Moscou refuse à Paris que les Mistral soient vendus à un autre pays
La Russie est disposée à ce que la France la rembourse si les deux porte-hélicoptères Mistral qu'elle lui a commandés ne sont pas livrés mais elle s'oppose "pour le moment" à ce qu'ils soient revendus à un pays tiers pour des questions de "sécurité nationale", ont déclaré vendredi des responsables russes.
Interrogé sur des informations publiées vendredi par le quotidien russe Kommersant, selon lequel Moscou aurait rejeté les conditions de résiliation du contrat proposées par Paris, le porte-parole du Kremlin a assuré qu'il ne s'agissait pas d'un sujet de désaccord majeur entre les deux pays.
"Le principe est le suivant: soit les bateaux, soit l'argent", a résumé Dmitri Peskov, ajoutant que Vladimir Poutine et François Hollande se sont entendus sur ce point lors d'un entretien le mois dernier en Arménie.
Dans son édition de vendredi, Kommersant écrit en citant des sources militaires russes que Moscou a refusé la proposition française d'un remboursement de 785 millions d'euros si la Russie donne son accord par écrit à la revente des Mistral à un pays tiers.
"L'option d'un remboursement de la somme mentionnée dans la proposition française ne nous convient pas du tout et le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine en a déjà informé" Paris, disent ces sources. Moscou estime le préjudice subi par la Russie à près de 1,163 milliard d'euros, ajoute le journal.
Dmitri Peskov n'a pas souhaité commenter directement les informations de Kommersant, selon lequel Paris souhaite en outre que la revente ait lieu avant le remboursement alors que Moscou veut l'inverse.
"DISCUSSIONS A L'AMIABLE" SELON PARIS
Un haut responsable du ministère russe de la Défense a en revanche confirmé que la Russie s'opposait, en l'état, à ce que les navires soient revendus.
"Les deux porte-hélicoptères Mistral ont été construits pour la marine russe, pour nos hélicoptères, nos systèmes de contrôle, notre infrastructure. Ces bateaux ne peuvent en aucune circonstance être cédés à un pays tiers pour le moment, c'est une question de sécurité nationale", a insisté Iouri Iakoubov, cité par l'agence de presse Interfax.
De source française, on indique que "des discussions à l'amiable sont en cours sur les conditions et l'avenir du contrat" sans donner plus de précisions sur leur avancement.
Conclue en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la vente à la Russie de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) est estimée à 1,2 milliard d'euros.
La livraison du Vladivostok, le premier des deux BPC construits à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), a été suspendue pour une durée indéterminée par la France l'an dernier en raison du rôle de Moscou dans la crise ukrainienne.
Le deuxième BPC, baptisé Sébastopol, du nom de la ville de Crimée où est basée la flotte russe de la mer Noire, devait quant à lui être livré fin 2015 à la Russie.
Le contrat Mistral, qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis des mois, se trouve depuis plusieurs semaines entre les mains des avocats qui tentent de trouver une issue acceptable pour les deux parties.
Mi-avril, Vladimir Poutine avait fait savoir que la Russie entendait être remboursée des sommes déjà versées dans le cadre de ce contrat tout en précisant qu'elle n'imposerait pas de pénalités à la France.
Reuters
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