Lettre ouverte à un soldat d’Allah
Prépare ta valise. Achète un billet. Change de pays. Cesse d'être schizophrène. Tu ne le regretteras pas.
Par Karim Akouche
Ici, tu n'es pas en paix avec ton âme. Tu te racles tout le temps la gorge. L'Occident n'est pas fait pour toi. Ses valeurs t'agressent. Tu ne supportes pas la mixité. Ici, les filles sont libres. Elles ne cachent pas leurs cheveux. Elles portent des jupes. Elles se maquillent dans le métro. Elles courent dans les parcs. Elles boivent du whisky. Ici, on ne coupe pas la main au voleur. On ne lapide pas les femmes adultères. La polygamie est interdite. C'est la justice qui le dit. C'est la démocratie qui le fait. Ce sont les hommes qui votent les lois. L'État est un navire que pilote le peuple. Ce n'est pas Allah qui en tient le gouvernail.
Tu pries beaucoup. Tu tapes trop ta tête contre le tapis. C'est quoi cette tache noire que tu as sur le front ? Tu pousses la piété jusqu'au fanatisme. Des poils ont mangé ton menton. Tu fréquentes souvent la mosquée. Tu lis des livres dangereux. Tu regardes des vidéos suspectes. Il y a trop de violence dans ton regard. Il y a trop d'aigreur dans tes mots. Ton cœur est un caillou. Tu ne sens plus les choses. On t'a lessivé le cerveau. Ton visage est froid. Tes mâchoires sont acérées. Tes bras sont prêts à frapper. Calme-toi. La violence ne résout pas les problèmes.
Je sais d'où tu viens. Tu habites trop dans le passé. Sors et affronte le présent. Accroche-toi à l'avenir. On ne vit qu'une fois. Pourquoi offrir sa jeunesse à la perdition ? Pourquoi cracher sur le visage de la beauté ?
Je sais qui tu es. Tu es l'homme du ressentiment. La vérité est amère. Elle fait souvent gerber les imbéciles. Mais aujourd'hui j'ai envie de te la dire. Quitte à faire saigner tes yeux.
Ouvre grand tes tympans. J'ai des choses à te raconter. Tu n'as rien inventé. Tu n'as rien édifié. Tu n'as rien apporté à la civilisation du monde. On t'a tout donné : lumière, papier, pantalon, avion, auto, ordinateur... C'est pour ça que tu es vexé. La rancœur te ronge les tripes.
Gonfle tes poumons. Respire. La civilisation est une œuvre collective. Il n'y a pas de surhomme ni de sous-homme. Tous égaux devant les mystères de la vie. Tous misérables devant les catastrophes. On ne peut pas habiter la haine longtemps. Elle enfante des cadavres et du sang.
Questionne les morts. Fouille dans les ruines. Décortique les manuscrits. Tu es en retard de plusieurs révolutions. Tu ne cesses d'évoquer l'âge d'or de l'islam. Tu parles du chiffre zéro que tes ancêtres auraient inventé. Tu parles des philosophes grecs qu'ils auraient traduits. Tu parles de l'astronomie et des maths qu'ils auraient révolutionnées. Tant de mythes fondés sur l'approximation. Arrête de berner le monde. Les mille et une nuits est une œuvre persane. L'histoire ne se lit pas avec les bons sentiments. Rends à Mani ce qui appartient à Mani et à Mohammed ce qui découle de Mohammed. Cesse de te glorifier. Cesse de te victimiser. Cesse de réclamer la repentance. Ceux qui ont tué tes grands-parents sont morts depuis bien longtemps. Leurs petits-enfants n'ont rien à voir avec le colonialisme. C'est injuste de leur demander des excuses pour des crimes qu'ils n'ont pas commis.
