Le vilain petit Qatar !
La formule émane de journalistes français, co-auteurs d’un livre à charge contre le Qatar qui, à leurs dires, est un pays qui finance la subversion dans les banlieues françaises au sein des communautés arabes et africaines notamment.
Ces journalistes, réduisent ce pays à "une enseigne islamo-commerciale", sans apporter de preuves pour autant. Ce qui n’empêche, nullement, le Qatar, ce minuscule Emirat du golfe d’avancer et de faire parler de lui ! Du petit coin désertique où il se trouvait, vivotant à l’ombre du grand voisin l’Arabie Saoudite, le Qatar, aujourd’hui, vole toutes les lumières du monde. Ses ambitions, à l’international, le placent sous les feux de la rampe, car il fait tout en grand et en plus ambitieux et surtout en plus constant et plus méthodique avec un mécanisme de prise de décisions rapide car concentré en quelques personnes autour de l’Emir.
Le Qatar, est le pays qui est allé le plus loin dans la mondialisation, quand la plupart des pays arabes ne se rendaient même pas compte de ce que signifie ce mot. Ce qui impose de porter sur lui un nouveau regard, pour tenter de comprendre sa nature, ce qu’il représente, ce qu’il apporte et où va le mener cet itinéraire unique.
Il a fait du sport, par exemple, une cause nationale, car il lui permet une visibilité sur la scène internationale et contribue à son prestige à travers la planète. Il vient d’obtenir l’organisation des mondiaux d’athlétisme en 2019, peu après que la commission d’éthique de la FIFA, a jugé «qu’il n’y avait pas lieu de remettre en question l’attribution du mondial du football en 2022» malgré les accusations de corruption portées à son encontre.
Il a organisé, en décembre dernier, le championnat du monde de natation en petit bassin, et va accueillir la coupe du monde de cyclisme en 2016. Pour l’heure, c’est dans le domaine du handball que les Qataris se sont illustrés : ils sont vice-champion du monde, juste derrière la France qui a failli laisser des plumes. Bien avant le match de la finale, les critiques se sont abattues sur la sélection Qatarie : "Je ne suis pas admiratif parce que ce n’est pas l’image que je me fais d’une sélection nationale, ni de la nationalité ; ce n’est pas quelque chose que j’aurais aimé diriger ; là ça se construit comme si c’était un club, on fait des recrutements", a déclaré la veille de la rencontre, le sélectionneur Français Claude Onesta.
La presse française s’est déchainée contre le Qatar en multipliant les manchettes : Le Qatar compte dans son effectif moins de joueurs nés au pays qu’une main compte de doigts ! L’équipe ne ressemble en rien à une sélection nationale ! L’argent contre l’amour du maillot. Une sélection intergalactique regroupant neuf nationalités y compris un Français (champion du monde en 2011) !
Bien après la victoire française, les critiques n’ont pas cessées même si certains ont admis que le Qatar n’a pas transgressé le règlement sportif international et que ses handballeurs sont loin d’être des "chèvres". Selon certains, l’ébullition des milieux médiatiques français semble s’expliquer par l’amère réalité : tout le monde politique, de droite comme de gauche en France est «passé» au Qatar. Ce pays est, présentement, le forum de la politique française qui est passé de la «Mamounia» au Maroc, au Forum de Doha qui fait courir les hommes d’affaires du monde entier. Il faut dire que la voracité en affaires du Qatar est sans limites : il a racheté le PSG, finance les plans de sauvetage des banlieues française, soutient le marché de l’immobilier, accapare de grands palaces et grandes enseignes française, et prend d’importantes participations dans le capital des sociétés stratégiques, à l’instar de Eads et Total. Il est aussi derrière «le printemps arabe», mais aucun pays de la Ligue du même nom n’ose porter pareille accusation à son encontre.
Indifférent, le Qatar s’est évertué à tisser des liens avec le monde occidental et particulièrement la France, où il est susceptible d’investir, encore, une centaine de milliards d’euros. D’où l’intérêt des hommes politiques au pouvoir, mais aussi l’inquiétude des Français de base qui viendraient à perdre leurs emplois si d’aventure, le Qatar, leur employeur, décidait un jour, de quitter la «bulle» des affaires et se désengagerait du pays. Pour le moment, le pouvoir en place, ne s’embarrasse pas de scrupules ; le Qatar est un client intéressant au point qu’en 2009, la majorité UMP lui a accordé, à la demande de Nicolas Sarkozy, un statut fiscal exorbitant du droit commun : «toutes les plus-values réalisées en France par les Qataris sont, depuis, exemptées d’impôt !». L’Emir du Qatar, encouragé, mais néanmoins soucieux de «préparer son pays à l’après-pétrole», s’est d’abord attaqué à la presse (El Jazeera, Bein Sport entre autres), puis à l’immobilier et aux industries stratégiques (énergie, aéronautique et armement). Certains ont dit qu’il joue au «Monopoly géopolitique» sur la scène internationale ; pour le moment, il triomphe grâce à sa sélection de handball qu’il a applaudit à n’en plus finir ! C’est sans doute, l’un des plus grands exploits du sport collectif mondial de ces dernières années, n’en déplaise aux détracteurs, français en tête, qui mériteraient qu’on leur rafraîchisse la mémoire, eux qui n’ont pas hésité à naturaliser «à bout de bras» des champions venus d’ailleurs, et la liste n’est pas exhaustive :
- Abdelatif Benazzi, marocain débarqué en France à 18 ans, ne parlant aucun mot de français qui finira capitaine de la sélection nationale de rugby
