C'est par la voix d’un autre que l’invalide a pourfendu ses détracteurs et louangé ses soutiens. Un an après avoir usurpé le pouvoir, l’homme qui a affirmé être assez en santé pour gouverner l’Algérie est toujours incapable de crier lui-même les insultes à ses démocrates. Quand un homme doit en utiliser un autre pour déverser son fiel sur ses opposants, il est temps qu'il laisse sa place à quelqu'un qui pourra s'exprimer lui-même.

La signature des accords d’Evian a donc servi à Bouteflika pour régler ses comptes avec ses adversaires. Celui qui a volé ses élections qualifie les membres de l’opposition de "pseudo-hommes politiques !" Il est évident que le ridicule ne tue pas, car l’Algérie se chercherait actuellement un nouveau président de la République. Il accuse naturellement ses opposants d’avoir une politique de la "terre brûlée" alors qu’il l’utilise lui-même contre les médias algériens. En regardant les faits, il est facile de voir qui met actuellement l’Etat en ruine et marche sur les cadavres des enfants du peuple. Il pourrait d’ailleurs y en avoir beaucoup d’autres puisqu’il affirme que "cet état de fait nous met dans l’extrême obligation d’user d’un surcroît de fermeté et de rigueur, pour défendre l’Etat." Abdelaziz Bouteflika demande donc aux membres de son clan de renforcer son front intérieur face aux risques et menaces qui le guettent. Pendant ce temps, le gouverneur de la Banque d’Algérie met en garde quant à la capacité du pays à résister à d’éventuels chocs externes. Mais qui sont les traîtres à la nation ?

Pour que l’Algérie puisse aller résolument de l’avant dans tous les domaines, elle doit pouvoir compter sur ses forces vives. Bouteflika se prépare plutôt à les mettre en prison. Les discordes qu’il a observées et observe encore sont en partie dues au dégoût de la population face à la corruption rampante parmi les 1% des Algériens les plus riches. Les vaillants héros que le peuple algérien a enfantés sont actuellement dans la rue et dénoncent l’usurpation du pouvoir par un clan qui a fait élire un homme incapable de dire lui-même les insultes qu’il leur adresse. Les vaillants héros que le peuple algérien a enfantés veulent que la révolution de leurs parents amène finalement la démocratie dans leur pays. Le peuple algérien, formé et éduqué à l’école de la Révolution, a appris à distinguer les démocrates des dictateurs et des extrémistes musulmans. L’Algérie a enfanté des héros qui arpentent les rues pendant que de pseudo hommes politiques, s’évertuent à les effrayer. Elle restera fière et digne grâce à ses valeureux enfants.

Michel Gourd