L'opposant russe Boris Nemtsov assassiné près du Kremlin
L'opposant russe Boris Nemtsov, vice-Premier ministre de Boris Eltsine et adversaire virulent aussi bien de Vladimir Poutine que de l'implication de Moscou dans le conflit ukrainien, a été assassiné vendredi soir dans le centre de Moscou, à quelques mètres du Kremlin.
Agé de 55 ans, il a été tué de quatre balles dans le dos et son assassin, qui se trouvait à bord d'une voiture blanche, est parvenu à prendre la fuite, selon le ministère de l'Intérieur. Il a été pris pour cible alors qu'il traversait un pont sur la Moskova en compagnie d'une Ukrainienne qui n'a pas été blessée, a précisé un porte-parole de la police Les forces de l'ordre ont fermé l'accès au pont, situé non loin des murs du Kremlin et de la Place rouge, après cet assassinat de type mafieux qui évoque les années troubles ayant suivi l'effondrement de l'Union soviétique. Boris Nemtsov est, de loin, l'opposant le plus en vue assassiné depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, il y a 15 ans.
Le président, qui s'est empressé de condamner ce meurtre, a annoncé qu'il superviserait lui-même l'enquête et a évoqué la piste d'un "contrat" ou d'une "provocation". Boris Nemtsov devait participer dimanche à Moscou à une grande manifestation de l'opposition.
Le comité d'investigation, qui dépend directement du chef de l'Etat, parle, lui, d'une possible tentative de déstabilisation du pouvoir, sans écarter ni la piste islamiste ni celle du conflit ukrainien, rapporte l'agence de presse Interfax.
Aucune revendication n'a été formulée et Mikhaïl Gorbatchev, ancien président de l'Union soviétique, a mis en garde contre les conclusions hâtives. "Certaines forces vont tenter de tirer profit de ce meurtre. Elles se demandent comment se débarrasser de Poutine", a-t-il souligné.
"Dans le climat de haine et de violence créé par Poutine à l'étranger comme en Russie, les effusions de sang sont un moyen d'exprimer sa fidélité, de montrer que vous faites partie de l'équipe", a quant à lui commenté Garry Kasparov, autre figure de l'opposition. "La question n'est pas de savoir si Poutine a donné l'ordre d'assassiner Boris Nemtsov. C'est la dictature de Poutine, sa propagande permanente sur les ennemis de l'Etat", qui est en cause, a-t-il ajouté.
Les détracteurs du chef de l'Etat font l'objet de vives pressions depuis le début de son troisième mandat. Plusieurs ont arrêtés après le vaste mouvement de protestation organisé il y a trois ans et d'autres ont choisi l'exil.
Tué pour avoir dit la vérité
"Qu'un dirigeant de l'opposition puisse être abattu à côté des murs du Kremlin dépasse l'imagination. Il n'y a qu'une seule explication possible : il a été tué pour avoir dit la vérité", s'est indigné Mikhaïl Kassianov, ancien Premier ministre de Vladimir Poutine passé dans l'opposition.
Le président américain Barack Obama, qui a dénoncé "un meurtre odieux", a invité Moscou à mener "rapidement une enquête impartiale et transparente" et à faire en sorte que "les responsables soient traduits en justice".
"Boris Nemtsov était un avocat infatigable de son pays, voulant pour ses concitoyens russes les droits auxquels tout le monde a droit", ajoute Barack Obama, qui s'est montré très critique à l'égard de Vladimir Poutine dans la crise en Ukraine.
"Boris Nemtsov était un défenseur courageux et inlassable de la démocratie et un combattant acharné contre la corruption", dit son homologue français François Hollande dans un communiqué.Selon la presse, Boris Nemtsov craignait pour sa sécurité en raison de son opposition à l'implication russe en Ukraine, objet de la manifestation de dimanche, qu'il préparait depuis des semaines. Les organisateurs envisagent désormais d'en faire une cérémonie à sa mémoire.
Selon Ksenia Sobtchak, autre figure de l'opposition, Boris Nemtsov travaillait à un rapport sur la présence de forces russes en Ukraine, que le Kremlin nie avec acharnement. Impliqué par ailleurs dans la lutte contre la corruption, il avait notamment dénoncé le coût pharaonique des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi et dressé la liste de nombreux bâtiments publics, hélicoptères et avions mis à la disposition de Vladimir Poutine.
Boris Nemtsov était à la tête des mouvements de protestation sans précédent qui ont eu lieu au cours de l'hiver 2011-2012. A la fin des années 1990, il a été brièvement vice-Premier ministre sous la présidence de Boris Eltsine, poste qui lui a valu sa réputation de réformateur libéral.
Reuters
Commentaires (2) | Réagir ?
parlons sérieusement, la russie ce n'est pas un caviar trés digeste pour les occidentaux et tous leurs larbins décorés opposants, au fond réponse brutale mais assez explicite comme message.
Obama est il à jour, la Russie parfois est terrible, attention si elle bouge l'europe peut trembler, seule l'allemagne en profitera pour se refaire une nouvelle puissance, au fond Yalta est loin et les guerres froides usées jusqu'à la lie d'un vin imbuvable.... Le monde patine et la diplomatie balbutie ayant atteint ses limites, et comme l'homme n'a que deux réponses possibles depuis sa création, parler et trouver une solution, ou tout simplement frapper et détruire son obstacle, c'est Atavique dans la nature humaine.
Enfin perpétuel retournement de l'histoire, hier vaincu demain vainqueur, hummmm jusqu'à la fin des temps.
La Russie a de la bonne vodka, mais aussi une qualité rare, on règle directement et froidement ses comptes, alors en quoi amnesty international ou d'autres vont ils chanter?
Clair et explicite, t'es avec les ukrainiens t'es ennemi de la russie, un peu normal certains le pensent et d'autres en ont peur en Algérie, si jamais on se mettait à adopter la méthode Russe.
Et oui t'es étranger tu pars chez toi ou alors t'es avec les intérets étrangers alors on t'exclue définitivement d'ici, non, attention parfois les lignes rouges sont versatiles et différent d'un pays à l'autre.
Et qui dit que l'Algérie n'est pas tolérante avec tous ces "étranges" Etrangers qui nous gouvernent et nous trahissent, nos lignes rouges sont elles toujours là?