- Xue Ti, chinoise naturalisée en 2008, pour devenir championne Française de tennis de table
- Hong Yan Pi, l’autre chinoise numéro 1 incontestée du badminton français
- Eunice Berber, Sierra léonaise, naturalisée en 1999 pour donner plusieurs médailles d’athlétisme à la France
- Pieter De Villiers, sud-africain, qui a ouvert la porte à plusieurs naturalisations dans le rugby français
- Crawford Palma américain qui a fait les beaux jours du basket hexagonal
- Françoise Mbango Etone, camerounaise, naturalisée Française en 2010, double championne olympique
- Marlène Harnais, canadienne devenue française en 2008, à peine quelques mois avant de devenir championne d’Europe pour le compte de la France
- David Trézéguet, footballeur argentin a choisi la France avec laquelle il a gagné la coupe du monde en 1998
Les Français ne sont pas les seuls à avoir fait «leur marché» dans l’élite sportive mondiale. L’Allemagne, par exemple, a intégré Khedira le marocain et Ozïl le turc dans son équipe de football championne du monde en titre. Même la Tunisie, en a fait autant, en naturalisant un footballeur brésilien. En définitive, être sportif, ça peut servir à plein de choses dans la vie. Pour l’athlète, c’est sûr qu’il retire des bénéfices d’autant plus que sa carrière est courte. Pour un pays comme le Qatar, le sport est une arme efficace à travers laquelle, il vise : d’abord à montrer à l’extérieur, un modèle politique et social qui combinerait la tradition et la modernité, un paternalisme généreux mais sans démocratie et surtout une ouverture sur le monde. Ensuite, l’ambition de jouer dans la cour des grands, dans le sport grâce aussi aux infrastructures dont il s’est doté, parmi lesquelles des écoles de formation pour préparer sa propre élite, mais aussi dans la diplomatie «classique» : rôle en Lybie, en Syrie, contacts avec Israël et le Hamas en même temps, base américaine sur son sol, investissements tous azimuts du Kenya à la Thaïlande, de Cuba à la France, de la Chine à Monaco etc.
Comme on le voit le leadership qatari a réussi à placer le pays sur la carte mondiale ; arrivera-t-il à maintenir la cadence sur le long terme comme la Chine, qui est certes, moins forte pour le sport car les jeux olympiques de Beijing n’auront pas eu un impact très positif au-delà de l’organisation de l’événement lui-même, mais la Chine a un modèle de développement économique mixant un capitalisme effréné, sans libération politique ! Elle a engagé une politique de présence mondiale, à travers ses expatriés qui sont au service de ses exportations et de l’accès aux ressources et matières premières dans son économie à tant besoin.
A ce jour, le Qatar qui a installé "l’argent et l’intelligence au pouvoir" transforme tout ce qu’il touche en or ! Et l’Algérie, dans tout ça ? Investir, pour elle, en perspective de l’après pétrole, cela reste au stade de "la profession de foi", de la résolution aussitôt prise par tel et tel gouvernement et très vite oubliée !
Enrôler sous son pavillon des athlètes étrangers ? Impensable, au regard déjà, de notre code de nationalité, l’un des plus verrouillés du monde, contrairement à celui des USA qui lui a permis de dominer le monde grâce à tous les transfuges qui ont choisi de vivre sur son sol et de prospérer sous sa bannière. Et continuer à profiter de l’apport des expatriés, en football notamment, oui mais jusqu’à quand ? Notons à ce propos, qu’au lendemain de l’élimination de l’EN de la CAN, des voix se sont élevées pour critiquer et mettre en doute l’engagement de nos capés franco-algériens, ce qui, sans doute, donnera à réfléchir au joueur Nabil Fekir de Lyon, qui n’a pas encore pris de décision concernant son avenir en sélection.
Freiner l’exode de nos élites, tous les gouvernements l’ont inscrit dans leur programme, mais aucun d’eux n’est passé à l’acte. Entre temps, nos médecins continuent à s’expatrier en France, nos hydrauliciens ont pris la route du Canada, tandis que nos pilotes et nos ingénieurs pétroliers n’ont pas résisté aux offres alléchantes qui leur ont été faites par les pays du golfe qui, pour le coup, ont démontré «qu’ils ont le pétrole et aussi les idées» ! Quant à notre pays arabe de référence, il continue d’avancer et de poser ses pions à travers la planète, sans se soucier du «Qatar-Bashing» dont il fait l’objet, ici et ailleurs !
Cherif Ali
Commentaires (4) | Réagir ?
QATAR OUI L'ENFANT TERRIBLE AVEC UN BIDON D'ESCENCE ET UN BRIQUET ENTRE LES MAINS.
Je vous passe un article très intéressant monsieur l’amoureux.
Essayer de lire le rapport des services secrets américains qui a été remis à Paris à quelques jours de la visite du ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, à Alger en 2012
Il parait que le minuscule Etat sunnite, qui déborde de richesses pétrolières, entretient d'excellentes relations avec Washington et Paris. Il a participé à la guerre de Libye, financé les révoltes en Tunisie puis en Egypte. Aujourd'hui, il livre, en compagnie des Saoudiens, armes et dollars aux rebelles sunnites syriens en guerre contre Bachar. "Il faudra peut-être, un jour, que dirigeants américains et français s'expliquent sur le comportement ambigu de cet ami indocile. Un partenaire souvent apprécié, mais tout aussi capable de fournir le nerf de la guerre à des groupes terroristes. " en tous cas vous avez fait fausse route et je ne comprends absolument pas pourquoi.
http://www. lematindz. net/news/8551-le-pentagone-le-qatar-et-bouteflika. html