Le 17 avril : un bien triste anniversaire
Une année après la reconduction d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’État, l’instabilité va crescendo. Bien qu’il ne s’agisse nullement de polémiquer sur sa maladie, il n’en reste pas moins que son acharnement à mourir sur le trône contribue à amplifier la crise. Car, le "vainqueur" de la présidentielle du 17 avril 2014 – un scrutin déterminant dans les pays où cette fonction signifie quelque chose – ne dispose pas de ses facultés en vue d’exercer une telle charge.
En tout état de cause, bien que ses porte-paroles aient vanté les capacités du candidat sortant –l’un des plus zélés d’entre eux est allé jusqu’à affirmer que Bouteflika était plus intelligent que tous les Algériens réunis –, une année après, la réalité lui apporte un démenti formel. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’aucun secteur n’a enregistré de résultats positifs. Le dernier épisode sur la vente des boissons alcoolisées témoigne, si besoin se fait sentir, de l’absence d’autorité. Mais, où est le «président» compétent ? Alors que ses porte-paroles le comparaient tant tôt à Roosevelt et tant tôt à Merkel, la chancelière allemande, ce dernier brille par son absence.
En tout cas, il suffit que le marché pétrolier baisse pour que la panique gagne le pays. Dans la réalité, et même quand il était en bonne santé, le seul génie de leur adulateur se résume à dépenser l’argent du pétrole. Et qui plus est, la gestion opaque de ce bien, appartenant en théorie à tous les Algériens, profite aux affairistes dépourvus de tout scrupule. D’ailleurs, s’il y a un seul domaine qui s’est développé depuis avril 1999, c’est bien évidemment celui de la corruption. Sinon, comment expliquer des achats immobiliers, en France, par exemple, par des dirigeants algériens, alors qu’ils ne détiennent pas d’entreprises créatrices de richesses ? Dans le dernier livre qui vient de sortir sur l’Algérie, intitulé "Paris-Alger : une histoire passionnelle", les auteurs révèlent que la fille de Sellal logerait dans un appartement, acheté par son père, valant 860 000 euros.
Quoi qu’il en soit, pour amuser la galerie, le chef de l’État se lance dans la énième révision constitutionnelle inutile. En effet, à quoi sert un texte fondamental si les dirigeants n’y croient pas à son esprit. Bien qu’il y ait des simulacres de consultations depuis juin 2014 – le peuple est bâillonné depuis le recouvrement de la souveraineté nationale –, le dernier mot revient aux décideurs. C’est en ce sens que la révision en cours n’intéresse que ses rédacteurs. D’autant plus que son adoption se fera par la voie parlementaire. Ainsi, malgré la présence des partis d’opposition dans l’hémicycle, les Algériens savent parfaitement que le pouvoir législatif est subordonné au pouvoir exécutif. Pire encore, en contrepartie d’une augmentation de salaire –une revendication pour laquelle les députés pro-régime se battent de toutes leurs forces –, ceux-ci sont prêts à voter n’importe quel texte.
En somme, il va de soi que le bilan de la première année du mandat présidentiel est un échec. Sur le plan politique, bien que le spectre révolutionnaire ne se manifeste pas à l’horizon, la crise s’enlise de jour en jour. Ainsi, une année après la reconduction du chef de l’État dans les conditions que l’on sait, l’Algérie donne l’impression qu’elle n’est pas gouvernée. Du coup, s’il y a quelque chose à changer, ce sera la restitution du pouvoir au peuple, et ce, pour qu’il puisse se donner lui-même le soin de choisir librement ses représentants.
Boubekeur Aït Benali
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