment où j'en suis sorti, j'ai écouté d'autres genres de musique et découvert d'autres qualités techniques de jeu musical.
Anciennement, nos instruments s'alignaient sur le chant dans un même mouvement de notes et dans une même gamme donnant un flux linéaire et répétitif. Là, j'ai compris qu'autour de ce flux, on peut aménager d'autres notes de la même «famille», des tierces, des quintes et autres écarts harmoniques. Ces changements n’affectent en rien la cohérence globale du morceau. La musicalité de l’ensemble devient plus riche et s’agrémente d’une dimension verticale offrant un tableau plus complet rendant l’oreille plus satisfaite. J'ai appris que la chanson c'est aussi tout ça, Une mosaïque de sons dans un ensemble homogène. Elle n'est pas un simple trait de crayon mais un tableau avec des formes, des couleurs, des dégradés etc.
Au lieu de superposer les notes sur un même air, on peut avec une guitare reproduire un ensemble de sons qui donnent une mélodie apparente mais imbriquée dans un système de notes, de basse, d'arpège pour donner une forme globale riche et juste. Avec le temps, l'oreille s'éduque et capte une belle harmonie qui charme les sens.
Le Matindz : Doit-on qualifier tes chansons de modernes, de traditionnelles ou bien est-ce un mixage des deux ?
Idir: Ce n'est pas un mixage entre les deux. Elles ne sont pas modernes parce qu'elles comportent du traditionnel, elles ne sont pas traditionnelles car il n'y a pas que du traditionnel. La tradition, c'est ce que nous avons coutume de faire dans la vie courante n'est-ce pas ? Néanmoins, elle est moins figée que le folklore. En partant de l'Achewiq et en utilisant T'vel et la rythmique idhebalen, je fais du traditionnel, mais je demande aussi à d’autres instruments de jouer leurs rôles, en me fournissant les sons nécessaires et fidèles à mon atmosphère musicale, même si ce ne sont pas des instruments «originels». Dans la tradition musicale, notre schéma rythmique était fait essentiellement par le couple T’vel – Amendayer, celui-ci assurant l’assise rythmique tandis que l’autre fait «le fou» en diversifiant les coups. Cette configuration a fait ses preuves depuis des millénaires. Avec une batterie par exemple, on peut réaliser les deux choses. La grosse caisse fait l’assise de l’Amendayer, et avec les tomes, la caisse claire et le métal (hit-hat et cymbales) on fait les variantes du T’vel. Je te donne un autre exemple, quand une femme chante un achewiq, je saisis la mélodie mais je prête surtout attention à la forme qu'elle lui donne au commencement et à la fin. J'essaie de voir si elle est en do ou en ré, si elle termine en la ou en fa, dès lors, je trouve l'accord qu'il faut pour traduire tout le côté harmonique de son chant. Un problème se pose: si on met des tierces ou des quintes on obtient tout de suite la couleur «occidentale». Pour m’approcher de notre ambiance sonore je me suis aperçu que les secondes, quartes etc. étaient plus proches de nos univers. Les couleurs se rapprochent plutôt d’une musique méditerranéenne assez proche de notre musique kabyle. Il n’y a qu’à écouter les chants du groupe “Le mystère des voix Bulgares“ pour avoir une idée plus précise. Il m'a fallu du temps pour comprendre cela. Quant aux rythmiques faites à la guitare, je me suis surpris un jour à reproduire avedaïr et t'vel avec mes doigts en faisant un accord sur ma guitare, sauf que le timbre change entre des cordes et une peau.
J’ai su alors que là, j’étais dans une forme de vérité. Cela peut ne pas être du goût de certains, mais on reconnaîtra tout de même que j'ai essayé de rester autant que possible fidèle à notre identité musicale en lui offrant la possibilité d'évoluer avec aisance dans l'universel. C'est comme ça que j'ai commencé petit à petit. Plus tard, j'ai découvert d'autres styles comme chez certains guitaristes. chacun ayant une manière d'utiliser cet instrument selon sa culture et sa sensibilité, l'un fait du flamenco, l'autre du folk Song ou du Blues... En les écoutant tous, ils m'ont donné des idées sur la façon de chanter notre patrimoine. Sur ce plan, il faut dire qu'ils nous dépassent de beaucoup.
