La Coordination des Mouvements de l’Azawad laisse planer le doute
Dans le contexte du conflit qui oppose l’Azawad et le gouvernement du Mali et particulièrement la crise qui secoue le Mali depuis 2012 et des graves enjeux que cette situation engendre tant sur la cohésion du Mali que sur la paix et la stabilité régionale, des efforts louables et combien importants ont été menés, depuis le déclenchement de ce conflit, par les puissances régionales et internationales.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad a tout au long de cette marche à la recherche de la paix, durant les cinq rounds des négociations pilotés par l’Algérie entant que chef de fil de la médiation internationale, n’a ménagé aucun effort pour parvenir avec le gouvernement du Mali à un accord de paix qui corrige les bases des relations entre l’Azawad et l’Etat malien à travers la reconnaissances de droits inaliénables et légitimes de ses populations.
La Coordination des mouvements de l’Azawad -CMA- n’a jamais opposé un quelconque refus au projet d’accord présenté par la médiation. Bien au contraire, elle a été la première à appuyer les efforts de celle-ci en signant la feuille de route élaborée par celle-ci, le 24 Juillet 2014, à Alger. Une démarche qu’elle avait engagée, bien avant, en entérinant avec la CEDEAO l’accord préliminaire de Ouagadougou, le 18 juin 2013. C’est ainsi qu’à la faveur de cet accord que des élections présidentielles et législatives ont été tenues au Mali alors même que les conditions de leur tenue n’étaient pas évidentes. Les mouvements de l’Azawad dans un effort sincère de stabilisation ont consenti que ces élections se déroulent dans l’Azawad ou les candidats ont été autorisés, sans contrainte aucune à s’y rendre et à y faire campagne.
En cela, la CMA avait toutes les raisons d’espérer que le processus engagé à Alger était prometteur et pouvait permettre d’avancer vers un accord qui prémunirait l’Azawad et le Mali de l’insécurité, du terrorisme et garantirait à l’ensemble du peuple malien le développement, le bien-être et la paix définitive.
Notre détermination sans faille sur le chantier menant à la paix, nous a conduit à prendre des engagements importants. Telle était la conviction des Azawadiens en reconnaissant l’intégrité territoire du Mali, dans un souci de contribuer à la stabilisation du Mali afin de permettre la mise en œuvre d’une nouvelle politique et de nouvelles mesures qui aboutiraient à une prise en main d’une partie de leur destin dans le cadre d’un «Mali nouveau» ; avant que le président malien, ne décide de renier ses engagements de campagne a la veille de l’élection présidentielle au Mali
Dans le cadre du processus de négociations piloté par l’Algérie en qualité de chef de fil de la médiation, soutenu par la communauté internationale, la CMA, malgré les violations, les milices constamment ouverte à tous les efforts visant à rétablir la paix, a d’emblée accepté de souscrire aux efforts entrepris par l’Algérie dans ce contexte.
L’espoir fondé par les Azawadiens en ces négociations pour la prise en compte de leurs aspirations fondamentales ressort clairement à travers notre participation constante à tous les rounds des négociations tenus dans la capitale algérienne entre Juin 2014 et Février 2015.
Lors du 5e round des négociations, le processus est parvenu à un projet d’accord qui a été dès le départ qualifié par la CMA comme une base importante pour parvenir à un accord définitif et consensuel.
Visant officiellement à mettre fin aux violences et appelant à la reconstruction de l’unité nationale du mali, le document a été soumis au paraphe des parties le 1ermai 2015.
Dans une démarche inclusive et de partage de l’accord, la CMA a demandé un délai en vue de consulter les populations qu’elle représente, et, après consultation de sa base, du 12 au 15 mars 2015, a fait part, le 17 mars 2015, à la médiation de ses réserves concernant certaines de ses dispositions considérées comme bloquantes pour la paix.
Il est important de souligner que l’accord insiste sur l’unité et l’intégrité territoriale de l’Etat du Mali, ainsi que sur son caractère républicain et laïc. Un point que la CMA a d’emblée soutenu au même titre que la majeure partie des termes du projet d’accord.
Toutefois, la CMA, compte tenu de la complexité du conflit, sa nature essentiellement politique, et des enjeux qu’il comporte sur la paix et la stabilité aussi bien nationale que régionale, a considéré, tout en louant les effort colossaux entrepris par le médiateur, que le projet d’accord proposé, comporte des aspects qui nécessitent la poursuite de discussion en vue de parvenir à un compromis sur des points qui nous paraissent essentiels. Aussi, dans le but de le rendre plus équilibré et plus efficient, a-t-elle entrepris de proposer quelques amendements qui auront l’avantage de permettre de faire sortir réellement le Mali de la crise actuelle.
Plusieurs efforts ont été entrepris par la CMA pour parvenir à un terrain d’entente.
Devant la situation de blocage née de l’impossibilité de parapher le document proposé par la médiation et face aux attaques accusant la CMA de torpillage des négociations, nous avons dans le cadre d’une initiative volontariste, et pour faire sortir la situation de l’impasse, entrepris de nous rendre à Alger, du 31 mars au 06 avril 2015, dans une mission de contact et de discussion avec la médiation.
