Osons l'utopie!

Un président algérien a dit un jour "celui qui travaille dans le miel ne peut pas s'empêcher de goûter". Mais, celui qui a le pouvoir de punir doit punir celui qui a trempé le doigt, la main, puis, le bras dans le miel national. Les gros prédateurs qui ont su tisser des relations d'affaires avec les gouvernants sont assurées de l'impunité et peuvent continuer à tremper leurs mains et leurs pieds dans le miel tant que ces derniers restent au pouvoir. Les lampistes maladroits et les petits corrompus qui ont manqué de discrétion seront jetés en prison par une justice aux ordres pour donner l'illusion de la sanction. La couverture d'un parrain puissant, la servilité et la discrétion sont les critères majeurs qui protègent et contribuent à la construction d'une longue carrière dans la prédation.
Rien ne nous prédisposait, nous algériens, à la corruption et au vol de l'argent public. C'est la nature du système politique qui, depuis l'indépendance les a favorisés. La corruption et la prédation sont consubstantielles à la dictature. Le pouvoir en Algérie, comme dans les régimes autoritaires, est constitué de clans qui se partagent les territoires institutionnels au prorata de leur puissance. La pérennité et le renforcement de ces derniers dépendront de leur capacité à nouer des alliances avec les forces occultes et décisionnelles qui contrôlent les institutions stratégiques et les secteurs d'activité les plus importants. Le clan dominant sera celui qui contrôlera les services de sécurité et le robinet du pétrole. Le financement des clans est assuré par l'argent (commissions et détournements) que leurs représentants tapis dans les institutions économiques prélèveront sur les marchés. Si la presse, les syndicats ou de simples cadres fourrent leur nez dans leurs affaires, ils auront le choix entre la machine à broyer (exactions diverses) ou la machine judiciaire.

Disposant des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, les clans écrasent, par la force de l'arbitraire, toute tentative d'ingérence ou de dénonciation. L'Algérie leur appartient. Circulez! Y a rien à voir!
La grande corruption institutionnelle a enfanté une myriade de moyennes et petites corruptions qui a infecté l'administration publique, l'économie et la société. Le vol est devenu le sport national et l'argent, la première religion. L'appât du gain a fait plonger, bon nombre d'algériens, dans les eaux glauques de la rapine. Ceux qui, par éducation, tempérament ou patriotisme travaillent honnêtement, survivent tant mal que bien. Que de politiciens, de chefs d'entreprises, de banquiers, de cadres, et aventuriers de tout acabit, se lancèrent dans la course effrénée à l'échalote. Il faut les voir, pathétiques et ridicules, tenir des discours lénifiants sur la patrie pour habiller la curée de ruse et de démagogie.

Osons l'utopie! Réalisons la seule émission de télé réalité qui vaille!. Soumettons tous les responsables et gestionnaires au détecteur de mensonges en direct à la télévision avec une seule question à la clé: -d'où tiens-tu cela?- Nous commencerons par le patron de la télévision. As-tu un compte au Luxembourg? En Suisse? A Londres? A Dubaï? En Belgique? Aux îles Maldives? etc... lui demandera le détecteur de mensonges. Spectacle garanti et audimat record!!! L'oscillogramme danserait la samba! Menaçons de soumettre, au détecteur de mensonges tous ceux qui ont en charge le miel national et les institutions du p ays. La corruption et la rapine, soyons en sûrs, baisseront considérablement et la confiance des pauvres abeilles que nous sommes, reviendra peut-être.

Il est urgent de changer le système politique qui empoisonne la vie des algériens depuis 1962. Comment? Osons là aussi l'utopie! Sortons pacifiquement, silencieusement dans la rue. Nous serons cent, mille, cent mille, puis un million à marcher en rangs serrés. Ce sera un formidable sursaut citoyen. Si d'autres peuples l'ont fait, pourquoi pas nous qui nous targuons du million et demi de martyrs? Ce système maléfique a produit, catastrophes et fléaux sociaux, régression et misère. Il a gangrené les mentalités et détruit les solidarités sociales, jadis, si fortes, des algériens et plus grave, l'avenir des générations futures. Imaginons l'Algérie de demain, sans le pétrole et le gaz, ses plaines bouffées par le béton, son littoral pollué, son industrie moribonde et ses millions de laissés pour compte. Les milliardaires aux pieds nus seront partis avec le trésor et les jeunes algériens qualifiés et diplômés éparpillés à travers le monde.

Si on ne change pas ce système prédateur, il finira par détruire la résistance, l'identité et l'âme algériennes. Ce que 130 années d'oppression coloniale n'ont pas réussi à faire!

Hend Arhoun

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Commentaires (37) | Réagir ?

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Djamila Hamissa

Réponse à soustara:

Pleurer comme une femme est une expression misogyne qu´il faut bannir, la mère de Bouabdil dirait aujourd´hui " pleure mon fils tes larmes de crocodile tu n´a perdu que ce que tu as volé " Quant à cet article, je ne vois pas où l´utopie, c´est juste naïf c´est tout.

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abber

le president qui avait dit celui qui travaille dans le miel... a dit aussi que ca ne sert a rien de changer les hommes au pouvoir, ce qu'il faut changer c est les mentalites. quant a marcher...... le souvenir du deferlement de la marree humaine a partir de la kabylie vers la capitale est encore vivace dans nos esprits!!!!"suivi la fliche "comme disait l autre.

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