Pénurie de carburants en Algérie : la faillite d’un modèle économique

Cette pénurie est la meilleure preuve que le gouvernement navigue à vue.
Cette pénurie est la meilleure preuve que le gouvernement navigue à vue.

Dans une audit réalisée sous ma direction assisté des principaux dirigeants et cadres supérieurs de Sonatrach, d’experts indépendants et du bureau d’Etudes américain Ernest Young réalisé entre 2006/2007 intitulé "Une nouvelle politique de carburants en Algérie dans un environnement concurrentiel" et ayant été auditionnée par commission économique de l’Assemblée nationale populaire APN dont j’ai présenté les principales conclusions, j’avais attiré l’attention du gouvernement sur l’urgence d’une nouvelle politique de carburants. L’histoire nous a donné raison.

1.- En effet, le constat est une importation massive de véhicules de tourisme dont la facture s’est élevé à 3,725 en 2013 et 2,956 milliards de dollars en 2014, parc passant de 2,9 à 5,7 millions de véhicules durant la période de 2000-2013, selon l’ONS, à laquelle il faut ajouter les automobiles de transport de marchandises dont la facture d’importation s’est élevée en 2012 à 2,104 milliards de dollars en 2014 contre 2,225 en 2013. Le total parc national automobile dépasse huit millions de véhicules au 1er janvier 2014. L’année 2014 a enregistré un volume de ventes total de 339.094, que l’importation véhicules y compris 274.628 véhicules particuliers (VP) et 64.466 véhicules utilitaires (VU), où par rapport à 2013, le marché global a enregistré une baisse de 19,65%, véhicules particuliers et véhicules utilitaires ayant enregistré, respectivement, une baisse de 21,62% et -9,98% par rapport à 2013. Le véhicule particulier représente 80.99% du volume global contre 19.01% pour les véhicules utilitaires. Tout en n’oubliant que bon d’autres secteurs notamment les boulangeries, l’agriculture utilise également le gas-oil.

2.- J’ai préconisé avec les experts que l’Algérie devait impérativement changer de modèle de consommation. Elle se doit de revoir la politique des subventions qui devaient être ciblées (nous avons envoyé une mission en Malaisie, expérience réussie étant à méditer), privilégier le GPLc et le Bupro, pour les gros transformateurs qui ne demandent pas la séparation du propane et du butane, donc des investissements colossaux pour des complexes, permettant également de couvrir les zones déshéritées tant au Nord, dans les Hauts plateaux et le Sud, Le rapport insistait sur une l’importation massive de gasoil horizon 2010/2012 et également de l’essence sans plomb (importation d’un million de tonnes en 2013) ainsi qu’une politique active du stockage pour éviter les ruptures d’approvisionnement. L’histoire récente nous a donné raison puisque l’Algérie a consommé 14 millions de tonnes de carburants en 2012, soit 14% de plus par rapport à 2011 et a accusé un déficit de production de 2,4 millions de tonnes.

Selon le rapport de la Banque mondiale de 2014, les subventions des carburants ont dépassé en 2014, environ 20 milliards de dollars, le tiers du budget annuel de l’Etat, alors que 10% de la population la plus aisée consomme plus de carburant que les 90% restant de la population. La consommation de gasoil représente 70% avec 14 millions de tonnes, alors que la consommation du GPC se situe entre 300.000/350.000 tonnes, et le Bupro une consommation presque nulle, étant encore au stade de l’expérimentation. Par ailleurs, l’Algérie qui demeure un des rares pays africains qui utilise encore l’essence avec plomb, selon un rapport du programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) publié en avril 2014 où la teneur en soufre dans le gasoil algérien se situant entre 500 et 2000 ppm, doit se conformer aux normes internationales en généralisant l’essence sans plomb. Pour Sonatrach, l'Algérie mettra fin à la production de l'essence plombée, en produisant deux types d'essence sans plomb le 90 et le 95.

3.- Ainsi, depuis 2011, les discours vont vers l’optimisme. Je cite le PDG de Sonatrach en date du 1er juillet 2014 : "L'Algérie ne connaîtra plus de pénurie, cessera ses importations de gas-oil, en 2015, après la réhabilitation de ses raffineries appelées à fonctionner à plein régime". Dans la même ligne d’idées, le ministre de l’Energie a annoncé début 2014 que le problème des approvisionnements sera résolu fin 2014 début 2015 alors que le PDG de NAFTAL en contradiction avec les longues chaines dans de nombreuses wilayas, et le 16 avril 2015 le ministre de l’Energie devant les députés annonce officiellement que les capacités stockage sont réduites, de 7 à 10 jours maximum et qu’un montant de 200 millions de dollars sera débloqué pour arriver à 30 jours horizon 2020. Or il suffit d’une rumeur pour qu’il y ait rupture des stocks.

D’une manière générale, il y a urgence de penser à un nouveau modèle de consommation énergétique. L’Energie étant au cœur de la sécurité nationale, selon les prévisions tenant compte de la forte consommation intérieure et des exportations, à moins de découvertes substantielles, les réserves de pétrole et de gaz traditionnel devraient s'épuiser horizon 2030, devant aller vers un MIX énergétique.

Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités Expert international en management stratégique

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Atala Atlale

@Sarah Sadim, en lisant entre vos lignes quelques observations de Ibn Khaldoune me reviennent quant à la problématique citadinité-ruralité, un phénomène devrais-je dire, qui a défiguré nos villes, nos quartiers, nos terres aussi, porté atteinte aussi à nos valeurs, nos coutumes ancestrales... La chanson de Meskoud "ya Dzayer yal Assima" résume à elle seule tout ce drame d'une génération qui assurément, n'a jamais pensé qu'Alger deviendrait ainsi. (Bien sûr pas seulement cette ville.) L'exode rural n'excuse pas tout !!

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veriteAMER

Prédiction du vénéré Marabout Hadj Behloul, décédé et enterré à Aïn-Boucif en 1878 :

« Les Français partiront tous un jour, et vous chercherez en vain un de leur chapeau pour l’embrasser…vous songerez alors, un peu tard, à tous les bienfaits dont ils vous comblaient, et, de vos yeux couleront des larmes de sang»

(Cette prédiction a été relevée dans les archives officielles de la Mairie d’Aïn-Boucif dans le Titteri prés de Médéa)

En chassant la Lumiére en 62 vous avez plongé l' Algérie dans les ténebres noirs d' avant 1830 !

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