L’objectif de cette mission visait à explorer de manière bilatérale les voies susceptibles de faire avancer les négociations. Lors de ses discussions avec la médiation, la CMA s’est vu opposé une fin de non-recevoir et que le texte de l’accord était sans appel.
Apres les échanges avec le chef de la MINUSMA, le représentant spécial du Secrétaire General de l’ONU qui ont abouti à l’idée du paraphe assorti de discussions autour des demandes qui seront débattues et ultérieurement, la CMA a accepté de parapher l’accord avec les réserves qu’elle a affirmées et remises précédemment à la médiation
Malgré ses réserves, la CMA a daigné répondre favorablement à l’invitation adressée par la médiation aux parties belligérantes pour participer à une rencontre le 15 avril 2015.
Ainsi, au terme de consultations tenues à Alger, du 15 au 18 avril 2015, avec le chef de fil de la médiation, la délégation de la CMA est retournée sans avoir constaté des progrès notables dans l’avancement du chapitre relatif à ses amendements.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad a réaffirmé sa disposition à poursuite les discussions lors de la rencontre avec le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU tenue le 26 avril 2015 à Nouakchott. Au terme des discussions avec M. Hamdi Mongi, la CMA a réaffirmé sa décision de parapher l’accord d’Alger suivie de discussions intermédiaires entre la période qui sépare le paraphe et la signature malgré que cette démarche ne correspondait pas à la logique de départ de la CMA.
La réaction du gouvernement malien à la main tendue de la CMA et aux multiples démarches de bonne foi dont elle n’a cessé de faire preuve, a consisté à attaquer la ville Ménaka sous contrôle de la CMA en violation flagrante de tous ses engagements aussi bien celui de la déclaration d’Alger de cessation des hostilités que du cessez le feu du 23 mai 2015 à Kidal.
La CMA pense que le peuple malien est à un tournant historique de sa réalité politique et doit saisir cette opportunité pour asseoir les bases d’une paix juste et durable dans l’intérêt supérieur des populations du Sud et de l’Azawad.
Le gouvernement du Mali et la Coordination des Mouvements de l’Azawad ont aujourd’hui la lourde responsabilité d’asseoir une paix véritable qui corrige les échecs de la relation politique qu’ont entretenu jusqu’ici les précédents gouvernements avec l’Azawad depuis plus d’un demi-siècle et qui réoriente les mécanisme de gestion de l’Azawad par le gouvernement malien. La paix que nous appelons de tous nos vœux doit être guidée par des convictions propres et non dictée par qui que ce soit. S’impose alors aujourd’hui la nécessité de l’émergence d’un nouveau contrat social entre le gouvernement du Mali et l’Azawad. Nous demeurons convaincus que toute solution à la crise, qui ignore les préoccupations du peuple de l’Azawad est vouée à l’échec.
La CMA condamne la création, l’armement et l’utilisation des populations civiles déguisées en milices, de même qu’elle condamne toute violence non légitime.
Concernant la dégradation sécuritaire née de la violation du cessez le feu par les milices pro-gouvernementales, nous appelons au retour de chaque force sur ses positions définies par le cessez le feu du 23 mai 2014 et la déclaration d’Alger de cessation des hostilités du 24 juillet 2014 réaffirmée le 09 février 2015 toujours à Alger.
La CMA tient, enfin, à rappeler sa volonté et sa détermination à contribuer dans le processus de règlement de la crise politique qui oppose l’Azawad au gouvernement du Mali.
Elle ne peut que déplorer les blocages actuels qui sont dus, à l’entêtement du gouvernement malien à vouloir imposer un plan de règlement qui ne bénéficie pas du soutien et de l’adhésion des populations de l’Azawad et qui comporte, en lui, les germes d’une nouvelle déflagration et d’une escalade dont le Mali, l’Azawad et la région peuvent s’en passer.
La CMA, consciente des enjeux graves que fait peser la situation au Mali sur la paix et la sécurité régionale et internationale, ne cessera de rappeler son engagement certain pour promouvoir la stabilité et sa détermination à poursuivre les efforts nécessaires à l’avènement de la paix.
La CMA entend faire savoir que ses convictions ne peuvent faire l’objet d’aucun marchandage ni d’aucune surenchère et menaces. Tout en restant fidèle aux idéaux de la paix, elle tient à rappeler qu’aucune ébauche de solution ne saurait être définie sans tenir compte des aspirations légitimes du peuple de l’Azawad.
La CMA tient, enfin, à remercier la médiation internationale et son chef de fil l’Algérie, la communauté internationale, la France, les Etats-Unis d’Amérique, les pays voisins pour leur intérêt constant et pour leur soutien aux efforts de stabilisation du Mali et de l’Azawad.
Pour la Coordination des mouvements de l’Azawad
Bilal Ag Acherif
Le 12 mai 2015
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MERCI