Le Matindz : A propos de timbre, ta voix est assez exceptionnelle, elle porte une marque reconnaissable, elle est souple, cohérente et douce. Est-elle innée ou acquise ?
Idir: Ma voix est simplement douce je suppose. Mais elle n’a pas une large tessiture. Il y a de l'inné bien sûr. L’inné donne l’émotion mais c’est la technique qui donne de l’épaisseur à l’interprétation.
Le Matindz : Peut-on dire que la chanson kabyle était d'une certaine manière confinée dans un environnement montagnard et par conséquent sa texture ne pouvait être que le reflet d'un relief escarpé, accidenté? Dans cette configuration, Voulais-tu ouvrir la voie vers la conquête d’espaces plus étendus, avec moins d'aspérités et vers des horizons lointains ?
Idir: Tout à fait. On est dans ce qu'on appelle le spatio-temporel. Aller vers les plaines c'est aller vers des terrains plus larges. La musique n'est que la traduction de ce que tu vis et de ce qui t'entoure, elle doit évoluer avec toi et avec le temps. Jouer du mandole comme on le fait souvent, ça peut être bien mais ça tourne en rond. Cet instrument possède sa pleine expression avec la musique châabie qui est le blues algérien. Ce genre de musique s’est institutionnalisé. La configuration «mandole, banjo, tar et derbouka» se suffit à elle-même. Mais on peut utiliser ces instruments autrement et prospecter d’autres choses avec d’autres sons. Les nouvelles technologies peuvent beaucoup apporter. Notre musique est de moins en moins heurtée et saccadée. Elle gagne en mélodie qui est l’âme de la musique elle-même. C’est une bonne chose. Seulement, il faut être honnête avec le berceau qui nous a vus naître en sauvegardant notre âme et tendre vers autre chose. S'accrocher à ce fameux « bio » de la musique kabyle c'est la tuer. L'authenticité, le côté absolu, la pureté conduisent souvent vers des théories dangereuses.
Le Matindz : Et ta voix en tant qu'organe, est-ce que tu la soignes ? T'est-il arrivé d'avoir un incident qui l'aurait affecté avant ou pendant le concert ?
Idir : Non, non, rien de tout cela. J’essaye d’être le plus souvent reposé. Un peu d’huile d’olive me fait du bien. En revanche, quand je compose, je m'efforce à un travail de précision et de cohérence entre la voix et les notes de musique. C'est un travail fastidieux. Il m'arrive des moments où je me sens mal à l'aise parce que j'ai utilisé un mot terminant avec un son A qui ne me paraît pas élégant, alors j'essaie le son O ou le L etc, jusqu'à ce que je trouve un bon compromis entre la phrase musicale chantée et la voix. Pour le reste le repos est le secret d’une bonne voix
Le Matindz : J'ai remarqué que tu as un public étranger important qui te suit régulièrement, pourtant il ne connaît rien de la culture kabyle, comment expliques-tu cela ?
Idir : C’est peut-être le contraste de la douceur de la voix qui diffère un peu de ce que l’on entendait habituellement. Sinon dans une chanson s’il y a bien une chose qui nargue la langue c’est bien la mélodie. Quand elle est belle, elle plaît quelle que soit la langue qui la véhicule. On aime bien des chansons hindoues sans en comprendre un traître mot! La douceur est déjà un élément fondamental pour que l'étranger tende l'oreille, ajoute à cela, une mélodie bien travaillée et tu arrives à cette situation où ils se disent « Je n'aime pas en général, mais là, ça me plaît bien». Si en plus, tu sais accorder un verbe et un complément pour expliquer et expliciter, tu as toutes les chances de te faire remarquer. Mais, je pense honnêtement que si tout le monde avait fait de la musique comme moi, d'une manière conceptuelle, je n'aurai sans doute pas eu cette visibilité.