Tes ancêtres ont aussi conquis des peuples. Ils ont colonisé les Berbères, les Kurdes, les Ouzbeks, les Coptes, les Phéniciens, les Perses... Ils ont décapité des hommes et violé des femmes. C'est avec le sabre et le coran qu'ils ont exterminé des cultures. En Afrique, ils étaient esclavagistes bien avant l'île de Gorée.
Pourquoi fais-tu cette tête ? Je ne fais que dérouler le fil tragique du récit. Tout est authentique. Tu n'as qu'à confronter les sources. La terre est ronde comme une toupie, même s'il y a un hadith où il est écrit qu'elle est plate. Tu aurais dû lire l'histoire de Galilée. Tu as beaucoup à apprendre de sa science. Tu préfères el-Qaradawi. Tu aimes Abul Ala Maududi. Tu écoutes Tarik Ramadan. Change un peu de routine. Il y a des œuvres plus puissantes que les religions.
Essaie Dostoïevski. Ouvre Crime et châtiment. Joue Shakespeare. Ose Nietzche. Quand bien même avait-il annoncé la mort de Dieu, on a le droit de convier Allah au tribunal de la raison. Il jouera dans un vaudeville. Il fera du théâtre avec nous. On lui donnera un rôle à la hauteur de son message. Ses enfants sont fous. Ils commettent des carnages en son nom. On veut l'interroger. Il ne peut pas se dérober. Il doit apaiser ses textes.
Tu trouves que j'exagère ? Mais je suis libre de penser comme tu es libre de prier. J'ai le droit de blasphémer comme tu as le droit de t'agenouiller. Chacun sa Mecque et chacun ses repères. Chacun son dieu et à chaque fidèle ses versets. Les prophètes se fustigent et la vérité n'est pas unique. Qui a raison et qui a tort ? Qui est sot et qui est lucide ? Le soleil est assez haut pour nous éclairer. La démocratie est assez vaste pour contenir nos folies.
On n'est pas en Arabie saoudite ni au Yémen. Ici, la religion d'État, c'est la liberté. On peut dire ce qu'on pense et on peut rire du sacré comme du sacrilège. On doit laisser sa divinité sur le seuil de sa demeure. La croyance, c'est la foi et la foi est une flamme qu'on doit éteindre en public.
Dans ton pays d'origine, les chrétiens et les juifs rasent les cloisons. Les athées y sont chassés. Les apostats y sont massacrés. Lorsque les soldats d'Allah ont tué les journalistes, tes frères ont explosé de joie. Ils ont brûlé des étendards et des bâtiments. Ils ont appelé au djihad. Ils ont promis à l'Occident des représailles. L'un d'eux a même prénommé son nouveau-né Kouachi.
Je ne comprends pas tes frères. Il y a trop de contradictions dans leur tête. Il y a trop de balles dans leurs mitraillettes. Ils regardent La Mecque mais ils rêvent de Hollywood. Ils conduisent des Chrysler. Ils chaussent des Nike. Ils ont des iPhone. Ils bouffent des hamburgers. Ils aiment les marques américaines. Ils combattent «"l'empire", mais ils ont un faible pour ses produits.
Arrête de m'appeler "frère". On n'a ni la même mère ni les mêmes repères. Tu t'es trop éloigné de moi. Tu as pris un chemin tordu. J'en ai assez de tes fourberies. J'ai trop enduré tes sottises. Nos liens se sont brisés. Je ne te fais plus confiance. Tu respires le chaos. Tu es un enfant de la vengeance. Tu es en mission. Tu travailles pour le royaume d'Allah. La vie d'ici-bas ne t'intéresse pas. Tu es quelqu'un d'autre. Tu es un monstre. Je ne te saisis pas. Tu m'échappes. Aujourd'hui tu es intégriste, demain tu seras terroriste. Tu iras grossir les rangs de l'État Islamique.
