Les TIC, l’enseignement et "des tics" (1re partie)
Laissant probablement de mauvaises traces que l’on souhaite minimes, et suite à un accord, la grève à l’école, que l’on ne souhaite pas être un fréquent refrain, a été enfin interrompue, et l’accélération des évènements semble avoir dépoussiéré un dossier, celui relatif à l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’enseignement (TICE).
A cet effet, la numérisation du secteur de l’éducation nationale dans ses volets managérial, pédagogique et didactique, comme rapporté par les médias, ne peut que recueillir, raison et rationalité obligent, l’adhésion des bonnes volontés au sein de la famille de l’éducation et ses partenaires, dans l’intérêt bien compris de l’élève, de l’enseignant et du système éducatif.
Sans aborder les appréhensions et controverses suscitées par les objectifs et actions du MEN, car détournant un fleuve de son cours normal , il est probablement utile de rappeler l’ essentiel de nos contributions portant sur les TIC d’une manière générale puis leur intégration dans l’éducation, qui avaient fait l’objet d’articles de presse , encore d’actualité , bien que datant de plusieurs années .
Les TIC étant l’un des piliers de l’économie fondée sur la connaissance (EFC), celle-ci part du constat que des activités immatérielles liées à la recherche et à l’éducation tendent à prendre une ampleur croissante dans l’économie mondiale. Le niveau de scolarisation des populations a augmenté dans le monde, avec une réorientation des structures productives vers des activités créatives et l’utilisation de nouvelles connaissances. Aujourd’hui donc, où il est question de l’économie de l’immatériel, où la nouvelle source de richesses est la connaissance, et non plus les réserves du sous-sol ou le capital financier, l’apport des TIC s’avère incontournable. Ainsi, nous assistons grâce à l’essor des TIC, au passage d’une économie industrielle à une économie fondée sur la connaissance dont les investissements portent sur l’éducation, la formation et la recherche avec une utilisation marquée des réseaux numériques. Un profond changement de paradigme a affecté tous les aspects du fonctionnement de l’activité humaine.
Dans ce "village planétaire" où tout se traite en temps réel, les TIC à travers l’ordinateur, l’Internet, l’Intranet, les chaînes satellitaires et le portable, abolissent les frontières et nous donnent la possibilité de développer de nouvelles solutions pour faire face aux défis d’aujourd’hui. Un point de non-retour a été atteint, avec l’émergence de la société de l’information comme moyen de cerner les enjeux stratégiques liés à la maîtrise des marchés globaux. Tous les pays développés s’accordent à dire que la croissance mondiale passe par cette révolution technologique où un meilleur usage et une utilisation plus étendue de l’information numérique, instrument du Savoir et de la Connaissance, est un facteur clé de la compétitivité, de création d’emplois et d’amélioration du niveau de vie pour l’ensemble de la société. Les TIC ont provoqué un grand changement dans les pays développés, les autres doivent suivre et s’inscrire dans cette logique au risque d’être marginalisés ou de disparaitre.
Propulsée dans la société numérique, l’Algérie à l’instar d’autres pays, sans logistique informationnelle, sans moyens conséquents et sans formation adéquate accuse alors un retard certain, même si le marché des TIC est actif et se dynamise. Il existe en effet, de plus en plus d’acteurs locaux et internationaux privés qui poussent l’Etat à afficher des ambitions de modernisation technologique. Les besoins existent et l’influence extérieure (présence d’entreprises étrangères, adhésion à l’OMC, accords d’association avec l’U.E) devrait amener toute organisation à intégrer l’outil informatique pour plus de performances. D’autre part, avec l’entrée en lice de plusieurs fournisseurs, le réseau Internet est présent dans toutes les régions du pays même si sa généralisation est freinée par plusieurs obstacles. Pour la téléphonie, nous pouvons dire que les résultats obtenus pour le mobile (devenu un instrument de connexion à la toile), ont dépassé les prévisions.
Par ailleurs, les TIC offrent de nouveaux moyens de produire et de diffuser le savoir. C’est ce qui nous amène, à considérer les Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement (T.I.C.E). Nous soulignerons qu’une polémique avait surgi en Europe, dès la moitié des années 80, autour de l’intégration des moyens audiovisuels dans l’enseignement. Un peu plus tard, une première thèse défendait l’intégration des TIC dans les systèmes de formation, la seconde annonçait l’écroulement de l’enseignement traditionnel en invoquant "l’impérialisme du progrès technique". Certains partisans de la seconde thèse pensaient en outre que "la formation de l’individu ne passe pas par sa capacité à utiliser des savoirs déjà mis en boîte". D’autres considéraient les T.I.C.E comme "concurrentes et substitutives de l’enseignant". Ainsi l’intégration des TIC a toujours provoqué une résistance au changement pouvant aller de l’appréhension jusqu’à une "technophobie", une manie ou un tic dirions-nous, relevé par des études ergonomiques qui indiquent que «la compréhension de ces résistances est capitale dans la mise en œuvre du changement". Il a donc toujours été nécessaire d’engager un travail informationnel. Aujourd’hui, cette technophobie est relativement minime, dans la mesure où les jeunes sont nés pendant et après l’apparition des TIC qui constituent pour eux un outil naturel de communication. Il suffit seulement de les accompagner pour une meilleure exploitation des ressources numériques éducatives. A cet effet, en ce troisième millénaire, un diplôme est nécessaire pour prétendre à un emploi exigeant des qualifications, mais pas suffisant, car l’apprentissage se fait tout au long de la vie, y compris pour le métier d’enseignant. Quant à l’apprentissage de l’élève ou de l’étudiant qui était centré sur "le prof qui sait tout", il est orienté maintenant vers les ressources qui ont pour objectif de faire de l'apprenant un entreprenant et non pas un assisté. Le rôle de l’enseignant a donc forcément changé, les compétences sont devenues multiples, transversales.
Dalila Bérass et Rachid Brahmi
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