Le Matindz : Concernant justement le verbe, tes textes sont élaborés et portent des messages sans équivoque, alors, pour quel idéal ou quels idéaux tu te bats ?
Idir: Il n'y a qu'un seul idéal, c'est la vie et rien d'autre. Cette vie, tu en fais ce que tu veux. Il y a ceux qui l'appréhendent et ceux qui l’affrontent. L'un pense que sa route doit être rouge, l'autre noire ou blanche, mais au-delà qu'est-ce qu'il y a ? Combien d'idéologies sont apparues puis ont disparues ? Qu'est ce qui reste de vrai après ? Il reste le langage de l'émotion car il n'y a que ça de vrai et de meilleur. Que reste-t-il des anciens artistes espagnols qui chantaient la démocratie sous Franco ? Ceux qui chantaient des textes purs et durs ont disparu, par contre Lluis Llach a survécu à cette période parce qu'il chantait aussi la souffrance des gens, leurs préoccupations, leurs joies, leurs peines. Les discours politiques sont moins importants à l'échelle du temps que ce qui sort de soi en matière de chansons. On ne peut pas échapper à l'émotion parce que c'est le fait culturel qui domine tous les autres et qui gère nos relations. Une chanson vaut mille discours. Certains dogmes s’opposent à l’art en général. Le prophète Mohamed avait choisi Bilal pour faire l’appel à la prière parce qu’il avait une voix magnifique ! N’était-ce pas là une reconnaissance implicite de l’art lyrique ? Par-delà toute chose il reste deux options qui conditionnent tes idéaux: Tu peux situer ta vie entre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas ou choisir entre ce qui se vit et ce qui ne se vit pas. Le premier parcours met sur ton chemin des dogmes, des croyances, des interdits, des règles de vie, etc… avec aussi la “sérénité“ que leur protection procure… Le second met en avant ta liberté de choix. «Je vis ce que j’ai envie de vivre et ne me préoccupe pas du reste» même si ma liberté se termine là où commence celle de l’Autre et même si j’observe mes devoirs et que je fais valoir mes droits. Par-dessus tout, entre ces deux choix, je suis persuadé que , si l’on met comme préalable le RESPECT entre soi et L’AUTRE nous aurons moins de problèmes à gérer. Mes idéaux ? Réduire les inégalités culturelles et identitaires, participer et permettre les mêmes chances pour tous, parfois sans beaucoup d’illusions mais toujours sans réserve! Être sans concession lorsqu’il s’agit de mon identité, de ma langue, envers et contre tous … Envers et contre tout !
Mes idéaux ? Faire en sorte que nos rêves ne soient pas vains et pointer du doigt les responsables de nos malheurs ! Sans violence, avec dialogue et fermeté.
Le Matindz : L'engagement humaniste surpasserait et serait donc plus pérenne que l'engagement politique ?
Idir : Derrière chaque engagement, il y a l’humain, avec ses motivations et ses convictions pour lesquelles il peut se sacrifier. Les combats sont alors longs et fastidieux. Quoi de plus noble qu’une cause juste et quoi de plus juste que le combat pour la reconnaissance de soi-même par des gens qui ne veulent rien entendre ? Sur la cause amazigh, tu n'as pas le droit de faire des concessions, car il est impensable que tu en fasses sur une chose aussi naturelle que la reconnaissance de toi-même. Tu ne peux pas la négocier, elle est de ce fait évidente. Elle ne se revendique même pas, elle est exigible!
Le Matindz : Puisque tu abordes la question de tamazight, quel bilan en fais-tu depuis 1980 ? Avons-nous avancé ou reculé ?
