Des mots et des maux sur l’Education nationale

 L’école algérienne va très mal. Qui aura le courage de prendre les mesures nécessaires à son redressement ?
L’école algérienne va très mal. Qui aura le courage de prendre les mesures nécessaires à son redressement ?

La dernière trouvaille de notre ministre de l’éducation nationale pour rattraper les cours perdus pendant la grève des enseignants, qui dure depuis plus de quatre semaines, consiste à distribuer des CD contenant tout le programme de la troisième année secondaire aux élèves des classes terminales.

Cela leur permettrait, semble-t-il, de préparer le BAC sereinement et en toute quiétude ! Autrement dit, on cherche à remplacer l’enseignant gréviste par des cours électroniques et des leçons virtuelles que les apprenants peuvent consulter sur le site de l’Office national de l’enseignement à distance.

Une telle initiative est louable dans la mesure où elle accompagne et complète le travail de l’enseignant en classe. Car elle permettra à l’élève d’être autonome dans son apprentissage, ce qui est d’ailleurs visé par la nouvelle approche mise sur le terrain et exigée par une mondialisation galopante  : l’approche par les compétences. Rappelant que les pays développés ont, dès les années 1990, mis ces nouvelles technologies au profit de l’élève en donnant naissance à l’école numérique ou virtuelle. Son objectif était de maintenir le contact entre les enseignants et les apprenants en dehors des heures de cours afin de parer à toutes les éventualités à savoir : réexpliquer des difficultés rencontrées dans un cours ou aider l’élève à faire ses devoirs … Mais il n’a jamais été question de se passer de l’enseignant. Ces pays, très regardant sur les dépenses publiques, se seraient-ils privés d’une telle aubaine ? Epargner des sommes faramineuses au Trésor public ! Seul le génie algérien y est parvenu !

Pensez-vous que nos élèves ont besoin de ces CD ou de ces adresses de sites ? En outre, l’école a-t-elle les moyens de graver le nombre suffisant de CD ? J’en doute, connaissant les moyens du bord. D’ailleurs, le déferlement des informations sur le net et la démocratisation de l’outil informatique permet, même à un novice en la matière, d’accéder à une multitude de sites, ou faire partie de groupes sur les réseaux sociaux qui peuvent répondre parfaitement à ses attentes. Et cela nos élèves le savent et le maîtrisent. Pourquoi alors tout ce grand tapage médiatique qui, je pense, n’a pour but que de tenter de gagner du temps pour casser et à jamais la grève des enseignants. Restant convaincu que son dénouement ne pourra se faire que par un face à face franc, serein et responsable entre la ministre de l’éducation et le syndicat ayant appelé à la grève, où primera l’intérêt de l’élève afin d’éviter des dérapages certains.

Ce que semble dire notre ministre dans sa dernière sortie médiatique est un sans précédent grave jamais atteint depuis l’indépendance : l’enseignant ne sert à rien dans l’école algérienne et on peut le mettre dehors sans nuire à la scolarité de vos enfants. Une autre accusation qui vient de s’ajouter au tableau dressé peu reluisant de l’éducateur. Cet être immoral, abject, grassement payé, ce suceur de sang, ce fainéant, qui ne fout rien en classe pour obliger ses élèves à prendre des cours particuliers qu’il donne, lui-même, dans des garages insalubres contre des sommes faramineuses. Pourquoi cherche-t-on à ternir coute que coute l’image de tous les enseignants ? Pourquoi veut-on tous les discréditer ? Ne reste-t-il pas des enseignants consciencieux et qui font leur travail convenablement ? Pourquoi sous d’autres cieux, qui se respectent bien sûr, l’enseignant est valorisé, respecté alors que chez nous, il n’a jamais cessé d’être stigmatisé et pointé du doigt ?

Cela me pousse à rappeler, à titre d’exemple, les déclarations de l’ancien président français lors de sa campagne présidentielle : "Je travaillerais à rendre à l’enseignant son autorité. Je veux que les élèves se lèvent quand il entre dans sa classe, comme autrefois." Qu’en est il de cette autorité chez nous ? Disons-le franchement, l’élève est devenu le seigneur des lieux. Il fait ce qu’il veut et quand ça lui chante, sans avoir à rendre des comptes à qui que ce soit. Et si ça continue comme ça, on ordonnera aux enseignants de se lever quand il finira par se résigner à rejoindre sa classe ! Cette indiscipline et cette gabegie qui règnent dans nos écoles peut expliquer le nombre effarant et effrayant d’enseignants qui ont demandé cette année de partir en retraite qu’elle soit à terme ou anticipée. Des questions à méditer pour ne pas tomber dans le piège qui vous est tendu et dont nos enfants seront les victimes.

Il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme. L’école algérienne va très mal. Prenons nos responsabilités et engageons les vrais débats pour la remettre sur les rails. Et qu’on le veuille ou pas, l’enseignant est un partenaire incontournable. Aucune réforme ne pourra aboutir sans sa contribution et son implication. Cessons donc de le considérer comme l’ennemi public numéro un à abattre. Il y va de l’intérêt de notre école et par voie de conséquence de nos enfants.

A bon entendeur.

Z. Lotfi

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Commentaires (6) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

Le véritable mal de notre école est l'idéologie arabo islamiste imposée dans les programmes!La seule et unique solution pour sortir notre école de son marasme et son arriération est d'éradiquer l'idéologie et, l'enseignement de la religion dans tous les paliers;il faut imposer une école laïque, point de religion dans les programmes, afin de former des citoyens universalistes, modernes et non des croyants, fanatisés et ignares, des zombis!en plus de supprimer carrément l'arabisation, et opter pour les langues vivantes, afin que nos chérubins s'ouvrent à l'universalisme, et ne restent pas plombés au passé archaïque arabo bédouin !On aimerait bien savoir ;ou, vous, entant que dirigeants, généraux, envoyer vos enfants pour étudier!Est ce en Occident ou en Orient!et on aimerait bien discuter avec eux, pour voir combien de langues vivantes, ils maîtrisent!Soyez francs, pour une fois dans votre chienne de vie!

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albert smail

Comment les élèves et leurs parents respecteraient il l’école et les enseignants quand la hiérarchie ne les respecte pas!

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