Yémen : la milice chiite Ansar Allah aux portes du palais présidentiel
De violents affrontements ont éclaté lundi au Yémen où la puissante milice chiite d'Ansar Allah s'est rapprochée du palais présidentiel pour renforcer son emprise sur la capitale Sanaa. Après de longues heures de tensions et de combats, un cessez-le-feu a été décrété en fin de journée. L'arrêt des hostilités a ensuite été confirmé par des témoins.
Le cessez-le-feu a été annoncé peu après un appel de la Ligue arabe à "toutes les forces politiques" à mettre fin à "l'escalade malheureuse des violences au Yémen". Les ambassades américaine et britannique à Sanaa avaient également exigé que les armes se taisent.
Les combats ont fait au moins neuf tués et près de 70 blessés dans la ville où a résonné le bruit des tirs et des explosions, selon un bilan de source médicale. Le président Abd Rabbo Mansour Hadi n'a pas été directement menacé puisqu'il n'était pas présent au palais présidentiel, dans le sud de la capitale, autour duquel se sont concentrés les affrontements.
La ministre yéménite de l'Information Nadia al-Sakkaf a toutefois parlé d'un coup d'Etat. Le président, qui utilise rarement ce palais, a multiplié les consultations dans sa résidence, où il a négocié le cessez-le-feu avec un représentant d'Ansar Allah, selon des sources politiques.
Prise d'une colline
Des miliciens chiites ont affirmé s'être emparés d'une colline près du palais. "Nous contrôlons le Jebel Nahdine qui surplombe le palais présidentiel, et nous permettons aux gardes de la présidence de quitter leur position avec une arme personnelle", a souligné Ali al-Bukhaiti, un responsable de la milice d'Ansar Allah.
Par ailleurs, des miliciens ont commencé à pilonner aux armes moyennes et lourdes un camp de la garde présidentielle au sud du palais, ont rapporté des témoins. Des renforts de miliciens ont aussi été vus faisant route vers le palais avec deux chars de combat.
Le convoi du Premier ministre Khaled Bahah a essuyé des tirs de miliciens chiites après avoir participé à une réunion avec le président Hadi. M. Bahah en est sorti indemne, a indiqué la ministre de l'Information. Les capacités du pouvoir semblent de plus en plus restreintes parce que Nadia al-Sakkaf a annoncé que la télévision nationale et l'agence officielle échappaient désormais au contrôle de l'autorité de l'Etat.
Renforcer l'emprise
La milice d'Ansaruallah semble chercher à renforcer son emprise à Sanaa où elle était entrée le 21 septembre et dont elle contrôlait jusqu'ici les principaux secteurs et bâtiments publics. Le regain de violences est intervenu deux jours après l'enlèvement par les miliciens chiites d'Ahmed Awad Ben Moubarak, le chef de cabinet du président.
M. Ben Moubarak avait dirigé le processus de Dialogue National lancé après le départ de l'ancien président Ali Abdallah Saleh en février 2012 après un an de soulèvement. Les miliciens, qui n'ont cessé de monter en puissance depuis leur entrée dans la capitale, s'opposent à ce texte qui prévoit un Yémen fédéral, constitué de six régions.
AFP
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