Le pétrole chute à New York, l'optimisme sur l'offre s'évaporant brutalement
Le pétrole a chuté jeudi à New York, dans un marché qui semblait s'apercevoir avec un jour de retard du niveau toujours élevé des réserves américaines, au lendemain des derniers chiffres officiels en date.
Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril, a dévissé de 2,82 dollars à 48,17 dollars le baril, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), faisant totalement oublier une tentative de rebond la veille et retombant à son niveau de fin janvier. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour avril a limité ses pertes à 60,05 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,58 dollar par rapport à sa clôture de mardi.
Le marché new-yorkais a visiblement (eu) une réaction différée aux chiffres d'hier, qui n'encourageaient en rien à la hausse, a estimé Kyle Cooper de IAF Advisors, en référence au rapport hebdomadaire du département de l'Energie (DoE) sur les réserves américaines. Les stocks américains de brut ont encore augmenté de plus de huit millions de barils la semaine dernière, atteignant à 434,10 millions de barils leur plus haut niveau depuis novembre 1930.
Parmi les éléments en jeu, on commence à se préoccuper des effets d'une grève des raffineries américaines, entamée début février et frappant désormais un cinquième des capacités de production du pays, a rapporté Carl Larry de Frost à Sullivan. Les effectifs sont réduits, et la baisse de la demande des raffineries risque de contribuer à la hausse des stocks. Signe particulièrement inquiétant, les réserves du terminal de Cushing (Oklahoma, sud) ont à elles seules augmenté de 2,4 millions de barils en une semaine et de 17 millions de barils depuis le début de l'année.
Le marché mondial du pétrole est peut-être bien en train de se rééquilibrer, la faiblesse des cours limitant l'offre et encourageant la demande, mais il y a toujours nettement trop de pétrole, et cet excès coule principalement dans les réserves américaines, a jugé Tim Evans, de Citi. Le WTI vaut presque douze dollars de moins que le Brent, (...) ce qui témoigne du déséquilibre lié à l'état de l'offre américaine par rapport au reste du monde, a-t-il souligné.
Marché erratique
Toutefois, les cours ne se sont orientés dans le rouge qu'au lendemain des chiffres du DoE, après avoir initialement rebondi, peut-être encouragés par une baisse des stocks d'essence et de produits distillés, ou la relative stabilisation de la production, à 9,285 millions de barils par jour. Le marché est particulièrement erratique depuis que les cours sont tombés à leur plus bas niveau en six ans à la mi-janvier, et il est très difficile de déterminer chaque jour pourquoi les cours s'orientent dans une direction ou une autre, a reconnu Kyle Cooper.
En baisse depuis juin, date à laquelle ils étaient deux fois plus élevés qu'à l'heure actuelle, les prix du pétrole ont été plombés en novembre par la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de s'abstenir d'abaisser son plafond de production.
Dans ce contexte, les investisseurs sont très attentifs à tout propos venus de l'Arabie Saoudite, meneur du cartel, et, selon les experts de Commerzbank, ils ont fait montre d'un optimisme exagéré cette semaine après des déclarations d'Ali al-Nouaïmi, le ministre du Pétrole.
En se montrant optimiste sur la demande, Ali al Nouaïmi a stimulé les cours, notamment ceux du Brent, mais il n'a rien dit de vraiment nouveau, ont-ils jugé. Après tout, même les plus pessimistes ne s'attendent pas un déclin de la demande cette année. Dernier élément négatif pour le marché jeudi, le dollar a témoigné d'une force surhumaine, malgré des chiffres mitigés aux Etats-Unis, ce qui nuit aux échanges pétroliers car ils sont libellés en monnaie américaine, a noté Matt Smith, de Schneider Electric.
AFP
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