Et si on faisait comme les abeilles !

Ne faut-il pas s'inspirer de l'organisation des abeilles ?
Ne faut-il pas s'inspirer de l'organisation des abeilles ?

Tout se passe bien dans le rucher de Da Velaïd, sauf dans la ruche 15DZ où une activité inhabituelle est enregistrée en ce premier jour du printemps.

Ayant constaté durant tout l’hiver que leur reine a perdu de sa superbe, qu’elle a vieilli et qu’elle ne pond pratiquement que des œufs non fécondés, les abeilles décident alors de sauver la colonie et assurer ainsi la continuité de l’espèce, comme le veulent les lois de la nature.

Réunies dans un coin de la ruche, les abeilles ne mettent pas beaucoup de temps pour lancer le processus de changement, seul à même de garantir la survie de la colonie. Elles s’assurent d’abord que le couvain contient bien des œufs fécondés et font appel ensuite aux calfeutreuses qui entament aussitôt la construction de sept cellules royales. Un signal fort pour la vieille reine qui en prend acte.

Après quoi, les nourrices entrent en action en déposant un œuf fécondé de moins de trois jours dans chaque cellule et les gavent de gelée royale. Le changement est en cours et devient même incontournable. La vieille reine, qui suit attentivement le processus de sa destitution, reste étonnement calme, préférant sûrement réagir, ou agir, le moment voulu. Elle n’a, en tout cas, que deux choix, aussi douloureux l’un que l’autre.

Quelques jours plus tard, les calfeutreuses posent des opercules sur les cellules royales. Les abeilles n’ont maintenant rien à faire, sauf gérer les affaires courantes (approvisionnement de la colonie en nectar, pollen, eau…) et attendre la sortie de la nouvelle reine.

Un beau matin, par une journée ensoleillée, un opercule se brise et une reine resplendissante, pleine d’énergie, apparait sous l’œil bienveillant des ouvrières, mais aussi des faux bourdons qui se préparent déjà au vol nuptial et à la fécondation de la jeune reine.

Fatiguée, la vieille reine, qui avait la possibilité de prendre la moitié de la colonie et partir (essaimage naturel) dès le signal fort de la construction des cellules royales, a préféré rester sur place pour livrer un combat à celle qui veut lui succéder. Un combat inégal où elle laissera sa vie dès le premier round.

Les événements s’accélèrent après. La jeune reine empêche tout de suite la sortie des autres reines en détruisant tout simplement les nymphes des cellules royales, comme le lui permettent les lois immuables de la nature. Elle programme dans la foulée le vol nuptial d’où elle reviendra fécondée pour le restant de sa vie, et entamera son règne en donnant le meilleur d’elle-même, dans l’intérêt exclusif de la colonie et pour la continuité de l’espèce.

En faisant une visite de la ruche 15DZ, l’apiculteur Da Velaïd remarque que le changement s y est effectué dans la douceur, comme d’habitude. Satisfait, il referme la ruche et en reste là, figé, à méditer sur le comportement de ces petites bêtes qui ne sont pas aussi bêtes que ça.

Le soir, en quittant son rucher, Da Velaïd n’a qu’un seul souhait : vivre dans un pays où les humains font comme les abeilles.

Ahcène Bettahar

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