L'EI détruit des vestiges de la cité antique de Nimrud en Irak
Des djihadistes de l'Etat islamique ont pillé et détruit au bulldozer les vestiges de la cité assyrienne de Nimrud, située dans le nord de l'Irak, a-t-on appris de sources gouvernementales et tribales.
Cette destruction survient une semaine après la diffusion de la vidéo du saccage de statues et monuments exposés dans le musée de Mossoul, et datant aussi de l'ère assyrienne. Nimrud était il y a trois millénaires la capitale de l'empire assyrien, le plus puissant du monde connu à cette époque puisqu'il englobait les territoires des actuels Egypte, Turquie et Iran.
La plupart des vestiges les plus célèbres du site, fouillé depuis le XIXe siècle par les archéologues, ont été transférés à l'étranger, dont les Taureaux ailés aux proportions colossales qui se trouvent au British Museum à Londres. Des centaines de pierres précieuses et de pièces en or ont été transportées elles à Bagdad.
"Des membres de l'Etat islamique sont venus sur le site archéologique de Nimrud et ils y ont pillé les objets de valeur avant de raser le site", a dit à Reuters un membre d'une tribu de la région de Mossoul. "Il y a avait des statues et des murs ainsi qu'un château que l'Etat islamique a intégralement détruit."
Le ministère irakien du Tourisme et des Antiquités a confirmé l'information et accusé "les terroristes de Daech de continuer à défier le monde et l'humanité".
"Ils ont attaqué l'antique cité de Nimrud, l'ont rasée et se sont approprié des objets archéologiques vieux de treize siècles avant Jésus-Christ", dit le communiqué du ministère publié jeudi.
Nimrud, sur les rives du Tigre, se trouve à une vingtaine de kilomètres au sud de Mossoul, la deuxième plus grande ville d'Irak dont les combattants de l'Etat islamique (EI) se sont emparé en juin dernier.
Érigée aux alentours de l'an 1250 avant notre ère, la cité est devenue quatre siècles plus tard la capitale de l'empire néo-assyrien. Pour les archéologues, les destructions du patrimoine historique et culturel de l'Irak entreprises par l'EI sont comparables à la destruction en Afghanistan des Bouddhas de Bamiyan par les taliban en 2001.
Les djihadistes, qui ont proclamé un califat sur les territoires de l'Irak et de la Syrie sous leur contrôle, observent une interprétation rigoriste de l'islam sunnite et rejettent les mausolées et sanctuaires religieux, l'idolâtrie et les autres formes de religion, à commencer par la branche chiite de l'islam.
En juillet déjà, l'EI a détruit la tombe du prophète Jonas (ou Yunus) à Mossoul. Des lieux de culte chiites ont été saccagés et les membres de la communauté chrétienne de la ville ont été contraints de se convertir, forcés de payer une taxe sous peine d'être passés par les armes.
Le groupe djihadiste a également persécuté et massacré dans la région de Sindjar, à l'ouest de Mossoul, les membres de la communauté yazidie, une religion multimillénaire qu'ils considèrent comme un culte satanique.
Mais les pillages suivent aussi une autre logique, financière celle-là. Dans une résolution adoptée le 12 février, le Conseil de sécurité des Nations unies a souligné que le pillage et le trafic de contrebande d'objets d'antiquités en Syrie et en Irak servaient au financement des groupes djihadistes.
Selon un responsable politique de la communauté assyrienne, la destruction du site de Nimrud s'inscrit dans ce cadre, l'EI cherchant à effacer les traces des pillages auxquels ses combattants se sont livrés.
Interrogé par Reuters, Yonadam Kanna a qualifié l'EI de "groupe d'ignares arriérés qui veulent effacer la mémoire collective de l'Irak, sa culture et son héritage". A la suite du saccage du musée de Mossoul, le gouvernement central irakien avait aussi déclaré que les islamistes n'avaient pas détruit toutes les sculptures et statues, et qu'ils s'apprêtaient à en écouler une partie sur le marché noir des antiquités pour s'assurer de nouvelles rentrées financières. "Ces ventes sont déjà amorcées", précisait alors le Premier ministre, Haïdar al Abadi.
Evoquant dans un communiqué publié jeudi un "nettoyage culturel" en cours en Irak, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, "condamne de la manière la plus forte possible la destruction du site archéologique de Nimrud (...), nouvelle attaque contre le peuple irakien".
"La destruction délibérée du patrimoine culturel constitue un crime de guerre", rappelle-t-elle, ajoutant que l'Organisation des Nations unies pour la science, l'éducation et la culture est "déterminée à faire tout le nécessaire pour recenser et protéger le patrimoine de l'Irak et mener le combat contre le trafic clandestin d'antiquités qui contribue directement au financement du terrorisme".
AFP
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L'irak a remplacé un SADDAM par des millers de ZADDAMS.