Quand H’na imout Kaci !
"Il vaut mieux convaincre que vaincre, parce que, celui qui est convaincu est d'office vaincu, alors que celui qui est vaincu, n’est pas du tout convaincu" (Proverbe africain)
L’esprit contestataire, cette prédisposition ambiante qui n’est pas toujours positive, caractérise l’Algérien, que celui-ci soit simple citoyen ou pas, instruit ou pas, chef ou petit chef. Mais quand la contestation devient systématique, attribuant toujours la faute à autrui, cela relève de cet entêtement malsain appelé le "Taghennènte", que des adages bien de chez nous traduisent par "H’na imoute Kaci !".
Et le "Taghennante", forme d'intolérance qui refuse tout dialogue, toute communication, toute argumentation et observable dans nos différents espaces, peut déboucher sur l’impolitesse, en passant par l’insulte ou la vulgarité, jusqu'à aboutir à des violences plus affreuses. Tout cela, parce que chacun d'entre nous juge qu'il est le seul à détenir l'absolue vérité, et parce que nous gérons mal nos divergences. Les exemples foisonnent pour constater la triste tare citée plus haut, qui n'est certainement pas d'ordre génétique. Par ailleurs, il suffit d'assister à une discussion autour d'un thème donné ou encore une simple causette pour s'apercevoir que le détenteur de la parole, barricadé dans ses certitudes, hermétique, refuse d'écouter l'autre, l'empêchant d'exposer clairement ce qu’il a à dire.
Le simple débat laisse donc place à un combat, à soliloques simultanés, où chacun parle et personne n'écoute. À la fin, bien évidemment, peu auront compris, certains seront stressés et beaucoup seront déçus. La communication est un processus d'échanges où il s'agit de convaincre par les arguments et non de vaincre par l‘entêtement. D'autre part, si les germes de l'intolérance peuvent souvent apparaître au sein de la famille, il n'en demeure pas moins qu'ils naissent aussi et éclosent partout ailleurs, notamment dans le système éducatif où, avec des enseignants mal formés ou pas formés du tout, il faut s’attendre à tout.
En dehors des écoles et chez les adultes, l'exemple d'intolérance le moins moche, le plus raffiné, vise certains qui savent lire et écrire, lors de débats réglés, non pas à coups de sabre, mais de "plume" ou de clavier. Certains qui ont un niveau d'instruction. Il s'agit par exemple, des passagers de la toile qui consultent des sites, pour s'informer, et se défoncer par la même occasion. A cet effet, il suffit de jeter un coup d'œil sur les "débats" ou commentaires d’internautes, pour s’en convaincre. C'est l’attaque sans arguments. L’irrationalité blindée durant de longues années, notamment par l’école.
De plus, le commentateur confortablement installé face à son écran d'ordinateur, déploie sa verve, en scellant son écrit par un pseudonyme. Dès lors, une bataille numérique rageuse fait probablement crépiter les claviers et palpiter les cœurs. Quel courage ! Que dire d'un débat non virtuel avec la présence physique des concernés ! Enfin, la tolérance, vertu cardinale, valeur universelle qui consiste par définition, au respect des opinions, des différences et de la liberté d'autrui, a-t-elle sa place dans nos espaces, nos systèmes dont celui de l’Education, et nos schèmes ? Sinon comment l'incruster dans nos méninges ?
Quand on pense que la communication existe depuis la nuit des temps et a concerné dans l’ordre chronologique l’espèce végétale, la faune et enfin l’homme, il y a de quoi être coi, devant des concombres, des choux fleurs, des abeilles, ou des pingouins qui communiquent tous et parfaitement bien.
Rachid Brahmi
Commentaires (1) | Réagir ?
Toutes les relations humaines sont baties sur la "confiance"... En son absence, c'est le doute et la suspicion (de toute réflexion ou action) qui s'installent et finissent par créer un climat d'entétement et de confrontation !!!
Le remède est à la fois simple à prodiguer mais difficle à installer... rétablir la confiance !!! par le geste et l'exemplarité !!!