2014 : le système politique algérien n’est pas encore mort !
L’image est là. Elle date d’à peine huit mois. C’était hier. Le 17 avril, date de "l’élection présidentielle", l’Algérie découvre un président en fauteuil roulant, diminué par son AVC, se faisant aider pour accomplir son devoir électoral.
Par Hassane Zerrouky
Le 28, c’est encore en fauteuil roulant qu’il prête serment, pour la quatrième fois depuis 1999. Avant de faire une courte déclaration – il ne lira que le premier feuillet d’un texte qui en comptait douze – devant une assistance – ministres, parlementaires, militaires de haut rang, personnalités, milieux d’affaires – saisie de stupeur à la vue de cet homme tassé dans son fauteuil, qui n’est plus que l’ombre de celui qui avait été élu en 1999.
Depuis ça n’a pas bougé. Ou si peu. Les hospitalisations du chef de l’Etat ne surprennent plus personne. Elles se sont banalisées. Comme se sont banalisés les propos tenus par ses ministres nous annonçant qu’il va bien et qu’il dirige. Même le chef du FLN, Amar Saidani, qui n’a, à ma connaissance pas eu une seule entrevue avec Bouteflika, s’est transformé à l’occasion en spécialiste en neurologie, annonçant que le chef de l’Etat dispose de toutes ses facultés !
Il n’empêche, chaque année finissante, on nous annonce la fin du système politique. A bout de souffle, clament certains. A l’agonie, répondent en écho d’autres. Des tentatives d’opposition au quatrième mandat ont bien eu lieu. Le mouvement Barakat a tenté tant bien que mal de réveiller la société algérienne. Tout à ses illusions, alors que l’élection présidentielle était pliée avant l’heure, une partie de l’opposition où les adversaires d’hier – islamistes qui n’en demandaient pas tant et démocrates se découvrent des affinités insoupçonnées - a cru utile d’appeler au boycott dans un pays où on ne vote plus depuis plus d’une décennie, et ce, avant de se constituer en une sorte de large alliance politique, sans parvenir, pour l’heure, à s’imposer sur le terrain. Une autre, à l’instar de Mouloud Hamrouche, en appelait à l’intervention de l’armée dans le champ politique pour faire bouger les choses et ouvrir de nouvelles perspectives. Et une troisième, regroupée autour d’Ali Benflis, a réalisé, au terme d’une campagne électorale courageuse, qu’elle a eu affaire à un système politique, certes vieillissant, malade et tout ce qu’on veut, mais bien présent, incarné par un pouvoir sûr de lui et arrogant, se permettant même après des interpellations musclées d’opposants au quatrième mandat de les libérer quelques heures après, sans baston !
Pourtant, il s’en est passé des choses comme cette incroyable manifestation de centaines de policiers en octobre dernier, marchant dans les rues d’Alger avant d’aller faire le siège de la présidence de la république. Là également beaucoup de choses ont été dites. On a parlé de manipulation, de complot, voire de tentative de coup d’Etat, voire d’un ras le bol, une explosion de colère comme en connait régulièrement l’Algérie ! Reste que cette colère policière survenant sur fond d’affrontements intercommunautaire au M’zab, d’une situation sociale aigüe, est symptomatique d’un pays miné par une crise dont sans doute on ne perçoit que les manifestations les plus voyantes.
Plus préoccupant pour l’Algérie et révélateur de l’imprévoyance d’un pouvoir politique qui n’écoute plus personne, c’est la poursuite de la chute du prix du baril de pétrole. Et pour qui la politique du tout-pétrole, tient lieu d’unique stratégie. Comment va-t-il s’y prendre pour à la fois faire face aux besoins pressants d’une partie de la population à qui on a fait croire que l’Algérie pouvait rivaliser en termes de train de vie, de fastes et de dépenses de prestige – la plus grande mosquée du monde (trois milliards de dollars) - avec les pétromonarchies du Golfe, et satisfaire les appétits de cette classe d’oligarques qui a pris l’économie du pays en otage !
La fin de 2014, c’est l’affaire Kamel Daoud. Le voilà condamné à mort par des gens, tout juste amnistiés par la loi sur la concorde civile, qui avaient beaucoup de choses à se reprocher en raison de leur positionnement durant les années 90 : n’avaient-ils pas qualifié de taghout tous ceux qui s’opposaient à leur projet obscurantiste ouvrant la voie aux meurtres de milliers de journalistes, syndicalistes, intellectuels, femmes, enseignants, artistes, acteurs de la société civile et simples citoyens ? Et cela, sans que l’Etat responsable de la sécurité des citoyens n’intervienne pour dire stop. Pourtant, l’assassinat d’Hervé Gourdel, de jeunes militaires égorgés, qu’Abdelfatah Ziraoui et ses frères n’ont pas condamné, est venu rappeler que la menace existe.
Qu’en sera-t-il en 2015 ? L’infatigable Ali Yahia Abdenour croit que le chef de l’Etat laissera la place au printemps prochain. On ne dira pas que Dieu l’entende, mais si cette hypothèse venait à se vérifier, sur quoi pourrait bien déboucher le départ ’Abdelaziz Bouteflika après 15 ans de pouvoir ? N’échafaudons pas des plans sur la comète ! La seule chose dont on peut être sûr, c’est un probable retour du FMI et de l’austérité.
H. Z.
Commentaires (5) | Réagir ?
La photo montre le nain avec la main sur le coeur. ha ha ha !!!! arfa yedek yaba!
question: il a mal au coeur le pauvre ou bien il dit qu'il nous a dans le coeur
il utilise bien le verbe et la gesticulation
Tu rigoles !
Sa reponse serait " j po pa, ya mon bort-flous et la couvrture de mon qoran avec des feuilles en petro-dollars, dedans.
C'est un voleur genre bonaparte' napoleone'
Un article tendancieux mais plutôt cohérent. Sauf qu’il se termine par une fausse note : "La seule chose dont on peut être sûr, c’est un probable retour du FMI et de l’austérité". Ainsi donc, selon H. Z, quand c'est probable c'est sûr!!!