Pétrole: le brut achève sa pire année depuis 2008 sur une nouvelle baisse
Les cours du pétrole ont connu en 2014 leur pire année depuis 2008 à New York et à Londres, plombés par une offre mondiale surabondante et des craintes sur la demande mondiale, une tendance confirmée mercredi par un ultime recul des prix.
Le baril de référence (WTI) pour livraison en février a cédé 85 cents à 53,27 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit un plus bas en clôture depuis le 1er mai 2009 et portant sa chute sur l'ensemble de l'année à environ 46%.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a terminé à 57,33 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), retrouvant des niveaux inédits en clôture depuis cinq ans et demi également et affichant une baisse de 48% sur l'année. Cette dernière chute des prix est une "fin tout à fait adaptée à l'année qui vient de se dérouler", a estimé James Williams, expert en énergie de WTRG Economics.
Déstabilisant les marchés financiers et les économies de nombreux pays producteurs comme le Venezuela ou la Russie, les prix du pétrole ont enregistré leur plus fort recul depuis 2008, lorsqu'en pleine crise financière ils avaient perdu plus de la moitié de leur valeur.
"Ce qui surprend, c'est la vitesse à laquelle les prix sont tombés" depuis la mi-juin particulièrement, "lorsqu'il est apparu que la production nord-américaine devenait plus importante que nécessaire pour subvenir à la croissance des besoins mondiaux sur l'année, créant une situation de surplus", a relevé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
A plus de 9 millions de barils par jour (mbj), la production de brut des Etats-Unis se situe à des niveaux records depuis au moins trente ans. "Et c'est aussi le cas désormais pour la production d'essence et de produits distillés", sur une base hebdomadaire, a relevé M. Lipow.
En effet, quelques 10,2 mbj d'essence ont été produits au cours de la semaine achevée le 26 décembre et quelque 5,3 mbj pour les produits distillés, des sommets depuis au moins 1982, date des premières statistiques hebdomadaires du département de l'Energie américain (DoE).
Face à cet essor, la perspective d'une augmentation de l'offre libyenne ou irakienne s'ajoutant à un climat morose du côté de la demande, avec une activité économique encore vacillante en zone euro et des signes de ralentissement en Asie, sans compter un regain de vigueur du dollar, ont peu à peu convaincu les investisseurs de fuir ce marché en masse.
"Et l'on s'attend à ce que les cours glissent encore plus bas l'an prochain, au moins jusqu'à la mi-2015", a estimé l'analyste, évoquant un recul probable "d'encore 10 dollars". En effet, "l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne devrait pas diminuer son plafond de production, fixé actuellement à 30 millions de barils par jour au moins jusqu'à l'été", a-t-il estimé.
Comme le chef de file de l'Opep, l'Arabie saoudite, "les Etats entourant le Golfe persique ont choisi d'adopter une vision de long terme en maintenant leur niveau de production et en laissant les prix dévisser, dans l'espoir d'une part de susciter un rebond de la croissance mondiale" par un sursaut de la consommation, "et de ralentir la croissance de l'offre américaine", a noté M. Williams.
Dans les faits, des compagnies pétrolières comme ConocoPhillips ou Continental Resources ont d'ores et déjà fait part de la réduction de leurs dépenses d'investissements pour 2015, American Eagle Energy annonçant même mercredi une suspension de ses nouveaux forages.
Et si la production américaine devrait continuer à progresser, portée par les investissements passés des entreprises pétrolières qui commenceront à porter leurs fruits, "il est clair que d'ici la mi-2015, sa croissance devrait ralentir, voire connaître un temps d'arrêt", estime M. Williams. Selon lui, l'activité de forage aux Etats-Unis en général pourrait être réduite au total de 40 à 50% sur 2015.
AFP
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