Il s'agirait de Yassine Abidi et Hatem Khachnaoui, deux noms à consonance tunisienne. Le comité d'organisation du Forum social mondial (FSM), prévu à Tunis de mardi à samedi prochain, a de son côté décidé de maintenir la manifestation.

Le Premier ministre a fait état de deux ou trois complices possibles des deux hommes identifiés. Ni lui ni le ministère tunisien de l'intérieur n'ont donné d'autres indications sur les deux individus identifiés. L'attaque, qui a duré environ quatre heures, n'a pas été encore revendiquée. Selon le Premier ministre, les assaillants ont ouvert le feu sur les touristes alors qu'ils descendaient de leur bus et ont ensuite été pourchassés dans les couloirs du musée.

L'attaque d'hier mercredi n'est manifestement pas une surprise pour les services de renseignement tunisiens. L'engagement de quelques 3000 djihadistes tunisiens aux côtés de groupes terroristes comme l'Etat islamique, Al Qaida, ou d'autres en Libye voisine laissait entendre que ces extrémistes pouvaient constituer une menace sérieuse sur le sol tunisien. Surtout que, selon certains sources, des dizaines d'entre eux ont regagner le pays après être passés dans des camps d'entraînement djihadistes. Reste pour les services de sécurité tunisiens la délicate question de la réponse à donner à ces groupes qui menace les fondements de la République.

Le FSM maintenu

Le comité d'organisation du Forum social mondial (FSM) a de son côté décidé de maintenir la manifestation. "Plus que jamais, la large participation au FSM sera la réponse appropriée de toutes les forces de paix et de démocratie qui militent au sein du mouvement altermondialiste pour un monde meilleur, de justice, de liberté et de coexistence pacifique", ont déclaré les organisateurs dans un communiqué.

Le comité d'organisation du FSM s'insurge contre "le climat de peur" que l'attaque a créé "au sein des citoyens qui aspirent à la liberté, la démocratie et à la participation pacifique à la construction démocratique". Dans un projet de déclaration qui nous est parvenu hier, avant l'attentat du musée Bardo, le FSM s'inquiétait surtout de la situation en Syrie. "Le 15 mars s'accomplissent quatre ans du soulèvement populaire contre le régime de Bashar Al Assad. 200.000 morts, des villes et des villages détruits, plus de set millions de déplacés, et d'autres trois millions de réfugiés à l'extérieur: c'est le bilan de ce régime sanguinaire qui n'a pas douté d'utiliser tout l'arsenal meurtrier contre son peuple pour rester au pouvoir." Et pointait l'aide de la Russie et de l'Iran au régime de Bachar Al Assad.

Le ministre tunisien de l'intérieur, Mohamed Ali Aroui, a pour sa part indiqué mercredi soir que l'attaque du musée du Bardo avait fait au total 22 morts, dont 20 touristes sud-africains, français, polonais et italiens, mais sans préciser le nombre de morts par nationalité.

Les autorités tunisiennes ont évoqué pour la première fois la présence d'un ou de plusieurs ressortissants français parmi les morts. Jusqu'ici les autorités françaises ont fait état d'un bilan de six Français blessés et ne confirmaient pas le décès d'un ou de plusieurs de leurs ressortissants.

A Rome, le ministère italien des affaires étrangères a confirmé la mort de trois Italiens et fait état de six autres blessés. Le président de la chambre basse polonaise, Radoslaw Sikorski, a déclaré que "très vraisemblablement sept Polonais ont été tués".

Un précédent bilan de l'attaque fourni par le Premier ministre tunisien Habib Essid faisait état mercredi de 17 touristes tués "de nationalités polonaise, italienne, allemande et espagnole".

Yacine K./AFP