Un jour, tu tueras des innocents. Un autre, tu seras un martyr. Puis tu seras en enfer. Les vierges ne viendront pas à ton chevet. Tu seras bouffé par les vers. Tu seras dévoré par les flammes. Tu seras noyé dans la rivière de vin qu'on t'a promise. Tu seras torturé par les démons de ta bêtise. Tu seras cendre. Tu seras poussière. Tu seras fiente. Tu seras salive. Tu seras honte. Tu seras chien. Tu seras rien. Tu seras misère.
K. A.
Commentaires (19) | Réagir ?
How many years after, ya boureb!
On nous parle d’un texte pourtant sujet à l’exégèse allégorique dont on a banni toute lecture littérale et toute forme de lecture critique porté uniquement sur le conditionnement, mais Guel Dring nous rabâche encore la rengaine de la mauvaise interprétation.
Guel Dring n’échappe pas au conditionnement. Il n’a pas besoin d’avoir été convaincu pour croire ni de processus de conversion. Il est né musulman. Je n’ai lu le Coran qu’en français, pourtant je crois que je peux vous en réciter, en arabe, la moitié rien que pour avoir entendu les autres réciter ses versets souvent quand je vivais en Algérie, jusqu’à ma vingtième année.
Guel Dring procède donc par ce que les psys appellent les réponses automatiques. Elles relèvent quasiment du physiologique. Comme le reflexe rotulien : quand le médecin tape sur la rotule pour tester vos réflexes (état de la moelle épinière).
Lui, n’a plus besoin d’une grande érudition par ailleurs, même si je ne doute pas qu’il soit un homme suffisamment instruit, pour trouver la formule qu’il faut, là ou il faut, parce que justement cela relève de l’inné. Il n’y pas de baptême en islam, on nait musulman on ne le devient pas. C’est sans doute pour cela que l’idjtihad se fait dans l’autre sens, pour y échapper.
Le processus d’apprentissage est d’autant plus physiologique qu’il se fait par la répétition le développement d’automatismes, par la sollicitation du cerveau robot et point par la compréhension qui, elle, sollicite le cerveau rationnel. Dans les pays musulmans non arabes on apprend le Coran sans connaitre la langue arabe. Nul besoin d’apprentissage de la langue arabe.
Mais bien sûr l’apprentissage du Coran uniquement est considéré comme un signe d’une haute érudition. Et bien sûr, comme il s’agit de la parole de Dieu, la formule la plus anodine provoque chez les Guel Dring un émerveillement.
Je ne remets point sa foi en doute, c’est son affaire ! Je pourrais même saluer la beauté des versets coraniques. Ça m’eût même fait sourire en d’autre lieu.
Mais là ça me donne envie de braire, tant il s’échine à vouloir nous faire accroire que c’est sa proximité avec Dieu himself qui lui vaut la connaissance des versets coraniques. Ce n’est pas parce qu’il est tombé dedans à la naissance, c’est une révélation que seul des élus comme lui auront mérité. Alors que pour nous autres : « Somoune Boukmoune wa inahoum la yardji3oun ». Pauvres hères que nous sommes, perdus par une obscurcissante clarté nous nous sommes égaré dans la rationalité et la connaissance nous aurait aveuglés : « Il en est d’eux comme des gens qui auraient allumé un feu ; mais à peine ce dernier jette-t-il sa clarté sur les alentours que Dieu en fait disparaître la lumière, les laissant comme aveugles, plongés dans les ténèbres ». Sourate elbaqara : 17 et 18.
Non Guel Dring, Il ne s’agit pas d’une mauvaise manipulation de vos laborantins, d’une erreur dans vos manipulations génétiques, d’une mauvaise programmation : ces bébés de Rosemary sont les vôtres : les enfants biologiques de l’islamisme. Les gènes du mal récessifs ou apparents étaient là. Assumez-les donc !
