Avec un chef d’Etat en fauteuil roulant et un gouvernement non issu de la majorité, les Algériens peuvent se targuer d’une gouvernance unique au monde. Reste à savoir, cependant, si cette gouvernance inédite nous mènera à bon port, ou droit au chaos.

Une chose est sûre, en tout cas, beaucoup de chefs d’Etat étrangers ont visité ces derniers mois l’Algérie en caressant certainement l’espoir de voir de près et, pourquoi pas, comprendre comment fonctionne un pays aussi grand avec si peu d’actions.

N’oublions pas, tout de même, que notre ched d'Etat ne parle pas directement à son peuple, ne se déplace plus à l’étranger ni même en Algérie, ne tient que très rarement des conseils des ministres, et pourtant tout marche comme sur des patinettes, selon l’ancien farouche opposant, Amara Benyounès. "Le président de la République travaille avec sa tête, pas avec ses pieds", nous le rappelle régulièrement le même Benyounès, des fois que nous l’aurions oublié.

Mieux encore, à en croire notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, en plus de tout cela, notre pays est devenu un exportateur net de stabilité. Et avec un tel tableau, il y a encore des ingrats qui continuent à croire que nous vivons toujours d’exportations d’hydrocarbures et d’eau fraîche ! Oiseaux de mauvaix augure va !!!

Notre président et nos ministres connaissent tout, dans tous les domaines, et n’hésitent pas à nous le faire savoir via les médias publics qu’ils squattent à longueur d’année. Parce que les médias publics n'ont de public que le nom, le reste, l'antenn et les micros sont pour les ministres et clients du pouvoir. Pour les débats contradictoires, entre les tenants du pouvoir et l’opposition, le téléspectateur, ou l’auditeur, doit repasser. Nous ne sommes plus au début des années 1990, ne l’oublions pas !

Nos gouvernants aiment nous rappeler aussi, chaque jour, ce qu’ils font de bien pour nous. En l'espèce on est servi. Ils adorent par-dessus tout nous montrer les opérations de relogement des habitants des bidonvilles, l’AEP, l’électricité et le gaz qui arrivent dans les hameaux les plus reculés, mais oublient dans la foulée qu’ils nous démontrent, avec l’image et le son, qu’ils y a des Algériens qui vivent encore dans des taudis, sans eau potable, ni électricité, en 2015. Ceux-là, ils sont cachés aux caméras de télévision.

Enfin, il est à se demander pourquoi la télévision algérienne insiste pour nous montrer quotidiennement des ministres en train de faire un travail banal, et omet de nous montrer les Algériens qui font un travail extraordinaire. Nous vous l’avons dit : la gouvernance algérienne est unique au monde !

Ahcène Bettahar