Idir: Avant 1980, il y avait des personnes qui avaient commencé sa défense par leurs écrits notamment à la fin du 19e siècle. On peut citer Monsieur Amar Boulifa. Plus tard il y a eut Belaïd at Ali, Laimèche Ali, les berbéro-matérialistes, et d'autres… Chacun a apporté sa petite pierre dans l'édifice. La prise de conscience est antérieure à avril 1980 lequel n'a été qu'un jalon, qui a constitué la cristallisation du Fait Amazigh sur une grande échelle. C’est le début de la longue marche vers la lumière impulsée par le grand Mouloud Mammeri et tous les jeunes qui étaient avec lui. C’est le début de l'histoire politique pour tamazight. Il y avait alors d'un côté, notre lutte et de l'autre les pouvoirs en place qui faisaient entendre un autre son de cloche en mobilisant de gros moyens pour nous contrecarrer. Malgré tout, nous avançons grâce à la motivation, le courage et la détermination des Amazighs et grâce aussi à ceux qui ne sont pas originellement dans ce combat mais qui de par leur attachement aux libertés d’expression nous ont rejoint puisque cela concerne les droits des humains. Le terrain sur lequel nous luttons est très difficile. Plus une culture est riche, plus sa diversité produit des personnes éclectiques, complètes, épanouies. Aujourd'hui, la culture est ciblée, on lui fait déserter les lieux, alors les jeunes vont vers des valeurs refuges. Les uns s'emmitouflent dans leur burnous, d'autres dans leur hidjab. Soit tu vis entre le halal et le haram soit c'est la tradition qui régit ta vie. Dualité terrible qui a institué des blocages dans les cerveaux. Si on n'arrive pas à s'en sortir c'est l'obscurantisme qui dominera.
Le Matindz : Toi qui a voyagé dans tous les pays d'Afrique du Nord, penses-tu qu'il y a un éveil de la conscience amazigh chez les peuples de la région ?
Idir: Certainement. Je l'ai constaté de manière très concrète. Partout où je suis allé j'ai rencontré cet attachement extraordinaire des populations à leur identité amazigh. Il y a chez eux un afflux émotionnel d'une force terrible qui les motive à tenir à leurs origines. Au Maroc, tamazight est devenue officielle, c'est le fruit d'un long combat. Toutefois, ils ont opté pour la transcription tifinagh. Je demeure assez sceptique sur ce choix. C’est un retour aux sources évident, avec une symbolique émotionnelle forte, mais je sais qu’une langue est viable par son côté pratique , sa communicabilité , sa simplicité d’emploi etc. Certes, le tifinagh est beau et il fait partie de notre culture originelle bien que dans certaines régions il faudrait l'importer puisqu'il n'est pas connu mais cette option ne me paraît pas judicieuse. Les caractères latins sont là depuis longtemps. Monsieur Mouloud Mammeri a su avec brio donner à cette transcription une cohérence, une logique. Une production importante en caractères latins existe déjà. De plus, des études sérieuses ont montré une plus grande efficacité des caractères latins par rapport aux caractères arabes ou tifinagh. Pour l’instant ces transcriptions ne permettent pas une maniabilité optimum. Nous ramener à ces transcriptions nous obligent à tout recommencer, tout refaire. Enfin, nous n’en sommes pas là. Nous ne pourrons rien faire tant que tamazight n’est pas officielle dans notre pays.
Le Matindz : Si j'ai bien compris et je fais référence à tes récentes déclarations, le 20 avril doit être commémoré dans un esprit Nord-Africain ?
Idir: Absolument. il est déjà commémoré dans d’autres pays tels que la France, le Canada le Maroc la Tunisie, la Libye. Comme Yennayer, le 20 Avril est un repère pour des millions de personnes et il symbolise la liberté d’expression. N’oublions pas que “Amazigh“ veut dire “homme libre“ et “femme libre“. Comme pour Yennayer, il nous rassemble. Ces deux repères à mon sens sont incontournables car ils émanent de notre essence même, de nos origines et non d'un dogme quelconque.