@Hend : Je vous présente mes sincères excuses et je crains qu'il faille que je présente aussi mes adieux. Je suis un provocateur involontaire pour avoir osé. Osé donner un avis sur quelque chose qui me dépasse mais que voulez-vous je suis de chair et ce qui peut être nommé comme vie, ma vie, je ne suis pas né comme ça, je suis devenu ce que je suis. Sincère ? La pureté de l'intention ne provient que de Dieu. Dieu est tout et c'est tout. Je ne prétends ni être qui que ce soit j'accompagne mes commentaires par des versets et c'est là que ça coince. Car du principe de la cause à effet Hend, répond, analyse, suppose et juge. Que jugerez-vous d'une personne qui vient à peine de retrouver le Matin dz ? L'individu se perd parfois dans ce labyrinthe qu'est la vie mais je n'ai jamais prétendu convertir ou inviter à se convertir Dieu en a l'Omnipotence pour cela.
Pour cela, je complète encore par cette fin de la Sourate 2 :
286. Allah n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu'elle aura fait, punie du mal qu'elle aura fait. Seigneur, ne nous châtie pas s'il nous arrive d'oublier ou de commettre une erreur. Seigneur! Ne nous charge pas d'un fardeau lourd comme Tu as chargé ceux qui vécurent avant nous. Seigneur! Ne nous impose pas ce que nous ne pouvons supporter, efface nos fautes, pardonne-nous et fais nous miséricorde. "
(Tu es Notre Maître, accorde-nous donc la victoire sur les peuples infidèles). J'ai retiré cette suite de verset pour qu'il n'y ait pas de malentendu. ou d'accusation à tort de prendre les autres pour infidèles.
Cher Guel Dring,
Laisse-moi te raconter une histoire :
Il y avait dans mon village un Monsieur : Velqacem Oujanjel. Une vraie teigne, il n’y a pas une personne à qui il n’a pas intenté un procès ; en Kabyle on dit issoufough lcarta, ikharedj lcarta.
Votre âne broute son herbe ; lcarta. Votre chèvre traverse son champs ; lcarta. Votre poule picore un ver de terre dans son champ : lcarta. Pour un rien, c’est la justice.
Un jour l qu’il avait intenté un procès à un villageois, le juge l’appelle et lui dit : Velqacem Oujanjel, j’en ai marre de te voir : maintenant ou tu quittes ce tribunal ou c’est moi qui le quitte !
Velqacem Oujanjkel, regarda le juge et lui dit :
Non Khati ya Misyou ljuge, on va rester tous les deux ; car sans moi ce tribunal ne marchera pas et sans toi également.
Alors tu vois Guel Dring : on va rester tous les deux !
Il n’était pas dans mon intention de te blesser. Je te demande pardon si ce fut le cas. Tu l’as dit, Tu es un « provocateur ». Accepte donc aussi que les autres le soient aussi.
Ce que je dis concernant la religion est valable pour tout le monde ou presque : excepté les convertis évidement. Je t’ai même dit que je suis capable de te réciter en arabe la moitié du coran alors que je ne l’ai jamais appris. Et comme je ne suis pas croyant, je ne crois pas (pléonasme) que c’est par l’opération du Saint- Esprit. C’est parce que je l’ai souvent entendu réciter par des gens. Je n’ai pas eu à verser dans les takrirates, les autres le faisaient pour moi.
Pourquoi donc t’offusquerais-tu quand je dis qu’on est tombé dedans tous petits ? Koulchi bi idni allah, non ? Combien de fois nous as-tu écris ici même que Allahou yahdi men yachaa, Non ?
L’islam n’est pas que religion chez nous, il est aussi culture, il fait parti de notre" habitus", pour paraphraser Bourdieu.
Et combien même n’aurais-je rien compris, yakhi : peu de science éloigne de Dieu et beaucoup y ramène, non ?
Tu leur parles de Dieu, ils te renvoyent à des textes ècrits il y a des siècles par Abou machin. Que d'explications inutiles, comme si on pouvait saisir le divin avec la cervelle ou est donc passé le feeling ya Bourab!!