Sur les traces de sa mère, de ses tantes et grands-mères, elle fréquente toute petite, ce bal des femmes kabyles où l'on chante et danse au rythme des mariages et autres fêtes qui égaient les villages en période d'été. Peu à peu elle a fini par prendre le bon pli et se fraye une place parmi les maîtresses de cérémonies.

Elle se met alors à écrire et à composer des chansons dans ce style populaire, qu'elle enrichie de sa touche personnelle avec un brin de révolte contre la condition de la femme qui va la sortir du lot et lui ouvrir les portes d'une vocation plus étendue.

Elle émigre à l'âge de vingt ans à Paris, poursuit ses études de droit et continue en parallèle à cultiver sa passion artistique. Elle ne tarde pas à se faire remarquer par nombre d'artistes kabyles, parmi les grands qui l'encouragent à faire le pas en avant dans la représentation scénique et la production d'un album.

Elle côtoie la troupe de théâtre de Mohia pour laquelle elle déclame ses poèmes, c'est là qu'elle rencontre Nafa Moualek qui lui suggère d'interpréter elle même ses textes. Elle rencontre d'immenses chanteurs poètes comme Slimane Azem, Mohammed Belhanafi, collabore avec Rabah Khalfa, Idir, Kaci Ivoudraren, Rachid Mesbahi, Mohand Said Fahem entre autres...

Par ailleurs, l'époque étant marqué par l'émergence du mouvement social contre le racisme "Ne touche pas à mon pote", elle s'engage sans hésitation auprès de la communauté beur et apporte également sa contribution aux activités de l'Association Culturelle Berbère (ACB) dès sa création.

C'est dans ce contexte que sort son premier enregistrement qui la propulse dans le milieu professionnel. Elle est invitée dans plusieurs festivals internationaux en France, en Algérie et en Hollande. Elle chante avec le groupe zaïrois Malaïka, partage la scène avec Manu Di Bango et Idir. Elle se produira aussi sous le parrainage de l'Unesco, Amnistie Internationale, l'ambassade grecque, l'Institut des sciences Administrative et diplomatiques (INSA) le quotidien Le Monde etc...

Une de ses chansons a failli figurer dans le dernier album de Slimane Azem. "Mais, cela ne s'est malheureusement pas fait car sa dernière œuvre a été produite dans la précipitation juste après son décès", nous explique-t-elle sans cacher sa déception.

Après six albums, elle prépare un spécial fête avec des chansons anciennes et travaille sur des berceuses dédiées aux petites filles. Un genre qui n'existe pas encore arguemente-t-elle. Un complément d'études universitaires en sociologie l'incline à un travail plus fouillé dans le genre folklorique qu'elle revisite avec le regard aiguisé d'une observatrice avisée de la société kabyle.

Les thèmes de société qui irritent l'attirent davantage, comme la condition de la femme et sa participation héroïque à la libération des peuples, la violence, le fanatisme etc... "La sociologie m'a permis de me passer au scanner, j'ai conscience d'être doublement opprimée comme femme et comme amazigh", affirme-t-elle.

L'Ourar est venue la prendre au berceau, aujourd'hui, elle s'en sert pour rehausser ce patrimoine dans une démarche esthétique nouvelle et libératrice.

M.G