Le Matindz : Il n'y a pas longtemps, tu es monté au créneau pour contester contre la diabolisation de Ferhat Mehenni fondateur du MAK, par certains courants politiques et médiatiques, quelles étaient tes motivations ?
Idir: Je connaissais l'existence du MAK. J'ai vu le travail que Ferhat a essayé d'impulser, le courage qu'il lui a fallu pour y arriver. J'ai estimé que cet homme a des choses à dire. Il a connu l’emprisonnement parce qu’il a été jusqu’au bout de ses idées. Au nom de quoi devrait-on l'empêcher de s’exprimer ? Personne, absolument personne n'a le droit de le faire taire. Ce qu'il a à dire il faut qu'il le dise, au nom de la liberté d'expression, au nom de la non-atteinte aux droits de la personne, après c'est à chacun de se faire son idée. C'est comme tamazight, à partir du moment où elle est opprimée, je serai toujours là pour la défendre. Quand elle aura sa légitimité, nous étudierons les problèmes éventuels qui se poseront. Ensuite c'est à ses enfants de faire en sorte qu'elle existe, qu'elle soit pérenne et qu'elle évolue.
Le Matindz : BRTV a organisé plusieurs galas pour Idir, quels sont tes rapports avec cette chaîne et que penses-tu de son rôle dans le combat amazigh ?
Idir: Elle a déjà le mérite d'exister, c'est énorme. Avant sa création, on pouvait juste avoir deux heures d'antenne en kabyle sur une radio libre et c'était déjà l'euphorie pour nous. En ce temps-là, je participais à beaucoup d'actions, j'ai apporté ma contribution à Radio Beur, à l'ACB, aux partis politiques comme le FFS, le RCD et le MCB, des activités intéressantes qui ont fait avancer les choses. Une association comme Imedyazen a fait connaître le fait Amazigh en l’englobant dans une démarche politique qui a donné ses fruits à Paris, puis est venu le temps des radios libres qui servaient à l’époque de caisses de résonances. Mais, les couvertures géographiques furent très limitées. Berbère Télévision est alors arrivée. C'était au début une immense victoire émotionnelle mais une petite victoire technique. Toutefois nous n'espérions pas tant. Je me suis dit qu'avec cette chaîne, il faut y aller, il n'y a pas de problème. Nous avons rapidement atteint un niveau opérationnel sans précédent dans la diffusion de notre culture, la sensibilisation et le rayonnement de notre cause. Quant à moi, je fais ce que je peux, le reste, c'est aux jeunes qui y travaillent que revient la charge de la faire avancer. Il ne faut pas croire que c'est impossible surtout pas. C'est déjà un exploit qu'elle arrive à se maintenir car elle a peu de moyens, ce n'est pas avec quelques milliers d'abonnés qu'elle y arrivera. Elle a besoin du soutien de tous. Par ailleurs, elle évolue en territoire hostile parce que certains sont plus prompts à critiquer qu'à essayer de venir construire avec nous. La télévision, c'est aussi un outil technique avec une professionnalisation dans tous ses secteurs et une grille de programmes adaptés au public dans toute sa diversité.
Le Matindz: Tu as été le parrain du Festival International des Films Berbères lors de sa deuxième édition du 30 et 31 mai 2015. Quelle est ton opinion sur ce cinéma émergent ?
Idir: J’ai été touché par ce geste, c’était un moment exceptionnel où nous avons vu le 7e Art en tamazight s’exprimer sans contrainte ou censure. J'étais très heureux de voir tous ces talents raconter notre identité et d’autres aspects de notre vie culturelle. Nous étions habitués au son avec la musique depuis un certain temps. Nos chansons ont été efficaces car elles ont pu légitimer notre langue. Imaginez maintenant de l’image et du son ! Nous sommes en train de parfaire petit à petit nos paysages émotionnels. Après la musique, le chant, l’artisanat, la peinture, la sculpture voilà qu’arrive le cinéma. Bienvenue !
Entretien réalisé par Mokrane Gacem
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